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 l ’ a l a l c . 
 Outre lepleris  esculenta,  il est une autre sorte de  
 Ibugère  en  arbre  que  Forster nomme  aspidium fu r -   
 catuni,  et  que  les  botanistes  modernes  ont  appelée  
 cyathea  meduUaris,  qui  fournit  aux  insulaires  un  
 aliment  plus  substantiel  que  la  précédente.  C’est  la  
 partie inférieure de la tige,  voisine de la racine, qu’ils  
 font  cuire  dans  leurs  fours  en terre.  Anderson  compare  
 cette  substance  cuite  à  de  la  poudre  de  sagou  
 bouillie,  mais  sa  consistance  est  plus  ferme.  Cette  
 fougère  est  beaucoup  moins  commune  que  l’autre;  
 je  n’ai  point  eu  occasion  de  l’observer  ni  de goûter  
 de  cet  aliment  :  ainsi  je  ne  puis  point  prononcer  
 sur  sa  qualité.  Suivant  Forster,  la  moelle  de  cyathea  
 porterait  à  Totara-Nouï  le  nom  de  marfia-  
 g o u ,  tandis  que  la  racine  de  fougère  se  nommerait  
 pongaï  I. 
 La  patate  douce,  convolvulas  batatas,  nommée  
 par  les  Zélandais  koumara,  était  le  végétal  le  plus  
 généralement cultivé dans  ces contrées,  avant que les  
 Européens en eussent fait la découverte.  Cette racine,  
 inconnue dans les autres îles delà Polynésie,  était-elle  
 propre au sol de la N ouvelle-Zélande,  ou bien y avait-  
 elle été importée à une époque qui  nous est demeurée  
 inconnue?....  C’est  ce  qu’il  serait difficile  de  décidei-  
 aujourd’hui. Toutefois ,  les  superstitions dont sa culture  
 est environnée  sembleraient  lui assigner une origine  
 étrangère et rappeler en même temps les précautions  
 minutieuses  qu’imaginèrent ceux  qui l’introduiDE 
   L ’ASTROLABE. 469 
 sirent dans le pays,  pour en assurer la propagation  et  
 la  conservation. 
 N onobstant les diverses plantes que les  Européens  
 ont introduites dans Ika-Na-Mawi,  la patate douce est  
 demeurée pour les habitans de cette île le mets le plus  
 délicieux ,  l’aliment  le  plus  délicat  parmi  tous  ceux  
 qu’ils connaissent. Soit qu’ils veuillent faire honneur à  
 des étrangers, soit qu’ils doivent se régaler entre eux,  
 la  patate  douce  forme la base principale de leurs festins. 
   Il  est  certain  que  les  hommes  du  peuple  n’en  
 mangent  que dans  les occasions  solennelles,  ou bien  
 quand ils  peuvent  piller les magasins  de leurs  ennemis. 
   On  doit  convenir  que  cette  racine  est  d’une  
 excellente  qualité  dans la Nouvelle-Zélande ,  et nulle  
 part  je n ’en  ai mangé qu’on puisse  comparer à  celles  
 qui croissent  dans  ce pays  '. 
 Quoique  ces  insulaires  fissent  beaucoup  moins  
 d’usage  des  racines  de  Y arum  esc nient um ,  tare,  
 cette plante  existait  chez  eux  avant l’arrivée  des Européens, 
  et ils la cultivaient en certains endroits.  C’est  
 cette plante  que  Banks cite,  dans  le premier Voyage  
 de  Cook,  sous  le nom  deddas  2,  et que  le  capitaine  
 lui-même nomme cocos 3. Nous ne savons point quelle  
 était  la  racine  qu’il  désigne  par  le  nom  d’igname,  
 attendu que  nous  ne  pensons  point que  le  dioscorea  
 sativh fût connu de ces peuples. 
 Les  habitans  de  la  partie septentrionale  d’Ika-Na-  
 Mawi  doivent  certainement les choux, les navets, les 
 P om m e s   
 d e   t e r r e .