adressées aux naturels de la baie des Iles in’avaieiU
conduit à penser que les Nouveaux-Zélandais, par
une exception unique sur le globe, avaient adopté
la numération ondécimale ou par onze. Tous les officiers
de la Coquille que je rendis témoins de mes
expériences partagèrent alors mon opinion, et je crois
que quelques-uns d’entre eux, au moins MM. Lesson
et Blosseville, l’ont déjà consignée dans quelques
écrits rendus publics.
Cependant cette opinion n’était qu’une erreur, et
la coutume qui y donna lieu paraît limitée aux babitans
de la baie des Iles. Car toutes les expériences
que j ’ai faites sur d’autres insulaires, dans le voyage
de l’Astrolabe, m’ont convaincu que ces naturels,
comme tous ceux du reste de la Polynésie, emploient
la numération décimale. Tâchons de mieux expliquer
notre pensée :
D’abord il est certain que les noms des dix premiers
nombres sont partout à la Nouvelle-Zélande.
I Tahi. 6 Ono.
2 Doua. 7 Witou.
3 Todoii. 8 AVadou.
4 Wa, 9 Twa.
5 Dima. lo Nga oudou.
Souvent la particule ka se place devant le nombre,
et l’on a ka lahi, ka doua, etc. Cette particule équivaut
à peu près à notre i l y a, ou c’est.
Parvenus à dix, les habitans de la baie des îles qui
avaient placé dix cailloux, dix haricots, en général dix
objets, en plaçaient constamment un onzième qu’ils
nommaient te kau, et disaientÆa te kau. Puis, pour
les nombres suivans, ils disaient ka te kau ma tahi,
ma doua, etc. {ma signifie avec, ensemble) jusqu’à
doua te kau. Ils avaient ensuite tudou te ka u , wa te
kau, etc., jusqu’à rau, qui se trouvait être le nombre
ka te ka u , répété autant de fois qu’il y avait d’unités
dans ce nombre même ou onze fois.
Par suite de ce système, il est certain que ka te
kau valant onze, celui qui eût promis ka tf kau ma
ma porka (11 et d)> eût été obligé de livrer quinze
cochons, comme celui qui eût demandé trente-cinq
mesures de patates en eût reçu ka tobou tf kau ma
botta (3 fois 11 et 2). Eu un mot, c’eût été le véritable
système de numération ondécimale. De là notre erreur
touchant la manière de compter de ces hommes.
Mais, dans le voyage de l’Astrolabe, je m’assurai
qu’à une certaine distance de la baie des Iles, à la baie
Shouraki, déjà le nga oudou et le le kau signifiaient
absolument la même chose, d ix ; plus loin vers le
sud, au détroit de Cook, la dernière désignation te
kau était tout-à-fait inconnue.
Voici ce qu’on doit conclure de tout cela; et dès
1824 M. Kendall me donna la même explication,
qu’alors je ne jugeai pas à propos d’adopter. Le mot
propre pour représenter le nombre dix est nga oudou,
et te kau signifiait simplement que les dix objets
étaient bien comptés, mis à part ; c’était en quelque
sorte un repaire à côté de ces dix objets pour indiquer
que la dizaine s’y trouvait. Il paraît qu’à la baie