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 chair 
 humaine; 
 VOYAGE 
 de la civilisation  La chair du requin ou mango n’est  
 pas  moins  estimée 2. 
 Crozet, Cook et Anderson avaient déjà observé que  
 ces  naturels  savouraient  avec  un  plaisir  extrême  le  
 suif  el  la  graisse  des  veaux  marins.  Les  huiles  de  
 poisson puantes, leur écume même,  étaient pour  eux  
 une friandise très-recherchée 3. 
 Enfin, par une barbai'ie qui  les  séparait  de  toutes  
 les  autres  tribus  de  la  race  polynésienne  et  qui  les  
 rangeait  au même niveau  que  les  races  noires  océaniennes, 
  les Nouveaux-Zélandais mangeaient avec délices  
 la  chair  de  leurs  ennemis tués dans  le combat.  
 La  superstition  entrait,  il  est v ra i,  pour  beaucoup  
 dans  ces  horribles  festins, et l’on aurait aimé à croire  
 qu’ils  n’avaient  lieu  qu’à  la suite des combats et dans  
 un  but  religieux. Malheureusement  les  derniers  récits  
 des  missionnaires  ne nous  permettent  guère  de  
 douter que  ces naturels  n’égorgent  quelquefois leurs  
 esclaves de sang-froid et  dans l’unique  intention d’assouvir, 
   aux  dépens  de  leurs  victimes,  leurs  monstrueux  
 appétits.  Ces  exemples  sont  r a re s ,  mais  ils  
 suffisent  pour démontrer que  la  religion  seule  n’est  
 pas la cause de ces  affreuses  coutumes  4. 
 Il  faut même  que ces  festins  aient un grand attrait  
 pour eux, car Touai, à demi-civilisé par un long séjour  
 chez les  Anglais ,  tout  en  convenant  que  c’était une 
 1  Cruise,  d ü r v .,  II I ,  p.  6 5 4 - —   2  D’Urville,  I I ,  p.  95.  V illo n ,  I ,   
 p.  178.  —   3  Cook,  Irois.  V o y .,  I,  p.  1 6 6 ,  202.  Crozel,  d Ü r v . ,111,  p.  6 1 .  
 —   4  Cruise,  d Ü r v ,,  I I I ,  p.  662. 
 DE  L’ASTKOLABE. 475 
 fort  mauvaise  action ,  avouait qu’il éprouvait  le  plus  
 grand  plaisir  à  manger  la  chair  de  ses  ennemis ,  et  
 qu’il  soupirait  impatiemment  après  l’époque  où  il  
 pourrait  de nouveau  se  procurer cette jouissance.  Il  
 assurait que  la chair  de  l’homme  avait absolument le  
 même goût que celle du porc ;  dite porka —  comme  
 du  cochon — me  disait-il avec le plus grand  sérieux.  
 Dans ce  moment  pourtant,  il se trouvait à une table  
 bien servie où rien  ne manquait à ses  désirs. 
 Ordinairement ces  sauvages  se contentent de manger  
 la  cervelle des  corps qu’ils  dévorent  et  rejettent  
 le reste  de  la  tête  '.  M. Nicholas  cite néanmoins une  
 circonstance  où  Pomare  et  ses  compagnons  mangèrent  
 jusqu’aux  têtes  de  six hommes  qu’ils  massacrèrent  
 sur le territoire de Doua-Tara 2. 
 La  chair  d’une femme  ou  d’un enfant est  ce qu’ils  
 connaissent de plus  délicieux 3 ;  suivant eux, la chair  
 des  Nouveaux-Zélandais  est  bien  préférable  pour  le  
 goût à celle  des  Européens ;  ils  attribuent cette difféj;  
 rence  au  sel dont  ceux-ci  font  un  grand  usage 4. 
 Quelques voyageurs  ont  observé que  ces hommes  
 mangeaient  une  espèce  de  gomme  verte  dont  ils paraissaient  
 faire  un  grand  cas.  On  ne  sait  pas encore  
 bien quel  arbre  le fournit. Crozet et  ses  compagnons  
 en goûtèrent, et lui trouvèrent une qualité fort échauffante; 
  elle fondait facilement dans  la bouche 5.