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qii’elaient pour les anciens les bons el les mauvais génies.
Ce qu’il y a de certain, c’est que ces insulaires
ont la plus profonde vénération pour les esprits de
leurs parens et de leurs chefs trépassés, auxquels ils
accordent communément les honneurs et le titre d’a-
toaa I. En certaines occasions , ils accordent aussi ces
honneurs à leurs premiers chefs, même de leur vivant.
Shongui était souvent traité (fatoaa par ses
compatriotes 2.
11 est également certain que ces peuples n’adorent
jamais de dieux en bois ou en pierre. Ces effigies hideuses
que l’on observe entre leurs mains, et aux
portes de leurs cabanes et de leurs tombeaux 3, ne
sont que des emblèmes, des signes mystiques (jui ne
peuvent pas être considérés comme de vraies idoles 2,
pas plus du moins que les effigies de saints vénérées
par les rites de la religion catholique 4.
Il en est de même de ces pounamous qu’ils portent
au cou et dont Us font un grand cas. Sans doute ils y
attachent quelques idées superstitieuses, mais ilsne
leur accordent aucun culte positifs. Forster avait considéré
ces pierres comme des amulettes, et il raconta
qu’elles étaient connues sous le nom de tiki chez les
Zélandais : aussi les comparait-il aux tii des Taïliens 6.
Il est possible qu’à Totara-Nouï ces emblèmes por-
1 Marsden, d’ü r v ., I I I , p. 3 2 g. — 2 Kendall, d’U rv., II I , p. 246.
Marsden, d’U rv ., I I I , p. 829. — 3 B. Woodd, dÜ rv ., I I I , p. 22G. Kendall,
d’Urv., III, p. 246. Marsden, d’U rv ., I l l , p. 442. Quoy, d'Urv., II,
p. 285. — 4 Crozet, d’Urv., I I I , p. 69. — 5 Missionnary liegisier, d’Urv.,
I I I , p. 220, — 6 Forster, d’U rv ., II I , p. 21,
tassent le nom de tik i, mais je ne crois pas (jue celle
désignation soit en usage chez les peuplades du Nord.
Il faut observer en outre (jue tik i signifie aussi voir,
et qu’il peut y avoir eu confusion.
J ’ai déjà dit que, suivant les uns, Mawi-Moua et
Mawi-Potiki, leurs deux principales divinités, étaient
deux frères dont le premier tua et mangea le cadet ;
d’où dériverait leur habitude de manger le corps de
leurs ennemis tués dans le combat.
Suivant M. Nicholas, le premier des dieux, le véritable
Jupiter des Zélandais, serait Mawi-Ranga-
Rangui, dont le nom signifie littéralement Mawi,
habitant du ciel. Tipoko, dieu de la colère et de la
mort, marche immédiatement après lui; comme le
plus redoutable, c’est celui qui aurait le plus de part
aux hommages des hommes. Towaki, suivant d’autres
Tauraki ' ( peut-être plus exactement T a u -W a ti\
comme maître direct des élémens, jouerait aussi un
rôle important. C’est au courroux de ce dieu que sont
dus les orages et les tempêtes ; dans un coup de vent
violent qu’essuya M. Nicholas dans la baie Shouraki,
les naturels décidèrent que le dieu de Houpa était
nouï nouï kadidi, très-courroucé contre ce chef 2.
Après ces trois divinités seulement, marcheraient
Mawi-Moua et Mawi-Potiki, dont le premier n’a
guère eu d’autre emploi que de former la te r r e , tant
qu’elle est restée au-dessous des eaux, e id e la tenir
I Marsden, d’U rv., I I I , p. 3 5 3 . Nicholas, d’ü r v ., II I , p. 5 8 i . —
2 Nicholas, I , p. 390.
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