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Février.
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de ne pouvoir doubler l’île qui devait nous rester à
très-peu de distance sous le vent. Mais comme nous
tombions inévitablement sur l’île Plate de Cook, sur
les brisans de Motou-Hora ou à la côte sur l’autre
bord, je préférai continuer sur celui qui m’offrait au
moins quelques chances de salut.
Au jour, c’est-à-dire vers cinq heures du matin, je
comptais reconnaître l’île Haute que nous devions
avoir doublée à deux ou trois milles au plus dans l’e st,
ou au moins l’île Mayor qui vient plus au N. N. O.
Mais le temps était si mauvais et les rafales tellement
chargées de pluie et de brume, que notre horizon ne
s’étendait pas à une encâblure de la corvette.
Pourtant à six heures notre position s’empira
encore. Le vent varia au N. E. et N. N. E., en
soufflant par véritables tourbillons, et la mer devint
affreuse. Mon estime me plaçait fort près de l’île
Mayor, et je voulus au moins prendre l’autre bordée
avant qu’il nous devînt impossible de manoeuvrer.
Durant l’évolution même, le vent continua de varier
au n o rd , en augmentant toujours de violence. Ce fut
bientôt un ouragan furieux, les lames s’élevèrent à une
hauteur effrayante, en même temps qu’elles restaient
assez courtes, et par là même plus dangereuses. Longtemps
immobile et sourd à sa barre, le navire resta en
travers exposé comme un roc à toute la fureur des
flots, bien que le grand hunier fut en ralingue et le
foc bordé au vent. Enfin une lame plus puissante le
faisait abattre, quand l’écoute du foc échappant
aux mains de ceux qui la tenaient, cette voile, quoique
entièrement neuve, fut à l’instant déchirée. On
réussit néanmoins à la haler bas et à la sauver. L ’A strolabe
continua son évolution et resta en travers sur
l’autre bord, sous le grand hunier seul, et la barre
toute au vent. Situation périlleuse s’il en fut, en ce
que nous pouvions engager à tout instant, sans voile
capable de nous faire arriver, et probablement en ce
cas nous ne nous serions point relevés !
Je m’empressai de faire hisser un coin de la voile
d’étai de cape, et travailler à serrer le grand hunier.
En ce moment même les deux poulies d’écoute
manquèrent à la fois, la ralingue de fond fut déchirée,
et la secousse fut si violente que je crus que la mâture
venait à bas.
La tempête qui soufflait par tourbillons du N. au
N. E ., et la fureur des lames nous menaçaient à chaque
instant de cette catastrophe. Aussi hésitais-je à envoyer
nos marins sur les vergues, et à exposer leur vie à un
danger aussi imminent; pourtant exaltés parle péril
même, et stimulés par leurs officiers, ils s’élancèrent
avec courage dans les mâts, serrèrent le grand hunier
tant bien que mal, et remplacèrent le foc déchiré par
un autre, bien qu’ils fussent submergés complètement
quand les paquets de mer venaient déferler sur le
beaupré.
Dès-lors je fus tranquille sur le compte de la mâture;
mais la perte de la corvette n’en était pas moins
assurée, si le mauvais temps continuait seulement
toute la journée. Dans ce cas mon unique ressource
était de reculer de tout mon pouvoir l’instant fatal,
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