en trouve d’ordinaire les dimensions rétrécies en raison
de la gêne qu’il y éprouve.
Au bout de deux heures nous donnâmes dans la
passe qui avait excité notre curiosité. Sur la gauche
se trouve une île (Rangui-Toto) basse à ses extrémités,
surmontée d’un piton au centre, et dont la végétation
très-active contraste d’une manière singulière avec la
nudité des terres qui occupent la rive opposée. Nous
nous trouvâmes ensuite dans un beau bassin intérieur
qui nous offrit régulièrement six à huit brasses
d’eau, et se divisait bientôt en deux canaux ; l’un se
dirige vers l’est, et nous ne pouvions en distinguer
l’extrémité; l’autre qui courait à l’ouest nous semblait
borné par des terres à deux ou trois lieues de
distance.
Nous pénétrâmes dans celui-ci, et débarquâmes sur
sa rive droite. Tandis que M. Lottin faisait une station
géographique sur le sommet d’un piton que dès la
veille nous avions remarqué de très-loin, je jetais un
coup-d’oeil sur la campagne d’alentour. Recouverte en
abondance par des plantes herbacées , il n’y croissait
que des buissons et point d’arbres. Déjà les chaleurs
semblaient avoir détruit une grande partie des végétaux
, et ce sol quoique assez fertile en apparence me
parut privé d’eau douce, car je ne pus y découvrir
qu’une mare d’eau saumâtre. Les oiseaux y étaient
fort rares ; nous ne pûmes tirer que quelques espèces
de rivage; nous devons noter cependant une caille
analogue à celle d’Lurope. Le long de cette plage
nous éprouvâmes une chaleur à laquelle nous n’étions
plus accoutumés depuis notre arrivée sur les côtes de
la Nouvelle-Zélande.
A midi et demi, nous nous sommes rembarqués,
pour traverser le bras de mer, et nous avons mis pied
à terre sur la rive du sud. Au bord de l’eau nous trouvâmes
un village abandonné, composé de plus de cént
cabanes ; mais nous vîmes que ce n’était que des huttes
en simples branchages, construites seulement pour
servir momentanément d’abris aux naturels dans leurs
grandes parties de pêche ou lors de leurs excursions
militaires.
Toujoui's préoccupé de l’idée que la mer devait se
retrouver à une très-petite distance au su d , je résolus
de franchir l’isthme étroit qui nous en séparait, ou du
moins d’atteindre un monticule éloigné de deux lieues
environ, du sommet duquel j’espérais découvrir les
deux mers. Je pris Simonet avec moi, et MM. Lottin
et Gaimard, à qui je communiquai mon projet, voulurent
m’accompagner. Gelte société m’était aussi utile
qu’agréable ; car au travers de ces solitudes inconnues
on court le risque d’être rencontré à chaque instant
par des sauvages dont les intentions peuvent être
suspectes. Du reste, je plaçais ma confiance sur ce
que je n’emportais rien qui pût exciter leur cupidité.
Simonet seul avait un mauvais fusil, et je l’aurais
cédé promptement pour peu queje me fusse vu serré
de trop près ou par une troupe nombreuse.
Nous fûmes d’abord favorisés par un petit sentier
bien battu qui se dirigeait précisément vers l’endroit
où je voulais aller. Long-temps même je crus qu’il