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 476 VOYAGE 
 Boisson. 
 En général  ces  insulaires,  surtout  les esclaves ,  ne  
 font  aucune difficulté de manger les  entrailles  et  toutes  
 les parties  des  animaux  que  les  Européens  rejettent  
 I  ;  ils  dévorent avec  avidité  le  biscuit  pourri 2 ;  
 enfin  plusieurs d’entre  eux  se régalent  avec  empressement  
 de  la  vermine  dont leur  tête  est  souvent  copieusement  
 garnie 3. 
 Dans  leurs  alimens,  les  Zélandais  ne  se  servent  
 jamais de  s e l,  ni d’aucune  sorte  d’épicerie 4.  Ils n’aiment  
 point les viândes ni  les poissons salés des  Européens. 
   Un  fait  fort remarquable,  c’est  qu’ils ne  connaissaient  
 aucune  sorte  de boisson  s p i r i t u e u s e   3,  et  
 ne buvaient jamais  que  de l’eau.  En général ils détestent  
 toutes  les liqueurs  fortes  des Européens 6 ; mais  
 ils  savourent  avec  délices  toutes  leurs  boissons  sucrées, 
   comme  thé, café,  chocolat,  et sont très-friands  
 de  sucre.  Ce  n’est  qu’à  la  longue  et  par  une  sorte  
 d’éducation  nouvelle  qu’ils  peuvent  s’accoutumer  à  
 l’usage du vin et du rhum ;  encore  dans ce  cas renoncent 
 ils  rarement  à  leur  sobriété  habituelle,  et  s’adonnent 
 ils  très-rarement  à  l’ivresse.  C’est  un  vice  
 du moins qu’ils ne  partagent point avec toutes  les autres  
 tribus polynésiennes,  familiarisées  avec ses effets  
 par  un  usage  immodéré  du  kava  7.  I.a  plante  qui 
 «  Nicholas,  I ,   p.  67.  —   2  Cook,  deux. Vo y .,  I I ,  p.  i 32.  Cruise,  d’ü r v .,  
 II I ,  p.  6 6 r .  —   3  Cook,  trois.  V o y .,  I ,   p.  202.  Nicholas,  d’Urv .,  I l l ,   
 p.  5g 8,  Rutherford,  d’ü r v .,  I I I ,  p .  750.  —   4  Savage,  p.  60.  —   5  Cook,  
 prem. V o y . ,  I I I ,  p.  280.  Savage,  p .  17 . —   6  Cook,  deux. V o y .,  I ,  p.  246.  
 Crozel,  d’ü r v . ,  I I I ,  p. 6 1 .  Cruise,  p.  i 3 ; d ü r v . ,   III,  p.  6 5 5 . -   7  Kendall,  
 d’U rv .,  I II,  p.  12 3. 
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 donne  cette  boisson,  du  moins  une  très - voisine  
 ( le piper excelsam ) ,  croît  cependant  à  la Nouvelle-  
 Zélande, où elle porte le même nom; mais les naturels  
 n’en  font aucun usage  '. 
 M. H. Williams m’assura,  il est vrai,  qu’ils faisaient  
 quelquefois une liqueur spiritueuse avec les baies d’une  
 espèce  d’arbrisseau  [coriaria  sarmentosa,  Forster);  
 mais  des  naturels  que  j’interrogeai  à  ce  sujet  me  
 dirent  au  contraire  que  ces  fruits  étaient  un  poison,  
 ce  qui rend ce  fait au moins  très-douteux  2 . 
 La  cuisine  de  ces peuples  est  en  général  fort  simple, 
   et  se  réduit  à  faire  rôtir  au  four ou  griller  leurs  
 alimens 3.  Dans  le  dernier  cas,  il  suffit de  les placer  
 quelque  temps  sur  des  charbons  ardens,  et  c’est  le  
 moyen qu’on emploie  pour  les  petites pièces,  comme  
 oiseaux ,  poissons ,  coquillages,  ou  bien  quand  le  
 temps  dont  on  peut  disposer  ne  permet  pas  de  les  
 préparer  avec plus  de  soin. 
 Le poisson,  une  fois  nettoyé,  est  enfilé  dans une  
 broche  en  bois  fichée  en  terre  près  du  foyer;  on  a  
 soin  de  la  tourner  de  côté  et  d’autre  jusqu’à  ce  que  
 le poisson  soit  cuit 4. 
 Quand il s’agit de pièces plus  importantes,  et même  
 pour  faire  cuire  à la fois  une  plus  grande quantité de  
 patates douces,  de  taros  ou  de  pommes  de terre,  ils  
 ont  recours  à  leurs fours  5.  Ce  sont des trous circu- 
 1  D’Urville,  I I ,  p,  2 3 1.  —   2 D’Urville,  I I ,  p.  2 32. —  3  Cruise,  d’ü r v . ,  
 I I I ,  p.  6 6 1.  Blosseville,  d’Urv.,  I II,  p.  698.  —   4  Cook,  prem.  V o y .,  I l ï ,   
 p.  i i 8 ,   279.  Nicholas,  I ,  p.  287.  —   5  Cook,  prem.  V o y .,  I I I ,  p.  279.  
 Trois.  Voy.,  I,  p.  2o3.  Crozel,  d’ü r v .,  III, p.  60.  Cruise,  dÜrv.,  III,  p.  66r. 
 Cuisine.