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Boisson.
En général ces insulaires, surtout les esclaves , ne
font aucune difficulté de manger les entrailles et toutes
les parties des animaux que les Européens rejettent
I ; ils dévorent avec avidité le biscuit pourri 2 ;
enfin plusieurs d’entre eux se régalent avec empressement
de la vermine dont leur tête est souvent copieusement
garnie 3.
Dans leurs alimens, les Zélandais ne se servent
jamais de s e l, ni d’aucune sorte d’épicerie 4. Ils n’aiment
point les viândes ni les poissons salés des Européens.
Un fait fort remarquable, c’est qu’ils ne connaissaient
aucune sorte de boisson s p i r i t u e u s e 3, et
ne buvaient jamais que de l’eau. En général ils détestent
toutes les liqueurs fortes des Européens 6 ; mais
ils savourent avec délices toutes leurs boissons sucrées,
comme thé, café, chocolat, et sont très-friands
de sucre. Ce n’est qu’à la longue et par une sorte
d’éducation nouvelle qu’ils peuvent s’accoutumer à
l’usage du vin et du rhum ; encore dans ce cas renoncent
ils rarement à leur sobriété habituelle, et s’adonnent
ils très-rarement à l’ivresse. C’est un vice
du moins qu’ils ne partagent point avec toutes les autres
tribus polynésiennes, familiarisées avec ses effets
par un usage immodéré du kava 7. I.a plante qui
« Nicholas, I , p. 67. — 2 Cook, deux. Vo y ., I I , p. i 32. Cruise, d’ü r v .,
II I , p. 6 6 r . — 3 Cook, trois. V o y ., I , p. 202. Nicholas, d’Urv ., I l l ,
p. 5g 8, Rutherford, d’ü r v ., I I I , p . 750. — 4 Savage, p. 60. — 5 Cook,
prem. V o y . , I I I , p. 280. Savage, p . 17 . — 6 Cook, deux. V o y ., I , p. 246.
Crozel, d’ü r v . , I I I , p. 6 1 . Cruise, p. i 3 ; d ü r v . , III, p. 6 5 5 . - 7 Kendall,
d’U rv ., I II, p. 12 3.
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donne cette boisson, du moins une très - voisine
( le piper excelsam ) , croît cependant à la Nouvelle-
Zélande, où elle porte le même nom; mais les naturels
n’en font aucun usage '.
M. H. Williams m’assura, il est vrai, qu’ils faisaient
quelquefois une liqueur spiritueuse avec les baies d’une
espèce d’arbrisseau [coriaria sarmentosa, Forster);
mais des naturels que j’interrogeai à ce sujet me
dirent au contraire que ces fruits étaient un poison,
ce qui rend ce fait au moins très-douteux 2 .
La cuisine de ces peuples est en général fort simple,
et se réduit à faire rôtir au four ou griller leurs
alimens 3. Dans le dernier cas, il suffit de les placer
quelque temps sur des charbons ardens, et c’est le
moyen qu’on emploie pour les petites pièces, comme
oiseaux , poissons , coquillages, ou bien quand le
temps dont on peut disposer ne permet pas de les
préparer avec plus de soin.
Le poisson, une fois nettoyé, est enfilé dans une
broche en bois fichée en terre près du foyer; on a
soin de la tourner de côté et d’autre jusqu’à ce que
le poisson soit cuit 4.
Quand il s’agit de pièces plus importantes, et même
pour faire cuire à la fois une plus grande quantité de
patates douces, de taros ou de pommes de terre, ils
ont recours à leurs fours 5. Ce sont des trous circu-
1 D’Urville, I I , p, 2 3 1. — 2 D’Urville, I I , p. 2 32. — 3 Cruise, d’ü r v . ,
I I I , p. 6 6 1. Blosseville, d’Urv., I II, p. 698. — 4 Cook, prem. V o y ., I l ï ,
p. i i 8 , 279. Nicholas, I , p. 287. — 5 Cook, prem. V o y ., I I I , p. 279.
Trois. Voy., I, p. 2o3. Crozel, d’ü r v ., III, p. 60. Cruise, dÜrv., III, p. 66r.
Cuisine.