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 1827. 
 Janvier. 
 Mftl.  Lotiiii  et Gressien l'urenl expédiés  dans  deux  
 canots  pour  prolonger  chacun de  leur  côté  les  deux  
 bords du canal, en reconnaître les dangers et s’assurer  
 si  la  passe  ])ouvait  effecliveuient  nous conduire  dans  
 la baie  de  rAmirauté. 
 Ils furent près de quatre  heures dans  leurs recherches  
 ,  e t, à leur retour, ils m’apprirent qu’à l’exception  
 du  brisant  qui  se  prolongeait  à  une  bonne  distance  
 de la  pointe du N.  O .,  le  chenal leur avait paru très-  
 sain  dans  toute  son  étendue.  Ils ne pouvaient cependant  
 garantir qu’il  fût encore praticable dans  sa partie  
 ia  plus  étroite,  au  lieu même  où  il  débouche  dans  la  
 baie de l’Amirauté. M. Lottin, qui s’en était approché  
 de plus pi-ès,  l’avait trouve presque entièrement barré  
 par des  roches  à peine  saillantes  hors  de  l’eau;  il  y  
 régnait en  outre un  courant très-violent,  accompagné  
 de remoux et de tourbillons qui avaient failli entraîner  
 son canot  sur  les  brisans,  et  ce  n’était  (¡u’avec  une  
 peine extrême qu’il avait pu se tirer de ce pas périlleux.  
 Cette passe était éloignée d’iine lieue et demie de notre  
 mouillage,  et,  au  retour,  le  courant  avait beaucoup  
 contrarié ces deux officiers ; aussi les canotiers étaient-  
 ils exténués de fatigue. 
 Je m’attendais à voir le vent tomber à la nuit comme  
 de  coutume ; il  n’en  fut  rien ;  au contraire,  il  fraîchit  
 rapidment au N.  0 .  A neuf heures , quand  les canots  
 rentrèrent,  il  était déjà  si fort et avait  soulex'é  une si  
 grosse houle qu’on  eut beaucoup  de peine à les hisser  
 sans  les briser.  De dix à onze heures,  il ventait grand  
 Irais,  la  mer  était  devemie  très-grosse;  la  corvette 
 tanguait  avec une extrême violence  sur  son câble,  et  
 dans les coups  les  plus  fo rts,  la  lame,  sautant pardessus  
 le navire, couvrait en entier le gaillard d’avant.  
 Nous  courions  le  risque  de  sancir  à  lame.  A  onze  
 lieures, je  fis  filer jusqu’à soixante-et-dix brasses  du  
 câble, et quelques minutes après,  ayant chassé sensiblement, 
  nous mouillâmes l’ancre de tribord,  avec la  
 grosse chaîne achetée à Port-Jackson, en filant encore  
 vingt brasses du câble pour la faire travailler. 
 Notre position  était  extrêmement  critique,  car  si  
 la chaîne  et  le  câble  ne  pouvaient  nous  soutenir,  la  
 corvette  allait se briser sur une côte  de  fer dont nous  
 n’étions pas éloignés  de plus  de trois  ou  quatre  encâblures. 
   La  mer  y  brisait  avec  une  telle fureur,  que  
 s’enlr’ouvrir et s’y réduire en morceaux n’eût été pour  
 i  Astrolabe  que  l’affaire  de  quelques  minutes.  Bien  
 certainement  personne  de  l’équipage  n’eût  échappé à  
 cette  catastrophe  :  il  est même  douteux  que  la  côte 
 TOME  II.  4