
 
        
         
		iOi VOYAGE 
 tion,  il  est  rare  qu’ils  se  montrent  infidèles à  leurs  
 engagemens 
 Affecibns.  Quoique  le  Nouveau-Zélandais  aime à voyager  et  
 s’aventure  facilement  et  avec confiance vers des contrées  
 lointaines, il conserve toujours une tendre affec-  
 ,  tion pour sa patrie, il en parle souvent avec attendrissement, 
  et quand il revoit les côtes qui l’ont vu naître,  
 il se  livre  à des  transports  de  joie  en reconnaissant  
 les  diverses  parties  de son île  2. 
 Il  n’est  pas de voyageur  qui  n’ait  rendu  justice  à  
 l’affection  extraordinaire  que  ces  naturels  portent  à  
 leurs  enfans,  à leurs parens et à leurs  amis  3.  Sensibles  
 aux bienfaits et aux  marques  d’amitié  qu’ils ont  
 reçus,  ils  en gardent  religieusement  le  souvenir,  et  
 l’on peut compter  sur  leur reconnaissance. A la mort  
 d’une personne qui leur  est  chère,  ils  s’abandonnent  
 aux regrets les plus vifs ,  à la  désolation  la plus  profonde. 
   C’est ce sentiment,  poussé à  l’excès ,  qui  les  
 porte en  ces  circonstances  à  se déchirer  cruellement  
 le visage  et le corps  avec des pierres ou des  coquilles  
 tranchantes 4.  Dans  leur opinion ,  ce n’est qu’en  faisant  
 jaillir  leur  propre sang  et  le mêlant  aux  larmes  
 qu’ils  répandent,  qu’ils croient témoigner dignement  
 toute  la douleur  qu’ils  éprouvent.  Ils ne peuvent s’imaginer  
 que les Européens,  plus modérés  dans leurs  
 témoignages de deuil,  aient des sentimens d’affection  
 bien sincères et bien profonds 5. 
 D E   L ’ASTROLA BE. 405 
 Ils  s’abandonnent  aussi  aux  regrets  les  plus  vifs,  
 quand ils se séparent de  leurs parens  et de leurs amis  
 pour  une  longue  absence.  M.  Nicholas,  qui  fut souvent  
 frappé de  l’affeclion  des  parens  pour  leurs  enfans  
 et des marques de douleur amère qu’ils donnaient  
 en  se séparant d’eux,  fait remarquer que Pomare seul  
 lui parut  insensible  aux tendres  sentimens  de  la nature  
 ,  el se  sépara  de  son  fils sans verser une larme ,  
 sans  donner aucun signe  d’émotion  '.  Cette froideur  
 offre  un  singulier  contraste  avec  la  sensibilité  touchante  
 que  montrèrent  d’autres  chefs  non  moins  
 distingués,  tels  que  Shongui,  I n a k i   2,  le  père  de  
 Maounga 3,  etc., en  se séparant de leurs enfans ;  surtout  
 avec la  douleur  et le  désespoir qu’éprouva Hie-  
 toro  en  apprenant  la  mort  de  son  neveu  à  Porl-  
 Jackson 4. 
 Les  récits  de  MM.  Marsden,  Nicholas,  et  des  
 missionnaires, démentent  formellement  l’opinion  que  
 Forster avait émise touchant la conduite des Zélandais  
 envers leurs  femmes 5.  Loin d’être violens et brutaux  
 envers elles,  il paraît qu’ils sont en général affectueux,  
 et  qu’on  voit  très-rarement  les  hommes  se porter  à  
 des excès  blâmables  envers  le sexe  le plus  faible,  à  
 moins d’y être provoqués par quelque puissant motif.  
 Ce que  Forster  raconte  de l’insolence des enfans envers  
 leurs mères paraît être également dénué  de fouï  
 Nicholas,  I I ,  p.  199.  —   2  Cruise,  p  233.  —   3  Savage,  p.  4 1.  —   
 4  Cruise,  p.  238 .  —   5  Cook,  deux.  V o y .,  I I ,  p.  12 0 ;  V ,   p.  282.  Nicholas, 
   d’U r v .,  Ï I I ,  p.  607.  Nicholas,  I I ,  p,  3o2.  Mai'sden,  d’U rv .,  II I , 
 i>. 478.