cadeaux d’usage aux parens , puis il emmène chez lui
celle qui a fixé son choix.
Cette manière de choisir et d’emmener sa future est
sans doute un peu cavalière et ne ressemble guère à
ce que m’avait raconté M. Kendall touchant la même
cérémonie. Souvent, disait ce missionnaire , le jeune
homme choisit sa future tandis qu’elle est encore fort
jeune, et va la demander à ses parens. Si ceux-ci consentent
à l’union, il applique sa main sur l’épaule de
sa future, en signe d’engagement, ce qui correspond
parfaitement à ce que nous nommions jadis fiançailles.
Lorsque la jeune personne est nubile , accompagné
de ses amis, l’époux va la chercher au logis de ses
parens et l’emmène chez lui. Deux ou trois parentes
de la future sont désignées pour l’accompagner et
veiller sur elle jusqu’à la consommation du mariage.
Alors c’est à l’époux à obtenir par adresse ou par persuasion
les faveurs de sa belle; pour éprouver l’amour
de son mari, celle-ci le fait soupirer des jours et des
nuits entières, dit-on. Dès qu’il est heureux, il appelle
les gardes de la jeune fille qui, après s’être assurées du
fa it, se retirent ; leurs fonctions cessent, et elles s’en
retournent chez elles. De ce moment seulement le mariage
est définitivement ratifié.
La version de Doua-Tara aurait quelque rapport
avec la précédente, sans supposer cependant une délicatesse
aussi raffinée. 11 disait simplement que l’amant
doit se procurer d’abord le consentement des parens
de sa future. S’ils le donnent et que la jeune fille ne
pleure point à la proposition qui lui est faite , le mariage
a lieu sur-le-champ ; mais si elle pleure la première
fois qu’il fait sa visite et qu’elle persiste dans
ses refus à la seconde et à la troisième visite, le galant
est obligé de renoncer à ses desseins '.
Probablement c’est cette façon de se marier que
M. Kendalla désignée dans sa grammaire sous le nom
de Adou-Kanga, épousailles par serment, de adou
faire la cour, et kanga serment. Touai m’assura que
c’était ainsi qu’il avait été obligé d’en agir pour obtenir
la main de sa femme Lhidi, et qu’il avait en outr e fait
présent à ses parens de trois fusils, de deux esclaves,
de trois canots et d’une portion de terre.
Déjà Banks avait fait touchant la conduite à tenir
envers les jeunes filles, et les égards qu’il fallait leur
témoigner pour obtenir leurs faveurs, une observation
qui donnerait lieu de penser que les assertions de
M. Kendall et de Doua-Tara ne seraient pas dénuées
de fondement 2.
Peut-être ces égards extraordinaires et cette délicatesse
extrême pour des sauvages, mentionnés par
M. Kendall, ne s’observent-ils qu’envers les femmes
d’une haute naissance ; tandis que pour les autres la
demande et les présens aux parens de la future suffisent
tout simplement pour obtenir sa main. Quoi
qu’il en soit, il est certain que dans le choix de leurs
femmes, surtout de la principale, les chefs font beaucoup
plus d’attention au rang et à l’influence de la
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