1827.
Janvier,
^ VOYAGE
vers la limite de 4 à Ô°; de manière qu’au-delà de
quatre ou cinq cents brasses ce refroidissement n ’éprouve
que des variations peu sensibles.
Bien que le temps fût devenu passable, le vent opi-
màtrément fixé au S. et S. E., joint aux calmes et à la
boule, nous retenait pour ainsi dire à la même place.
Depuis dix-sept jours que nous avions quitté Port-
Jackson, nous avions à peine avancé de cent trente
lieues en ligne directe, et avec des circonstances.ordi-
naires il eut fallu dix jours au plus pour exécuter le
trajet que nous avions à faire. Ce retard aussi surprenant
qu’imprévu me força de modifier le plan d’explo-
ration que j ’avais conçu pour la Nouvelle-Zélande.
Quoique mes instructions me prescrivissent simplement
de passer par le détroit de Cook , et de reconnaître
quelques portions de la côte N. E. de l’île septentrionale
, certain que les travaux de Cook n’avaient
pu être que fort incomplets, et jaloux d’offrir à la géographie
un morceau aussi intéressant, j ’avais le dessein
d’attaquer la Nouvelle-Zélande à la baie Chalky, d’y
faire une courte relâche, puis de prolonger toute la
cote occidentale de Tavaï-Pounamou, dépasser par le
détroit de Cook, et de reconnaître toute la côte orientale
de Ika-Na-Mawi jusqu’au cap Nord inclusivement.
Mais les quinze jours que nous venions de consumer
SI inutilement à lutter contre les calmes, les vents debout
, les courans et les tempêtes, étaient autant de
temps enlevé à celui qu ’il m’était permis de donner à
cette portion de ma campagne. En conséquence, je
renonçai, quoiqu’il m’en coûtât, à la relâche de la baie
(ihalky, et me contentai d’atterrir sur quelque point
de la Nouvelle-Zélande plus rapproché du détroit.
Enfin le 4 , à midi, le vent souffla au N. O ., et fraîchit
peu à peu de cette partie ; nous pûmes gouverner
au S. E. Du re ste , le teiiqis ne s’embellit nullement,
et dès le surlendemain nous éprouvâmes un nouveau
coup de vent très-violent du N. O. qui ne dura pas
moins de cinquante-trois heures, en variant successivement
à l’O., an S. O., au S., et revenant enfin au
S. O. avec une mer fort grosse, un ciel continuellement
chargé et des torrens de pluie. Il est encore bon
d’observer que le baromètre qui n’avait point varié
avec les vents furieux du S. ressentis ces jours derniers
, descendit au contraire d’une manière étonnante
avec ceux du N. O. Du 6 à midi jusqu’au 9 à la même
heure, le mercure resta au-dessous de 27‘’ 7‘, et le 7,
entre quatre heures et demie et six heures du soir, il
fut stationnaire entre 27‘’ 0' et 27*“ 2'.
Ces temps affreux me déterminèrent enfin, le 8 au
soir, à laisser porter à l’E. N. E . , afin d’approcher
plus promptement la côte. Nous étions déjà par 43°
environ de latitude sud, et sans doute, avec un peu
plus d’opiniâtreté, il m’eût été possible d’atteindre
les régions australes de la Nouvelle-Zélande. Mais je
ne devais point perdre de vue les autres objets de
ma mission, et le temps commençait à me presser.
Il faisait encore assez mauvais, nous, recevions de
fréquens grains de pluie, et il régnait une grosse houle
du S. O. ; quand des nuées de pétrels noirs et blancs,
et surtout l’apparition de quelques sternes nous annon1827.
4 janvier,