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 avions éprouvées dans le canal de la Nouvelle-Zélande  
 et  les  inquiétudes  inséparables  de la  navigation  épineuse  
 que nous  faisions  depuis  buit jours  le  long  de  
 cotes très-dangereuses et souvent inconnues ! Le bassin  
 où  reposait  notre  corvette,  abrité  de  toutes  p a rts,  
 nous  offrait  le  coup-d’oeil  le  plus ’pittoresque et promettait  
 à  nos  avides  regards  toutes  sortes  de  découvertes. 
   Un  terrain  agréablement  accidenté,  quoique  
 généralement montueux,  de  fraîches  et  sombres  forêts  
 ,  des espaces plus  éclaircis  recouverts  seulement  
 de  hautes  fougères,  de  belles  plages  de  sable,  attiraient  
 tour a tour notre attention,  et nous gémissions  
 d’être obligés  d’attendre jusqu’au  lendemain pour  satisfaire  
 notre ardente  curiosité. 
 De  leur  coté,  nos  hôtes  continuaient  à  être  fort  
 contens  de  nous  et  ne  manifestaient  aucun  reg re t,  
 aucune crainte sur nos intentions à leur égard.  Cependant  
 tout en eux nous portait à croire qu’ils n’avaient  
 jamais eu de relations immédiates avec les Européens,  
 mais  seulement  des notions  confuses  transmises  par  
 leurs  voisins,  ou  peut-être  par  des  guerriers  de  
 leur  tribu qui les avaient rencontrés dans leurs voyages. 
   Ils  nous  répétaient  souvent  que  leurs  pirogues  
 reviendraient  le  lendemain  avec  des  femmes,  comme  
 si cela devait être d’un puissant intérêt pour nous.  Ils  
 nous  expliquèrent  aussi  que  des  voisins,  armés  de  
 fusds, venaient souvent du N. O.  pour les piller et les  
 exterminer, et ils les redoutaient singulièrement;  souvent  
 ils nous demandaient si nous n’allions pas les tuer 
 et les manger, témoignant ouvertement le plaisir qu’ils  
 en  éprouveraient.  Ils  cultivent  la  pomme  de  terre,  
 mais n’ont point  de cochons qu’ils ne connaissent que  
 de  nom,  Poaaka.  Pour  lit,  je  leur  fis  donner une  
 voile,  dans  laquelle ils  s’enveloppèrent,  et  ils  dormirent  
 dans la  chaloupe d’un  sommeil  excellent. 
 Le  lendemain  de  bonne  heu re,  tons  les  travaux  
 commencèrent  à  la  fois.  MM.  Jacquinot  et  Lottin  
 allèrent  établir leur observatoire sur une petite plage  
 de  sable  auprès  de  laquelle  se  trouvaient  quelques  
 cases  abandonnées.  MM.  Cuilbert  et  Dudemaine  
 commencèrent  le  plan  de  l’anse  de  l’Astrolabe,  et  
 une corvée fut envoyée au bois. 
 Vers  huit heures  du  matin,  trois  pirogues  arrivèrent  
 le  long  du  bord,  contenant  environ  quarante  
 personnes.  Deux  de  ces  pirogues  étaient  celles  que  
 nous  avions  vues  la veille,  la  troisième  contenait de  
 nouvelles figures. Les sauvages n’amenèrent cette fois  
 que trois femmes qui restèrent cachées sous des nattes  
 tant que les  pirogues  furent  près du navire ,  et qui,  à  
 te rre ,  s’enfuyaient dans les fougères lorsqu’on voulait  
 approcher d’elles. 
 Ces  insulaires  restèrent  assez  long-temps  jirès  de  
 la corvette ,  occupés à échanger des na tte s,  du  chanvre  
 de leur pays  et divers  objets pour  des bagatelles  
 d’Europe.  En  général,  ils  déployèrent  beaucoup  de  
 douceur et même de bonne foi dans leurs marchés,  et  
 on  n’eut  vraiment  qu’à  se  louer  de  leur  conduite.  
 Quand ils eurent fini, ils gagnèrent la plage de l’observatoire  
 ,  tirèrent leurs  pirogues  à  terre et  s’établirent 
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