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lent, des bas-reliefs très-réguliers et d’un fini admirable,
tout bizarres , tout monstrueux que soient d’ailleurs
les sujets qu’ils représentent. Quand on fait
attention que la plupart de ces ouvrages exécutés
avant l’introduction du fer dans ces îles, font été par
conséquent avec de misérables instrumens en pierre
ou coquillages , on ne peut s’empêcher d’admirer fin-
dustrie de ces insulaires, et surtout leur patience
surprenante.
On trouve souvent les chefs assis sous le vestibule
de leurs cabanes, au milieu de leur peuple, et les esclaves
leur apportent de temps en temps des patates
ou de la racine de fougère. Les femmes assistent à ces
réunions et y participent gaîment et sans restriction '.
Lnlin les chefs aiment à jouir entre eux des plaisirs
de la conversation ; alors ils se mettent en cei'cle, racontent
les exploits de leurs pères, leurs propres
combats , leurs voyages , discutent paisiblement suides
sujets relatifs à l’agriculture , au commerce el à la
religion. Ces hommes parlent avec gravité l’un après
l’autre , et il leur arrive très-rarement de s’interrompre
mutuellement.
Les enfans, dès fàge de cinq à six ans, assis sur les
genoux de leurs pères , assistent à leurs réunions et
même à leurs grands conseils. Ils s’y montrent fort
attentifs, et s’habituent de bonne heure à méditer sur
les objets q u i, suivant leur manière de voir, doivent
influer sur leur honneur et leurs intérêts.
Les femmes, de leur côté, mènent une vie beaucoup
plus laborieuse que les hommes ; car ce sont
elles qui sont particulièrement chargées d’exploiter
les cultures, de i-amasser les coquillages ', d’apporter
les vivres et l’eau dans les maisons. Lnfm elles sont
en outre exclusivement employées à extraire le chanvre
du phormium et à en faire des nattes de différentes
qualités 2.
On a observé que ces naturels faisaient habituellement
deux repas ; l’un au lever du soleil 3, et l’autre
peu de temps avant son coucher. Par une exception
remarquable à la coutume invariable de plusieurs autres
peuples de la Polynésie, aucune loi b ’interdit
aux femmes de manger avec les hommes 4. Souvent
, il est v ra i, elles prennent leurs repas à p a rt,
mais c’est uniquement parce qu’elles le trouvent plus
commode. Les esclaves ne peuvent manger avec les
personnes de condition libre 5.
Les hommes du peuple, ou les rangatiras des derniers
rangs , mangent sans aucune cérémonie ce qu’ils
ont pu se procurer pour leurs repas. Chez les chefs
d’un certain rang, les vivres sont apportés par les esclaves
, et chaque famille reçoit sa portion particulière
dans une corbeille qui ne peut servir qu’une
seule fois 6. Personne ne peut toucher à la portion
1 Marsden, d ü r v . , I I I , p. 324. — » Cool, prem. V o y ., I I I , p. agS.
Deux. V o y ., V , p. 35o. Crozet, d Ü r v . , I I I , p. 53. Marsden, d Ü r v ., III,
p. 373. — 3 Crozet, d ü r v . , I I I , p. 60. Nicholas, I , p. 276. — 4 Cook,
prem. V o y ., I I I , p. 296. — 5 Cruise, dÜ r v ., I I I , p. 6 4 2 . Rutherford,
d ü r v . , I I I , p. 737. — 6 Rutherford, d Ü r v ., I I I , p. 733.
Repas.