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 dans son second voyage, avait désigné sous le nom de  
 Baie de Tasman. 
 Les  relâches de ce célèbre navigateur  avaient procuré  
 des notions assez étendues sur les baies de l’Amirauté  
 et  de  la  Reine-Charlotte.  Je jugeai  donc  que  
 nous  pourrions  rendre  plus  de  services à  la géographie, 
   en  conduisant  la  corvette  au  mouillage  de  la  
 baie Tasman, qu’aucune expédition n’avait encore fait  
 connaître. 
 Depuis  le  matin,  M.  Cuilbert  avait  succédé  à  
 M.  Cressien  dans l’exécution  des  travaux  hydrographiques  
 ,  et  il  fut  chargé  de  toute  la  partie  relative  
 au  détroit  de  Cook.  Nous  ferons  observer  ici  que  la  
 tâche  de  l’officier  de  géographie  était  extrêmement  
 pénible. 
 Depuis  la  pointe  du  jour jusqu’à  la  nuit  close,  il  
 restait fixé près du compas,  afin de ne laisser échapper  
 aucun relèvement utile à son travail,  et de multiplier  
 les données nécessaires  pour  atteindre toute la précision  
 possible.  Rarement  il  quittait  son  poste  pour  
 prendre  ses  repas  à  la  h â te ,  et  des  grains  violens  
 pouvaient  seuls  l’en  écarter  momentanément.  Puis  
 quand  il  avait  terminé la  portion de côte qui lui avait  
 été  assignée,  jusqu’au  temps  où  son  tour  devait  
 revenir,  tous  les  instans  que  lui  laissait  le  service  
 étaient consacrés  à  en  dresser  la  carte,  genre  de travail  
 q u i, pour être moins  fatigant, n’en  était ni moins  
 délicat,  ni moins  assujettissant. 
 En  avançant vers  le  su d , nous  vîmes que  le vaste  
 enfoncement compris entre les terres du cap Farewell 
 d’une p a rt,  et celles  du  cap  Stephens  de  l’au tre ,  et  
 que Cook  nomma  Baie  des Aveugles  dans  son  premier  
 voyage,  se  divise  en  deux  bassins  très-distincts  
 ,  par  une  pointe  remarquable  que j’ai nommée  
 Pointe de Séparation. Le bassin de l’ouest, que Cook  
 appela  baie  du Massacre,  est resté assez  vaguement  
 tracé  sur  notre  carte,  attendu  qu’à  la  distance  où  
 nous  passâmes  nous  ne  pûmes  guère  en  saisir  que  
 l’ensemble. 
 Au contraire, le bassin méridional, auquel j’ai conservé  
 ,  d’après Cook dans son second voyage, le nom  
 de Baie Tasman,  devint plus  particulièrement l’objet  
 de notre attention , et c’est de lui seul qu’il sera désormais  
 question. 
 Nous  poursuivions  notre  route  au  sud,  lorsqu’à  
 quatre heures  le  vent  sauta subitement au S.  S.  E . ,  
 avec  apparence  de  mauvais  temps;  nous  eu  fûmes  
 quittes  pour  quelques grains.  Mais peu jaloux de louvoyer  
 par un vent contraire, je profitai d’un bon fond  
 de vase molle pour laisser tomber l’ancre par vingt-six  
 brasses,  afin  de  passer la  nuit.  Elle  fut belle ,  et  au  
 calme qui dura jusqu’à une heure  du matin ,  succéda  
 une petite brise  du  sud qui  augmenta  par  degrés  et  
 souffla avec  assez de force au point  du jour. 
 Au mouillage,  une vue imposante s’étendait autour  
 de nous. Deux côtes élevées bordaient la baie jusqu’au  
 fond,  et  celle  de  l’ouest,  plus  rapprochée,  nous  
 offrait  la verdure la plus  riante  et d’agréables  forêts.  
 Le fond semblait occupé par des terres plus basses,  a  
 peine  visibles  et  que  dominait  au  loin  une  chaîne 
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