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 Mars. 
 naires.  Ceux-ci  l’emploient  dans  leurs  constructions  
 de  tout  genre,  et  les  autres  en  font leurs plus belles  
 pirogues de guerre. C’est un arbre superbe,  de forme  
 pyramidale,  qui atteint jusqu’à cent cinquante et cent  
 quatre-vingts pieds de bauteiir, et dont le Ironc s’élève  
 quelquefois jusqu’a  cent  pieds  sans  porter  une  seule  
 branche. Nos contrées d’Europe n’oifrent pas de plus  
 belles pièces  de bois pour la mâture de  nos vaisseaux.  
 A mon grand regret, il me fut impossible de constater  
 son genre,  a défaut de parties  caractéristiques ; il  y  a  
 tout lieu de supposer néanmoins qu’il doit beaucoup se  
 rapprocher des Araucaria. 
 M.  Williams  me  fit  ensuite  remarquer  le  dimou,  
 arbre  admirable pour sa taille,  son port  et  son  feuillage. 
   Il atteint, me dit-on, des dimensions  encore plus  
 considérables  que  le  précédent;  mais  son  bois  a  le  
 défaut d'être trop lourd, ce qui le rend peu propre aux  
 besoins  de  la marine. Ses branches retombent vers  la  
 terre  comme  celles  du mélèze et du  casuarina,  et  ses  
 feudies menues,  sétiformes  et  pointues,  semblent  le  
 ranger parmi les conifères. Je ne cessais de m’étonner  
 de ce que dans une  saison  encore  si  peu  avancée,  et  
 qui correspondait a peine à notre mois  de  septembre,  
 ces arbres ne m’offrissent déjà plus ni fleurs ni fruits. 
 D’un autre côté,  ces belles forêts, qui me donnaient  
 une idée exacte de l’intérieur de la Nouvelle-Zélande ,  
 excitaient vivement mon admiration. Jusqu’alors confiné  
 sur  le  littoral,  mes  observations  s’étaient  à peu  
 près bornées à la côte. Ici déjà distant de la mer de six  
 a huit milles, je pouvais,  d’après ce que je voyais,  me 
 faire  une  idée  plus  précise  de  l’intérieur  de  cette  
 grande terre. Que de fois je désirai consacrer un temps  
 plus  considérable  à  l’examen  d’une  contrée  qui  me  
 semblait  si  digne  d’intérêt  à  tous  égards,  et  qui ne  
 pouvait manquer de jouer un jour un  rôle important  
 dans la civilisation ! Mais j ’étais commandé par d’autres  
 devoirs, et je dus m’arracher de ces lieux, après avoir  
 terminé  les observations qui m’y  avaient appelé. 
 Nous prîmes pour revenir au canot un chemin différent  
 de celui que nous avions suivi, mais presque aussi  
 long,  par  égard  pour  les  plantations  sacrées. Quelques  
 poteaux,  fichés  en terre  dans  un lieu écarté sur  
 le bord du  sentier, barbouillés d’ocre rouge  et entourés  
 d’un  petit  espace  de terre  fraîchement  remuée,  
 attirèrent  tout-à-coup  mon  attention.  Mon  premier  
 mouvement fut d’aller voir  ce  que  c’était; mais je fus  
 retenu  par les sauvages qui se jetèrent avec précipitation  
 au devant de moi,  et d’une manière très-énergique  
 me firent signe de continuer ma route. Je m’adressai  
 à M. Williams pour savoir quel était cet emblème,  
 et  pourquoi  il  m’était  défendu  d’en  approcher.  Mon  
 missionnaire  échangea  quelques mots  avec  les  naturels  
 ; mais je vis qu’il voulait éviter de me donner aucun  
 éclaircissement,  c a r,  à  toutes  mes  questions,  il  se  
 contenta de me répondre d’un air contraint et embarrassé  
 qu’il y avait là quelque chose queje ne devais pas 
 voir  A l’opposition  des  naturels,  à  l’embarras  du 
 missionnaire et surtout à la forme  et  à la  couleur  des  
 poteaux, je conjecturai qu’un sacrifice humain avait eu  
 lieu  récemment  en  cet  endroit,  et  que  peut-être  les 
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