1827.
Mars.
naires. Ceux-ci l’emploient dans leurs constructions
de tout genre, et les autres en font leurs plus belles
pirogues de guerre. C’est un arbre superbe, de forme
pyramidale, qui atteint jusqu’à cent cinquante et cent
quatre-vingts pieds de bauteiir, et dont le Ironc s’élève
quelquefois jusqu’a cent pieds sans porter une seule
branche. Nos contrées d’Europe n’oifrent pas de plus
belles pièces de bois pour la mâture de nos vaisseaux.
A mon grand regret, il me fut impossible de constater
son genre, a défaut de parties caractéristiques ; il y a
tout lieu de supposer néanmoins qu’il doit beaucoup se
rapprocher des Araucaria.
M. Williams me fit ensuite remarquer le dimou,
arbre admirable pour sa taille, son port et son feuillage.
Il atteint, me dit-on, des dimensions encore plus
considérables que le précédent; mais son bois a le
défaut d'être trop lourd, ce qui le rend peu propre aux
besoins de la marine. Ses branches retombent vers la
terre comme celles du mélèze et du casuarina, et ses
feudies menues, sétiformes et pointues, semblent le
ranger parmi les conifères. Je ne cessais de m’étonner
de ce que dans une saison encore si peu avancée, et
qui correspondait a peine à notre mois de septembre,
ces arbres ne m’offrissent déjà plus ni fleurs ni fruits.
D’un autre côté, ces belles forêts, qui me donnaient
une idée exacte de l’intérieur de la Nouvelle-Zélande ,
excitaient vivement mon admiration. Jusqu’alors confiné
sur le littoral, mes observations s’étaient à peu
près bornées à la côte. Ici déjà distant de la mer de six
a huit milles, je pouvais, d’après ce que je voyais, me
faire une idée plus précise de l’intérieur de cette
grande terre. Que de fois je désirai consacrer un temps
plus considérable à l’examen d’une contrée qui me
semblait si digne d’intérêt à tous égards, et qui ne
pouvait manquer de jouer un jour un rôle important
dans la civilisation ! Mais j ’étais commandé par d’autres
devoirs, et je dus m’arracher de ces lieux, après avoir
terminé les observations qui m’y avaient appelé.
Nous prîmes pour revenir au canot un chemin différent
de celui que nous avions suivi, mais presque aussi
long, par égard pour les plantations sacrées. Quelques
poteaux, fichés en terre dans un lieu écarté sur
le bord du sentier, barbouillés d’ocre rouge et entourés
d’un petit espace de terre fraîchement remuée,
attirèrent tout-à-coup mon attention. Mon premier
mouvement fut d’aller voir ce que c’était; mais je fus
retenu par les sauvages qui se jetèrent avec précipitation
au devant de moi, et d’une manière très-énergique
me firent signe de continuer ma route. Je m’adressai
à M. Williams pour savoir quel était cet emblème,
et pourquoi il m’était défendu d’en approcher. Mon
missionnaire échangea quelques mots avec les naturels
; mais je vis qu’il voulait éviter de me donner aucun
éclaircissement, c a r, à toutes mes questions, il se
contenta de me répondre d’un air contraint et embarrassé
qu’il y avait là quelque chose queje ne devais pas
voir A l’opposition des naturels, à l’embarras du
missionnaire et surtout à la forme et à la couleur des
poteaux, je conjecturai qu’un sacrifice humain avait eu
lieu récemment en cet endroit, et que peut-être les
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