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 Fidéiilc 
 conjugale. 
 Banks  a  fait  l’éloge  le  plus  sincère  de  la  décence  
 et de  la modestie  des  femmes  Les  voyageurs  n’ont  
 jamais observé,  dans ces contrées ,  ces assemblées de  
 débauche et de  corruption, ces traits de cynisme et de  
 lubricité  publique,  si  fréquens  chez  les habitans  de  
 Taïti  et  de Hawaii.  Un  préjugé  établi  chez ces naturels  
 leur fait regarder  comme  infâme toute espèce  de  
 relation  intime entre  un  chef et ses  esclaves  2,  et  ce  
 préjugé,  quelle qu’ait été son origine,  a  dù puissamment  
 contribuer  au maintien  de la  morale  publique. 
 Toutefois  il  est  certain  que les jeunes  filles,  tant  
 qu’elles ne sont point mariées, peuvent accorder leurs  
 faveurs  a  qui  leur  plaît.  Aucune  idée de  crime n’est  
 attachée  à  leurs  galanteries,  pourvu  que  les  convenances  
 de rang soient  observées  3.  Je ne sais  ce qui a  
 lieu  pour  les  enfans  qui  proviendraient  de  baisons  
 illicites,  et  quels  seraient leurs  droits.  Peut-être  les  
 filles s’arrangent-elles de manière à prévenir ces sortes  
 de  cas ;  peut-être  les  pères  consentent-ils  à  épouser  
 celles qui  ont  donné  lejour à  leurs  enfans.  Quand je  
 questionnais Touai à ce  sujet, je ne  pouvais  en  obtenir  
 de  réponse précise ;  il avait seulement l’air de regarder  
 comme  une  monstruosité  impossible  qu’un  
 père  pût  abandonner  ses  enfans,  en  disant  qu’un  
 homme ne pouvait jamais abandonner  sa chair  et son 
 sang. 
 Du moment où  la  femme  s’est  engagée  envers  un  
 homme,  toute espece de relation  intime avec tout au- 
 ■  Cook,  prem.  V o y .,  I I I ,  p.  267. —   2 Lesson,  Voyage médical,  p.  119 .  
 —   3  Nicholas,  d ü r v . ,   II I ,  p.  5g5 .  Cruise,  dÜ r v ,,  I II,  p.  65 g. 
 tre homme lui est sévèrement interdite '.  Il n’est peut-  
 être pas de pays  au monde  où les  femmes  soient plus  
 sincèrement pénétrées de cette obligation et où elles y  
 restent plus  scrupuleusement assujetties,  lors même  
 qu’en  violant  leurs  devoirs  elles  sauraient échapper  
 à  tous  les  regards 2.  Llles  poussent  si  loin  le  sentiment  
 de  la  fidélité  conjugale,  que  les  malheureuses  
 esclaves qui venaient vivre à bord  de  nos  navires ,  et  
 qui ne faisaient  aucune  difficulté  de  se  livrer à  tous  
 les  hommes  du  b o rd ,  sans  distinction  de  rang  ni  
 d’âge,  du moment  qu’elles  avaient  contracté  un  engagement  
 particulier avec quelques personnes  de  l’équipage, 
  leur  devenaient tout aussi fidèles que  si elles  
 eussent été  leurs véritables  épouses 3.  Ni  prières,  ni  
 promesses, ni présens  ne pouvaient les engager à  violer  
 la  foi promise ,  et  le mot  tapou  était l’unique réponse  
 qu’elles  opposaient  à  tous  les  efforts  que  l’on  
 tentait  pour  les  rendre  infidèles.  Déjà  Forster  avait  
 fait la même  observation 4. 
 Quant  à  la  cérémonie  du  mariage  en  elle-même.  Fiançailles,  
 les opinions  sont  divisées  sur ce chapitre. La plupart  
 des  voyageurs  ont  assuré  que  l’homme  peut  choisir  
 parmi  toutes les jeunes filles qui sont libres, et le consentement  
 des  plus proches parens de celle-ci lui suffit  
 ,  quelles que  soient d’ailleurs les dispositions  de la  
 future 3. Le jeune homme  en  est  quitte pour faire les 
 I  Nicholas,  d ü r v . ,   UI,  p-  SgS.  Cruise,  d Ü r v . ,  II I ,  p.  6 5 g. —   2 D’Urville, 
   I I I ,  p.  686.  —   3  Cruise,  dÜ r v .,  I I I ,  p.  6 5 5 .  —   4  Cook,  deux. 
 V o y . ,  I I ,  p.  I I I  - —   5  Cruise,  dÜ rv .  ,  II I ,  p.  6 6 5 .  D’Urville,  II,  p.  280. 
 Rutherford,  d ü r v . ,   I II,  p.  748. 
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