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tenta de pousser sa t'emine entre les bras de l’étranger,
tandis qu’il tendait l’autre main pour recevoir le fusil...
Avant de juger trop sévèrement ces enfans de la nature
, il ne faut pas oublier qu’à leurs yeux une arme
de celte espèce est aujourd’hui d’un plus grand prix
que ne le serait aux yeux d’un Européen une clef de
chambellan, un bâton de maréchal, ou même un
porte-feuille de ministre.
Comme je l’avais déjà observé à la baie des Ile s, la
femme de Tawiti montrait la plus grande répugnance
à se défaire d’une dent de requin qu’elle portait à l’oreille.
L’unique raison qu’elle opposait à mes refus était
que celte dent lui venait d’un étranger [tangata ke) ; réponse
qui m’avait été souvent faite à Paroa. Il faut convenir
que ces naturels tiennent singulièrement aux
souvenirs d’amitié qui leur ont été laissés, si toutefois
ce n’est point l’effet d’un sentiment superstitieux.
Sur les cinq heures, les pirogues sont revenues à
b o rd , apportant une immense quantité de beaux poissons.
Les insulaires les ont cédés aux matelots pour
des bribes de biscuit, et ont toujours montré une
grande probité dans leurs marchés. La yole a apporté
deux charges de bois qui se fait facilement sur Fîle
Koreha.
La baleinière est rentrée à bord à sept heures un
quart du soir, avec tous nos voyageurs. Après avoir
remonté la rivière Mogoïa, l’espace de trois ou quatre
milles, ils ont mis pied à terre sur les bords d’un isthme
étroit qu’ils ont traversé, et se sont ensuite trouvés
sur les bords du bassin de Manoukao. Ils n’ont eu qu’à
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se louer des procédés des naturels, et ont été reçus
par eux avec tous les honneurs imaginables. Je ren- Février,
verrai au récit de M. Lottin* touchant les détails de
cette intéressante excursion, et les fruits qu’il a pu retirer
de son exploration : du reste il est maintenant
constant que File Ika-Na-Mawi en cette partie se trouve
réduite à une langue de terre très-étroite.
Cette découverte peut devenir d’un grand intérêt
pour les établissemens qui auront lieu à la baie Shouraki
, et cet intérêt augmentera encore si de nouvelles
reconnaissances peuvent démontrer que le port de
Manoukao estsusceptible de recevoir des navires d’une
certaine dimension ; car un pareil établissement se
trouverait alors à la portée des deux mers orientale et
occidentale.
Toupaïa, le principal chef, ne devait venir à bord
quelelendemain; mais Inaki, rangatira para parao**,
qui avait reçu ces messieurs à Manoukao, les avait accompagnés
à leur retour. C’était un homme d’une taille
moyenne, mais très-bien pris dans toutes ses proportions,
dont la figure était expressive, l’altitude fière et
l’air vraiment belliqueux.
Il me parut tout-k-fait indépendant de Rangui, qui
de son côté affectait de le traiter avec hauteur. Celui-ci
ne cessait de me répéter qu’Inaki lui était bien inférieur
pour le rang, et qu’il n’était que rangatira para
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* Voyez notes i6 et 17.
** Titre qui paraît répondre à celui de premier lieutenant du chef principal,
et surtout conférer les fonctions de chef des guerriers.
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