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 ,827.  allait nous conduire à quelque habitation. Durant une 
 Février,  heure  environ ,  nous  cheminâmes  au  travers  de coteaux  
 couverts  de  hautes  fougères,  d’arbrisseaux  et  
 quelquefois de  bois taillis ,  coupés  par des ravines  où  
 coulaient  des  ruisseaux  d’une  eau  très-fraîche.  A  
 ndlre  grand  regret,  notre  sentier  s’effaça  peu  à  peu  
 et finit  par disparaître  aux  approches  d’un  petit bois  
 plus touffu que les autres. Toutefois, comme nous n’étions  
 plus qu’à deux milles de l’éminence  que je  voulais  
 atteindre,  nous  tentâmes  de  poursuivre  notre  
 route.  Mais  après  une  demi-heure  d’efforts  inouïs,  
 de fatigues extraordinaires qui nous permirent à peine  
 d’avancer  de  deux  cents  p a s ,  nous  nous  trouvâmes  
 dans  un  lieu  si marécageux,  si  enlacé  de  fougères,  
 broussailles  sèches  et  arbrisseaux,  qu’il nous devint  
 impossible  de poser un pied devant l’autre.  Dans  une  
 tentative  qu’il  fit  pour pénétrer  plus  avant,  M.  Gaimard  
 fit  une  chute  et  faillit  se  blesser  dangereuse-  
 menf*. D’ailleurs il ne suffisait pas d’aller,  il eût  fallu  
 revenir,  tâche  encore  plus  difficile  quand nos  forces  
 auraient été épuisées. Quoiqu’il m’en coûtât, je voyais  
 la nécessité de nous  en retourner,  ce que nous exécutâmes  
 d’un  pas  plus  modéré.  Les véroniques ligneuses, 
  les leptospermes,  les  épacridées,  quelques  cypé-  
 racées,  et  surtout  la  fougère  comestible,  forment  la  
 principale végétation de  ces  déserts. Aucune trace de  
 culture ne s’offrit à nos regards.  Outre le sentier  que  
 nous  suivions,  nous  n’observâmes  d’autres  vestiges 
 du  passage de l’homme  que  quelques  arbres  abattus  
 et divers  espaces  de terrain fraîchement remués pour  
 arracher  des racines  de  fougère  jig a  doua) ,  une  des  
 bases principales de la nourriture des habitans  de  ces  
 régions. 
 Des  hauteurs voisines,  nous remarquâmes  que  le  
 canal où se trouvait notre  canot  débouquait  à  l’ouest  
 dans  un  vaste  bassin  qui  s’étendait  indéfiniment  au  
 nord.  Il est très-probable que  celui-ci  doit communiquer  
 avec  le  canal  que nous  avions observé  la  veille  
 au soir dans le N. N. O.  de notre mouillage.  Tout indique  
 qu’en ces parages l’île Ika-Na-Mawi est morcelée  
 par  une  foule  de  canaux  et  de  criques  qui  doivent  
 former des  baies  et  des  hâvres meilleurs  les uns  que  
 les autres. 
 Vers  trois  heures  et  demie,  nous  quittâmes  cet  
 endroit,  et  une  heure après  nous  étions de retour  à  
 bord.  Profitant  de  la marée  qui  lui  était  favorable,  
 M.  Jacquinot avait amené la corvette  à  l’entrée de  la  
 passe,  entre  Fîle Rangui-Toto  et  les  terres  de Taka-  
 Pouni.  Dès que la  baleinière  fut  hissée,  je  fis  servir  
 les amures à tribord,  décidé à donner de suite dans le  
 canal oriental.  Poussé par une jolie brise de S.  O.,  je  
 doublai rapidement au vent  Fîle Rangui-Toto.  A  cinq  
 heures trente-cinq minutes ,  au  moment  où  nous dépassions  
 sa  pointe méridionale  à moins  de  trois cents  
 toises  de  distance,  la  sonde  qu’on  jetait  alternativement  
 des  deux bords  et  sans  discontinuer,  diminua  
 rapidement  de  six  à  cinq,  cinq  et  demie  et  même  
 moins  de  quatre  brasses.  Inquiet,  j ’allais  virer  de