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 navire.  Toute  inquiétante  que  fût  cette  nouvelle,  je  
 me contentai de recommander à M. Guilbert de ne pas  
 venir au vent du N . N. O . et de redoubler de vigilance.  
 En effet, je me sentais si accablé, queje n’eus point le  
 courage  de  monter  sur  le  pont ;  je pensais  d’ailleurs  
 qu'en cet état ma présence n’y  serait  d’aucune utilité.  
 Bientôt on  eut perdu de vue ce prétendu  danger,  car  
 tout  me  porte  à  croire  que  ce  ne  fut  effectivement  
 qu’un effet de lumière réfléchie sur les flots de la mer,  
 et qui leur donnait l’apparence de brisans, comme cela  
 ari-ive fréquemment. 
 A Sydney, M. Marsden, en me parlant de ses voyages  
 à la rivière  Tamise,  m’avait raconté  que  du  sommet  
 des monts Moé-Hao qui séparent ce golfe de celui  
 de l’Abondance, il avait aperçu à la hauteur de la baie  
 Mercure,  el  à  quarante milles  de  distance,  une  île  
 volcanique  dont  il  avait  très-bien  distingué  les  tourbillons  
 de flamme et de fumée. Le témoignage des naturels  
 lui avait en outre confirmé l’existence de ce volcan  
 isolé sur  les  flots  de  l’Océan.  Jaloux  d’en  assurer la  
 position  géographique,  je  courus  long-temps  dans  la  
 matinée au N. N . E.  dans l’espoir de le rencontrer au  
 lieu qui m’était indiqué. Ma recherche fut inutile, et je  
 crus alors que ce renseignement de M. Marsden n’avait  
 aucun  fond  de  vérité  et  ne  devait  son  origine  qu’à  
 quelque conte fabriqué  par  les  sauvages.  Ge  ne  fut  
 qu’en apprenant un mois plus  tard, à  la baie des  Iles,  
 de la bouche des missionnaires  dePahia, que Pouhia-  
 I-Wakadi (île Blanche de Gook) était un véritable volcan, 
   que  je  reconnus  la  vérité  du  récit  de M.  Marsden. 
   11  n’y  avait  d’erreur  que sur la distance de celte  
 ile à la côte qui était presque du double ; mais  l’île  est  
 fort  haute,  et M. Marsden  se  trouvait  lui-même  sur  
 une montagne fort élevée, ce qui explique le fait. 
 Vers  huit  heures  un  quart  du  matin,  la  sonde,  
 envoyée  à  cent  soixante  et  dix  brasses,  ne  trouva  
 point le fond. Le thermométrographe descendit, dans  
 cette  expérience,  de  18°  ,  6  qu’il marquait  a  la  sui-  
 face des mers à  10°,  4 à celte profondeur. 
 La journée fut belle ; mais  le vent, établi à l’ouest,  
 nous réduisit à courir des bordées pour nous rapprocher  
 des  terres  de  la  baie  Mercure.  A  midi,  nous  
 prîmes  celle  du  sud,  et  au  coucher  du  soleil  nous  
 reconnûmes  distinctement  le  piton  de  l’île  Touhoua  
 (île Mayor)  dans  le  S.  S.  O.  el  a  buit  a  dix  lieues  
 de distance. Au-delà et aux bornes de l’horizon comme  
 une  ligne  de  brume  légère, se distinguaient  aussi  les  
 montagnes élevées de la côte. 
 Aujourd’hui j’ai  acquis  la  triste  conviction  du peu  
 de  confiance  que j’avais  à  fonder  sur  les  marins  de  
 l’Astrolabe,  si  des  circonstances  forcées,  des  malheurs  
 imprévus me réduisaient à ne pouvoir leur procurer  
 leur ration accoutumée.  Nos dernières communications  
 avec  les  naturels  nous  avaient  procuré  du  
 porc frais et des pommes de terre d’excellente qualité  
 el en abondance. Depuis huit jours, les matelots recevaient  
 [827. 
 Février. 
 malin  et  soir  de  la  viande  fraîche,  et,  ayant  
 égard au vil prix qu’elle avait coûté,  j’avais augmenté  
 la  ration.  Aujourd’hui,  pour économiser les  légumes