marquable p o u r des sauvages. Mais il est évident qu’ils devaient
ces avantages à leu r voisinage du peuple T o n g a , et aux
fréquentes communications qu’ils avaient eues avec la race
polynésienne.
On doit en dire au tan t des peuples de N ite n d i, des îles
Hébrides et des îles Salomo n , qui ont eu aussi des rapports
plus ou moins intimes et fréquens avec les P o ly n é sien s, car
on voit ces derniers s’étendre jusque sur les îles R o to um a ,
A n o u d a , T ikopia , e t même T aum ak o , situées to u t près des
ile.s occupées p a r les Mélanésiens. A Vanikoro, nous avons pu
n o u s-m êm e s nous convaincre des relations fréquentes qui
existaient entre les deux races, comme des unions plus intimes
q ui en étaient souvent les suites. De là ces nombreuses n u an ces
observées p a r divers navigateurs dans toutes ces iles , et
q u ’ils ont réunies o rdinairement sous les trois désignations de
nègres, mulâtres et blancs. Les premiers é taient les Mélanésiens,
les derniers des Polynésiens, et les mulâtres des Hybrides,
is.sus du croisement des deux races noire et cuivrée. Ce mélange
a été observé su r la Nouvelle -Irlande et les îles voisin
e s; il est probable qu’il existe encore plus loin vers l’occid
en t sur les côtes de la Nouvelle-Cuinée.
I l est bon de remarque r que les Mélanésiens paraissent être
d’a u tan t plus bornés dans leurs institutions q u ’ils o n t eu
moins de communications avec les Polynésiens. Ainsi les h a bitans
de la N o u v e lle -Irla n d e , de la Nouvelle-Bretagne, de la
Louisiade et des côtes méridionales de la N o u v e lle -C n in é e ,
sont bien inférieurs aux peuplades qui h ab iten t les îles situées
plus à l’est. Cependant tous les Mélanésiens (les Australiens et
les Calédoniens exceptés ) connaissaient l'usage de l’arc et des
flèches ; plusieurs savaient même fabriquer des vases en terre.
Ils devaient probablement ces notions à leurs voisins de l’o c c
ident.
Enfin ceux q u i occupent le d e rn ie r degré de cette race sont
évidemment les babitans de l’Australie et de la Tasmanie.
Êtres chétifs et misé rab le s, réunis en faibles tr ib u s , étrangement
disgraciés par la n a tu r e , et réduits p a r la pauvreté de
leur .sol comme p a r leu r indolence et leu r stupidité à une
existence très-préeaire , ils p a rlen t des langues extrêmement
bornées qui varient presque de trib u à trib u , et n’offrent d’analogie
avec aucune de celles do n t les règles sont mieux é ta blies.
T o u te leur industrie se réd u it à fabriquer des filets, des
la n c e s , de misérables pirogues d’écorce , et des manteaux en
peaux A’opossum ou de kangarou. Quelques-uns savent constru
ire des buttes en écorces d’arbres assez bien closes, d’autres
de simples abris avec des branches couvertes de broussailles ;
mais il en est q u i , toujours errans et vivant en ple in a ir, se
co n ten ten t , d u ra n t leur som m e il, d’ab rite r leu rs épaules sous
un morceau d’écorce arra ché à l’arbre voisin. Ces hommes
n ’o n t d’autres traces d’idées religieuses que des notions vagues
to u ch an t l’existence de malins génies toujours disposés à les
to u rm e n te r, et le sentiment confus d’une vie nouvelle qui les
attend après leu r mort.
Nous devons faire observer qu’un g ran d nombre d’Australiens
sembleraient se rapprocher des Polynésiens p a r leu r couleu
r simplement b a san é e , mais l’examen le plus léger de leurs
tra its et de leu r conformation suffit p o u r les replacer dans la
race noire à laquelle ils appartien n en t. Ces Australiens sont
au reste des Mélanésiens ce que les H o ttentots sont à la
race éthiopienne. On d o it même convenir q u ’il existe de
grands rapports entre les Hottentots et les Australiens.
Quelque d égradée, quelque misérable que nous paraisse
l’espèce humaine considérée dans cet é ta t, nous pensons que
c’est là l ’état primitif et n a tu re l de la race mélanésienne , sauf
les difformités physiques qui résultent des privations alimentaires
sur un sol aussi in g ra t que celui de l’Australie. Le sort de
ces êtres s’est un peu amélioré sur les côtes plus fertiles de la
Nouvelle-Cuinée et des îles voisines, leur extérieur est moins
hideux, et leu r intelligence s’est un peu développée. Cependant
ce n ’est q u ’en a rriv an t su r les îles où les Mélanésiens ont pu
avoir des communications avec les Polynésiens qu’on voit leur