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 rendre  visite  ■.  Ces  malheureuses  représentations  ,  
 faussement  interprétées  comme  des  menaces  et  des  
 provocations par  les Européens ,  ont  souvent  donné  
 lieu  de  leur part  à  des  actes  d’hostilité  très-fàcheux.  
 En lisant la relation du premier voyage  de Cook,  des  
 exemples  de  cette nature  se  représentent  à  chaque  
 instant. 
 Salut  La  plus grande marque de  considération  et  d’atta- 
 .shongiii.  chement  qu’un  Zélandais  puisse  vous donner,  est le  
 salut qu’il nomme shongui,  c’est-à-dire, de frotter  le  
 bout  de  son  nez  contre  le  vôtre 2.  Comme  tous  les  
 voyageurs, je pensais d’abord que  ce salut bizarre se  
 bornait  à l’attouchement des  nez;  mais  M.  Kendall  
 m’expliqua  que ce contact n’était qu’un  simple  accessoire  
 extérieur,  et que  la  base  du  salut  consistait de  
 la part des deux personnes à  exhaler doucement leur  
 haleine  et  à la  confondre.  Leur  haleine  est  en  cjuel-  
 que  sorte  l’emblème  sensible  de  leur waidoua,  une  
 émanation directe de leur ame,  et  il serait difficile de  
 donner une juste idée de l’importance qu’ils attachent  
 à cette partie immatérielle  de leur  être. 
 En  effet, j’ai  souvent examiné  ces  naturels  quand  
 ils se saluaient,  et j ’ai reconnu  la  vérité  de l’assertion  
 de M. Kendall.  Lorsque  je  voulus  en  demander  la  
 raison à Touai,  il  se contenta de me répondre :  breathe, 
   haleine,  comme il le  faisait toujours par une simple  
 parole,  quand  il  ne  pouvait  me  développer  sa 
 pensée  d’une  manière  satisfaisante.  Puis ,  par  des  
 signes et des  gestes,  il  indiquait que les  souffles  des  
 deux personnes se confondaient ensemble. 
 Au reste,  il  faut convenir que ces sauvages n’accordent  
 jamais  cette  marque  d’estime  et  d’attachement  
 d’une  manière  légère  ou  irréfléchie,  comme les Européens  
 le font pour leurs  saluts  ordinaires,  et même  
 pour  leurs  accolades  '.  Le  plus  souvent,  ils  s’examinent  
 quelque  temps,  ils  semblent  étudier  leurs  
 sentimens  mutuels,  quelquefois  même  ils  parlent  
 d’objets  indifférens avant d’en venir au  shongui,  et ils  
 ne se livrent jamais  à  cet  acte  qu’avec  une gravité  et  
 un  recueillement qui peuvent paraître ridicules  à l’étranger  
 mal  instruit,  mais  qui  ont  quelque  chose de  
 solennel pour celui qui connaît l’objet de ce salut. J ’ai  
 vu Touai et Shongui,  les premiers chefs des deux tribus  
 rivales  de Kidi-Kidi  et de Paroa,  dans la baie des  
 Iles,  s’examiner  attentivement  et causer  un moment  
 ensemble,  puis  se  livrer  toul-à-coup à ce témoignage  
 authentique et sacré de leur union. 
 Quand M.  Marsden  annonça  à Te Koke,  chef de  
 Pahia,  la mort  du fils de ce  cbef arrivée à Port-Jack-  
 son et dont  il  venait de recevoir  la nouvelle. Te Koke  
 se  fit  indiquer  l’endroit  de  la  lettre où  se  trouvait le  
 nom  de  son  fils,  il  y  appliqua  son  ne z ,  et  après  lui  
 toutes  les  personnes  de  sa  famille;  puis,  il  se  mita  
 gémir  durant  plus  de  deux  heures  sur  cette  perte  
 cruelle 2.