
 
        
         
		joints  aux  observations  de  la  latitude  et  de  la  longitude  
 ,  terminèrent ma  longue inquiétude et me  prouvèrent  
 que nous étions hors de danger. M. Jacquinot,  
 infatigable  à  poursuivre  les  observations  astronomiques  
 qui  étaient  devenues  ses attributions spéciales ,  
 s’était effectivement procuré,  à  midi et a trois heures  
 du  soir,  des hauteurs du soleil  qui  lui  avaient  donné  
 le moyen de  conclure  notre position  pour midi. Mais  
 la  hauteur  des  lames  et  la  violence  du  roulis  atténuaient  
 beaucoup la confiance  queje devais  accorder  
 à  leurs  résultats ;  ce ne fut qu’à la  vue  des  deux  îles  
 que  je  viens  de  nommer  que  je  fus  complètement  
 rassuré. 
 Si l’on  réfléchit  aux  circonstances  de  cette navigation  
 depuis  trente-six  heures,  on  sentira  aussi  que  
 notre travail,  relativement à la baie d’Abondance,  ne  
 méritera  pas  la  même  confiance  que  sur  les  autres  
 parties de la  N ouvelle-Zélande. Hier,  à midi,  la latitude  
 nous  a  manqué,  et  nous  avons  dû  recourir  à  
 celle de Cook pour Motou-Hora.  En outre,  le  temps  
 affreux  que nous avons eu depuis hier au soir ne nous  
 a permis aucune observation  suivie. 
 Malgré  la  peine  que  M.  Lottin  s’est  donnée  pour  
 s’écarter  le  moins  possible  de  la  vérité  dans  cette  
 partie  de  sa  ca rte ,  oii  doit  donc  la regarder  comme  
 presque  hypothétique,  et  il  faudra  une nouvelle  reconnaissance  
 pour  la  mettre  au  niveau  des  autres  
 parties  de  ce  grand  travail.  Quoique  je  sois  fort  
 disposé à croire que nous avons dû passer la nuit dernière  
 à  très-peu  de  distance  au  vent  de  l’île  Haute, 
 j’avoue que je n’ai aucune preuve de ce  fait. Aussi les  
 îles  Plate  et  Haute  et  la  partie de la côte correspondante  
 ne figurent  sur notre  carte  que  d’une  manière  
 systématique.  Le brisant  qui  manqua  devenir  si funeste  
 à  l’Astrolabe  n’est  lui-même  indiqué  que par  
 approximation. 
 Durant  le  coup  de  vent  furieux  que  nous  venons  
 d’essuyer,  l’indication du baromètre s’est encore trouvée  
 inutile. Le mercure est descendu , il est vrai, mais  
 au  fort  de l’ouragan,  et  il  eût  été  un  peu tard alors  
 pour prendre les précautions nécessaires. L’énorme et  
 sourde  lame observée près de quarante-huit heures  a  
 l’avance,  était  un  indice  beaucoup  plus  assuré,  et  
 par là suite je ne manquerai pas  d’y  avoir égard.  Du  
 reste, ces affreuses bourrasques duN. N. E.  sont bien  
 connues des naturels qui leur donnent le nom de ma-  
 rangai-nouï.  Ils  en  redoutent les effets,  et, pour s y  
 soustraire,  ils se réfugient dans  leurs  cavernes  ou  se  
 tapissent dans leurs buttes.  C’est aussi pour éviter de  
 les voir emportées  par ces  teri'ibles  tourbillons  qu ils  
 ont soin de donner à celles-ci  si peu d’élévation, et de  
 les abriter  autant qu’il est possible par des rochers ou  
 des  arbres situés dans leur voisinage. 
 Rassuré sur  notre  position  actuelle,  à  sept  heures  
 du  soir,  je  réglai  la  voilure  pour  la  nuit  et j ’allai me  
 jeter sur ma couchette.  Exténué  de fatigue,  j’avais le  
 plus  grand  besoin de  repos  et j’eus bientôt fermé  les  
 yeux. Je sommeillais à peine depuis un quart-d’heure,  
 quand on vint m’éveiller de ia part de M. Guilbert qui  
 me faisait avertir qu’on venait encore de découvrir un 
 m m