Sacrifices.
1 une des deux vient à succomber sous un coup mortel,
rennemi pousse aussitôt le cri;«A nous l’homme! »
A ce cri fatal, les guerriers dont le chef a été tué livrent
son corps, quand bien même il serait tombé
dans leurs rangs. Les deux armées se retirent en silence
, chacune de son côté, et vont consulter les
dieux pour savoir s’ils doivent continuer la guerre.
Dans ce cas, le vainqueur réclame aussi la femme
du chef qui a succombé, et M. Marsden ajoute qu’elle
ne fait aucune difficulté de se livrer à ses ennemis, car
elle désire partager le sort de son mari, surtout si elle
lui est sincèrement attachée. Les enfans eux-mêmes
sont souvent obligés de subir la même destinée '.
Le parti vainqueur procède alors au sacrifice qu’il
doit faire à ses dieux. L’ariki ou grand-prêtre, de concert
avec les chefs, se charge d’apprêter le corps du
chef, tandis que la prêtresse et les femmes des chefs
sont chargées des mêmes fonctions sur le corps de la
femme. Ces corps sont dépecés, placés sur les feux et
rôtis. Certaines parties sont réservées pour être offertes
aux dieux avec des prières et des rites particuliers
.
De temps en temps les arikis prennent de petits
morceaux de cette chair sacrée et la mangent avec
beaucoup de recueillement ; c’est pendant ce temps
qu’ils consultent les dieux sur l’issue de la guerre actuelle.
Si les offrandes sont accueillies favorablement,
le combat recommence ; sinon, quelle que soit sa supériorité,
le parti vainqueur renonce à coinbatlre davantage
, et reprend le chemin de ses foyers.
Tandis que les arikis accomplissent leurs cérémonies,
les chefs sont assis en cercle autour des victimes,
la tête cachée dans leurs nattes, et gardant un profond
silence pour éviter de troubler ces augustes mystères
ou de jeter sur eux un regard profane. Ils sont
convaincus que FAtoua punirait sévèrement le moindre
acte de mépris ou de négligence de leur part.
Quand les cérémonies sont terminées, les restes des
corps sont distribués entre les chefs et les principaux
guerriers, suivant leur nombre. Tous mangent de
cette chair avec une satisfaction très-visible '.
Le premier chef réserve aussi des morceaux de
cette chair pour les distribuer à son retour à ses amis;
car c’est la plus haute marque de distinction, la faveur
la plus signalée qu'il puisse leur faire 2.
Lorsque la distance est trop grande pour qu’on luikau tapou.
puisse espérer de rapporter cette chair sans être gâtée
, ils ont imaginé une sorte de substitution ou plutôt
de transubstantiation d’une nature fort remarquable.
Le prêtre met en contact avec la chair consacrée
un morceau de bois qui prend le nom de rakau tapou,
et Fy laisse un certain temps durant lequel il récite
diverses prières; puis il l’etire ce bois, l’enveloppe
soigneusement dans une natte , et durant tout le
temps qui doit s’écouler jusqu’au retour, une personne
tabouée est commise à la surveillance de cet objet sacré.