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et des plantes fluvialiles. Nous nous arrêtâmes à une
petite distance des premières maisons du village, et
nous mîmes pied à terre. Un petit nombre de naturels
vinrent nous recevoir au bord de la rivière, et parurent
satisfaits de nous voir en la compagnie de leur
missionnaire. Celui-ci m’apprit que nous étions sur un
morceau de terrain acheté au nom de la société, et où
M. Davis devait s’établir avec sa famille. M. Davis
était cultivateur de profession, et par son exemple il
comptait inspirer aux naturels quelque goût pour les
travaux de l’agriculture.
Dès que nous eûmes mangé un morceau à la hâte ,
je priai M. Williams de me conduire aux forêts où je
pourrais observer les arbres queje désirais connaître.
Nous traversâmes le village de Kawa-Kawa qui me
parut contenir une centaine de cases très-bien construites
; elles sont disposées dans une belle et riche
vallée arrosée par les eaux de deux torrens, et soigneusement
plantée en patates, pommes de terre,
maïs, pastèques et citrouilles. On me fit voir les maisons,
les champs, les femmes eties enfans de TeKoke,
cbef de la trib u , et de Rangui-Touke son fils.
L’inviolable tapou établi sur les champs de kou-
maras (ou patates douces) jusqu’à une certaine époque
de leur c ru e , nous contraignit à faire de longs et ennuyeux
circuits avant d’arriver aux bois en question.
Vainement M. W. WiUiams s’était flatté que son influence
pourrait nous soustraire à ces ridicules entraves,
vainement il employa près des naturels toute sa
logique pour leur démontrer que nous autres étrangers
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et hommes blancs ne pouvions être raisonnablement assujettis
à ces réglemens. Ils furent sourds à toutes ses
raisons, et lui répondirent constamment que les kou-
maras étaient tapou-tapou, que l’atoua se fâcherait et
les ferait périr s’ils souffraient qu’on en approchât,
et que, dans tous les cas, h leur retour Te Koke et
Rangui les tueraient. Il fallut bien nous rendre à
d’aussi puissantes raisons, et chaque fois qu’un champ
de koumaras se présentait sur notre route, nous étions
forcés de faire un long détour pour ne pas le souiller
par notre contact, et je crois même par notre simple
regard.
Cet exemple de la profonde superstition des Nou-
veaux-Zélandais me rappelait en outre combien Cook,
et même les savans qui l’accompagnaient, étaient dans
l’erreur quand ils avancèrent que ce peuple paraissait
peu soumis à l’influence des prêtres et de la religion.
Il m’expliquait en même temps quelle pouvait avoir
été la source de plusieurs des malheurs éprouvés par
les Européens sur ces plages, malheurs qu’on avait
uniquement attribués au caractère féroce des insulaires
, tandis qu’ils n’étaient peut-être dus qu’à des
préjugés religieux aussi profondément enracinés dans
leurs coeurs que grossiers et incompréhensibles pour
un étranger. Qu’au temps de Cook ou de Marion
un matelot eût eu la fantaisie d’approcher d’un
champ de koumaras ou de tout autre terrain consacré,
l’insulaire n’eût pas manqué de le repousser.
Le blanc se croyant insulté sans motif pouvait avoir
recours à des voies de fait-, et de là des querelles
1827.
Mai’s.