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 1827. 
 Mars. 
 2 1 4 VOYAGE 
 jeune fille leur eût peu  coûté pour se rendre les dieux  
 favorables. 
 Au même instant,  à travers la brume,  et tel qu’une  
 ombre légère,  un  schooner courait  des bords dans la  
 rade  pour  atteindre  le mouillage.  Ce  navire  était le  
 H eia ld ,  que  les  missionnaires  avaient  construit  à  
 Pallia,  et qui revenait en ce moment de Port-Jackson  
 oû  il  avait  fait  un  voyage.  On pouvait être ému de ce  
 contraste :  ainsi  ce  petit  navire,  faible parcelle  de la  
 civilisation  européenne,  monté  seulement  par  quelques  
 Anglais  paisibles,  ne  servait  que  des  projets  
 pieux  et  philantropiques ;  tandis  que  ces  longues  pirogues  
 , dernier effort de l’industrie sauvage, allaient,  
 surchargées de guerriers avides de sang,  porter le fer  
 et la flamme sur des plages voisines. 
 Il était cinq heures un quart quand nous arrivâmes  
 a Pallia.  M.  H. Williams  nous  dit qu’une  indisposition  
 qui  était  survenue à  sa  femme  l’empêcherait de  
 nous  accompagner;  il  nous  donna  pour  guide  son  
 Irere, M. W. Williams,  qui  fit preuve  à notre égard  
 de la plus grande  complaisance,  mais  dont  la  société  
 ne pouvait nous offrir les mêmes avantages ;  cai-, plus  
 récemment établi dans ces contrées, il était encore loin  
 d’avoir acquis le même usage de la langue et les mêmes  
 connaissances locales que son  frère. 
 Nous fîmes roule vers l’embouchure du Waï-Kawa.  
 Dans l’étendue de trois ou quatre milles,  cette rivière  
 offre un superbe bassin de plus d’un mille de largeur,  
 et sur ses bords se dessinent parfois des sites agréables  
 et de jolis vallons qui sembleraient susceptibles de cul- 
 DE  L’ASTROLABE. 215 
 ture.  M.  Williams  me  fit  remarquer  le  village  de  
 Shiomi,  résidence de Toï-Tapou qui a su joindre à son  
 titre  de  rangatira  l’influence  du  tohunga  ou  du  prophète  
 le plus  renommé et le plus  accrédité de tous les  
 environs. 
 Le  lit  du  fleuve  se  détourne  brusquement  sur  la  
 gauche,  et  les  rives  qui  s’élèvent  le  forcent  à  s’encaisser  
 et à se resserrer davantage.  Bientôt  il  s’élargit  
 de  nouveau  pour  former  un  second  bassin ;  ici une  
 branche du fleuve lui arrive du S. E.,  tandis que fau-  
 tre découle  du  S.  O.  Cette  dernière  seulement  conserve  
 le nom de Kawa-Kawa,  et à cinq  ou  six milles  
 de P ah ia ,  n’offre plus que l’apparence  d’une  belle et  
 tranquille  rivière de trente à quarante toises de large.  
 Chemin  faisant  nous  rencontrâmes  de  nombreuses  
 bandes de  canards  déjà  tellement instruits  des  effets  
 des  armes  à  feu ,  qu’il nous  fut  impossible d’en tirer  
 un seul. De  temps en temps  des pirogues voguaient à  
 quelque distance du canot  :  mais  les insulaires  de  ces  
 lieux  sont  également  si  familiarisés  avec  les  visites  
 des Européens,  que notre  apparition  excitait à peine  
 leur attention ;  le plus souvent ils passaient le long du  
 canot  sans  sa  détourner  de leur route. Leurs  projets  
 de guerre absorbaient toutes leurs facultés, et M. Williams  
 m’apprit  que  la plupart  de  ces pirogues étaient  
 occupées  à  porter  des  vivres  pour  les  guerriers  en  
 partance. 
 Enfin,  le  fleuve  n’est  plus  qu’un  torrent  peu profond  
 ,  et dont le  cours  est même souvent  embarrassé  
 par des troncs d’arbres,  des  pirogues coulées  à fond, 
 1827, 
 Mars. 
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