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 Février. 
 leurs  pirogues  à  terre,  restant  seul  à  bord  avec  
 Tawiti.  Parmi diverses choses qu’il me raconta,  voici  
 celles que  je notai avec plus de soin. 
 Il  n’avait  connaissance  que  de  trois  navires venus  
 avant nous dans  ce  même  endroit,  savoir  :  le Koro-  
 man  (Coromandel,  capilaine  Downie) ;  le P a te riki  
 (sans doute,  suivant ce que  j’ai soupçonné depuis ,  le  
 Saint-Patrick que montait M.  Dillon);  enfin le Loui-  
 siann queje supposai un navire américain. — Ce  dernier  
 avait échoué  et manqua  périr  en  voulant  passer  
 par  le  canal  de  Pakii. — Le  district  de  Tamaki  qui  
 avoisine  les  bords  du  Mogoïa  reconnaît  pour  chefs  
 principaux  Rangui,  Kaïwaka  et  Tawiti,  tandis  que  
 Manoukao  est  sous  les  ordres  d’un  grand  rangatira  
 nommé Toupaïa,  que mes  deux botes appelaient leur  
 père. —  Sans  doute  ce  n’était  qu’un  titre  de  respect  
 ou d’adoption,  puisqu’ils m’expliquèrent  un peu plus  
 tard  que  leur  véritable père  était  Houpà,  chef puissant, 
   naguère  établi  près  de  l’embouchure  du Waï-  
 Kahourounga  ( rivière  Tamise ) ,  mais  qui  avait  succombé  
 avec  une  foule  de  ses  guerriers  à  une  épidémie  
 cruelle  qu’ils  attribuaient  à  la.colère du Dieu  
 des  Anglais.  —  Dans  leurs  idées  superstitieuses ,  
 c’était  l’apparition  de M.  Marsden  parmi  eux et  l’in-  
 lercession  de  ce  tohunga  ou  prophète  puissant,  qui  
 leur  avaient valu ce  terrible  fléau ;  mais  ils  ne pouvaient  
 assigner  aucun  motif  spécieux  à  cette  absurde  
 opinion.  On  sait d’ailleurs que,  durant tout son  
 voyage dans ces  contrées ,  M.  ùlarsden vécut  dans la  
 plus  parfaite  intelligence  avec ces peuples. Quoi qu’il 
 en soit, regardant désormais ces lieux comme dévoués  
 à la vengeance  céleste ,  les  enfans  de Houpâ et leurs  
 compagnons  frappèrent leurs antiques  demeures d’un  
 éternel lapon, et vinrent s’établir plus au nord de la rive  
 gauche du  golfe  Shouraki. — Toute celle côte prend  
 le nom de Ware-Kawa, tandis que celle de l’est retient  
 plus  particuli^ement  celui  de  Shouraki. Waï-Kato,  
 situé  à  trois  ou  quatre  journées  de  distance  vers  le  
 S.  S. E.  et  l’arsenal  de  ces  insulaires,  est commandé  
 par Kanawa et défendu  par mille  guerriers  ,  qui  sur-  
 le-champ  se mettraient  en  marche,  dès  qu’on  aurait  
 des nouvelles  de l’arrivée de Shongui  à  la  baie Shouraki. 
  — Rangui me raconta la mort misérable de Hihi,  
 l'un  des  plus  redoutables  compagnons  de Shongui,  
 qui  s’était  noyé  l’année  précédente  dans  le  bassin  
 même  où  nous  étions  mouillés.  Sa pirogue avait chaviré  
 dans un grain violent,  et son corps était devenu la  
 pâture des  poissons ,  destinée  la plus funeste pour un  
 guerrier dans les idées de ce peuple. — Mon hôte surtout  
 ne cessait de répéter avec emphase qu’il avait tué  
 et mangé  Pomare,  montrant  avec  orgueil  sa  tunique  
 écossaise ,  comme  trophée  de  sa  victoire,  exuvias  
 indutus Achülis...  A  l’entendre,  il préparait le même  
 sort à Shongui, dès que cel ui-ci oserait se mesurer avec  
 lui. — Cependant  quand  je vins à parler  par  hasard  
 de Rangui de Pahia, que j ’avais rencontré à Wangari,  
 la jactance  de  mon  héros  diminua  lout-à-coup  pour  
 faii e place à une inquiétude  très-marquée  et (jui avait  
 quelque chose de comique.  Il  s’informa à diverses reprises  
 des forces de cel ennemi, de ses projets,  el sur- 
 1827. 
 Février. !  .  i