VOYAGE DE L’ASTKOLABE. 169
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Février.
leurs pirogues à terre, restant seul à bord avec
Tawiti. Parmi diverses choses qu’il me raconta, voici
celles que je notai avec plus de soin.
Il n’avait connaissance que de trois navires venus
avant nous dans ce même endroit, savoir : le Koro-
man (Coromandel, capilaine Downie) ; le P a te riki
(sans doute, suivant ce que j’ai soupçonné depuis , le
Saint-Patrick que montait M. Dillon); enfin le Loui-
siann queje supposai un navire américain. — Ce dernier
avait échoué et manqua périr en voulant passer
par le canal de Pakii. — Le district de Tamaki qui
avoisine les bords du Mogoïa reconnaît pour chefs
principaux Rangui, Kaïwaka et Tawiti, tandis que
Manoukao est sous les ordres d’un grand rangatira
nommé Toupaïa, que mes deux botes appelaient leur
père. — Sans doute ce n’était qu’un titre de respect
ou d’adoption, puisqu’ils m’expliquèrent un peu plus
tard que leur véritable père était Houpà, chef puissant,
naguère établi près de l’embouchure du Waï-
Kahourounga ( rivière Tamise ) , mais qui avait succombé
avec une foule de ses guerriers à une épidémie
cruelle qu’ils attribuaient à la.colère du Dieu
des Anglais. — Dans leurs idées superstitieuses ,
c’était l’apparition de M. Marsden parmi eux et l’in-
lercession de ce tohunga ou prophète puissant, qui
leur avaient valu ce terrible fléau ; mais ils ne pouvaient
assigner aucun motif spécieux à cette absurde
opinion. On sait d’ailleurs que, durant tout son
voyage dans ces contrées , M. ùlarsden vécut dans la
plus parfaite intelligence avec ces peuples. Quoi qu’il
en soit, regardant désormais ces lieux comme dévoués
à la vengeance céleste , les enfans de Houpâ et leurs
compagnons frappèrent leurs antiques demeures d’un
éternel lapon, et vinrent s’établir plus au nord de la rive
gauche du golfe Shouraki. — Toute celle côte prend
le nom de Ware-Kawa, tandis que celle de l’est retient
plus particuli^ement celui de Shouraki. Waï-Kato,
situé à trois ou quatre journées de distance vers le
S. S. E. et l’arsenal de ces insulaires, est commandé
par Kanawa et défendu par mille guerriers , qui sur-
le-champ se mettraient en marche, dès qu’on aurait
des nouvelles de l’arrivée de Shongui à la baie Shouraki.
— Rangui me raconta la mort misérable de Hihi,
l'un des plus redoutables compagnons de Shongui,
qui s’était noyé l’année précédente dans le bassin
même où nous étions mouillés. Sa pirogue avait chaviré
dans un grain violent, et son corps était devenu la
pâture des poissons , destinée la plus funeste pour un
guerrier dans les idées de ce peuple. — Mon hôte surtout
ne cessait de répéter avec emphase qu’il avait tué
et mangé Pomare, montrant avec orgueil sa tunique
écossaise , comme trophée de sa victoire, exuvias
indutus Achülis... A l’entendre, il préparait le même
sort à Shongui, dès que cel ui-ci oserait se mesurer avec
lui. — Cependant quand je vins à parler par hasard
de Rangui de Pahia, que j ’avais rencontré à Wangari,
la jactance de mon héros diminua lout-à-coup pour
faii e place à une inquiétude très-marquée et (jui avait
quelque chose de comique. Il s’informa à diverses reprises
des forces de cel ennemi, de ses projets, el sur-
1827.
Février. ! . i