VOYAGE
Les nattes des Zélandais sont de différentes dimensions
et de tissus très-variés; dans les unes, les fds ne
sont point tordus, tandis qu’ils le sont dans d’autres
dont le tissu est alors beaucoup plus compacte Llles
sont souvent ornées de bordures à dessins, dont les
(ils sont en grande partie formés de cheveux ou poils
de chien peints de diverses couleurs, réunis et tordus
plusieurs ensemble. Quelques-unes de ces nattes ont
jusqu’à douze et quinze pieds de longueur sur cinq
ou six de largeur ; quand elles sont en outre d’un
tissu très-fin et enrichies de bordures et de dessins ,
elles ont dù conter cinq ou six mois de travail et souvent
davantage 2; plusieurs femmes travaillent quelquefois
ensemble à la même natte 3.
Les étoffes papyriformes des Taïtiens et des autres
habitans de FOcéanie m’ont paru totalement inconnues
des Zélandais ; cependant Cook assure qu’ils en
fabriquaient quelquefois en très-petite quantité, et
comme ornement 4. Ils font souvent des nattes en
peaux de chien cousues ensemble, mais il est rare que
ces peaux ne soient pas au moins doublées en nattes
ordinaires de phormium. Leurs aiguilles sont en os,
et leur fil en chanvre qu’ils tordent sur leurs genoux
ou avec un métier très-simple.
XIV.
M U S I Q U E E T D A N S E .
iiistnimens. Lcs insti’umens de musique de ces sauvages se
I S avage ^ p . 5 3 , 6 9 , — 2 N ic h o la s , d Ü r v . , I I I , p . 6o 5. — 3 N ic h o la s ,
I , p . 1 9 2 . — 4 Cook, p r e m . V o v . , Ï I I , p . 2 . 5 7 .
bornent à deux ou trois espèces de flûtes dont ils
tirent seulement des sons avec le souffle des narines.
Les unes sont des tubes de six ou sept pouces de
long ouverts aux deux extrémités, pourvus de trois
trous d’un coté, et d’un seul de l’autre ■. D’autres
sont composées de deux pièces de bois réunies hermétiquement
par des liures très-serrées, de manière à
former un tube renflé dans le milieu, où se trouve un
seul trou assez large. On souffle par un des bouts, tandis
qu’en fermant plus ou moins l’autre on obtient diverses
modulations. D’autres flûtes ontenfin des trous
de chaque côté outre ceux des deux bouts. Le plus souvent
ces instrumens sont en bois; quelquefois cependant
ils sont en os humains, et presque toujours ornés
de gravures bizarres artistement exécutées , et d’incrustations
de nacre 2.
Les Zélandais tirent de ces flûtes des sons plaintifs
et assez doux quoique discordans 3, et les compagnons
de Marion les ont vus danser au son de ces
instrumens 4. J ’ai aussi observé entre leurs mains des
espèces de lyres grossières à trois ou quatre cordes
qui ne rendaient qu’un son sourd et peu agréable.
Ils se servent de la trompette marine, murex tri-
tonis, percée d’un trou, en guise de cornet pour
s’appeler à de grandes distances, et pour exciter leui'
ardeur dans le combat 3.
I Cook, p r e m . V o y . , I I I , p . 2 9 1 . Crozet, d ’U r v . , I I I , p . 6 8 . — 2 Cook,
d e u x . V o y . , I , p . 2 6 8 . S a v a g e , p . 83 . — 3 Cruise, p . 2 1 2 . — 4 Crozel,
d ’ü r v . , I I I , p . 6 8 , — 5 C o o k, d e u x . V o y . , I , p . 2 6 4 .