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30 VOYAGE
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dans les cases voisines. Il me fut très-agi'éable de les
voir se fixer près de nous ; rien ne pouvait mieux nous
PI. X X X V I II . démontrer leur confiance et la sincérité de leurs intentions.
En o u tre , ainsi placés sous la volée même de nos
canons , le moindre attentat de leur part eût été suivi
d’un châtiment prompt et sévère.
Après m'étre assuré des dispositions pacifiques des
naturels et avoir d’ailleurs tout préparé, s’ils en témoignaient
d’autres, pour les réprimer promptement,
je descendis à neuf heures et demie, suivi de M. Les-
son et du matelot Simonet, à la plage qui porte le
Pl. X X X IX . nom d’Aiguade sur notre carte. En effet, la première
chose que j ’y remarquai avec joie, fut un joli ruisseau
de l’eau la plus limpide qui venait en serpentant dans
le sable se décharger à la mer, et où notre chaloupe
pouvait, à marée haute, faire toute notre eau avec
la plus grande facilité.
Le terrain environnant est très-inégal, montueux
et difficile à pratiquer. Au premier abord, je fus frappé
du rôle que jouaient, dans la végétation d’un climat
déjà si éloigné de la ligne, des fougères de toute espèce
identiques avec celles des tropiques, ou du moins parfaitement
analogues. Les espèces ligneuses et même
arborescentes habitent en foule les ravins humides,
tandis que des coteaux tout entiers sont occupés par
celle dont la racine fournit une substance alimentaire
aux habitans de ces régions. Les phanérogames y sont
très-peu variées par rapport aux fougères ; la saison
étant trop avancée, peu d’entre elles offraient des
fleurs ou des fruits. C’est ce qui avait lieu surtout pour
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les arbres, dont plusieurs se faisaient remarquer par
l’élégance de leurs formes comme par la beauté et la
solidité de leur bois. Parmi les plantes parasites, j ’ai
observé de beaux Epidendrum ou Dendrobium ; aucune
lige de Phormium ne s’es t présentée à mes regards.
Aucune espèce d’insectes coléoptères, autre qu’une
cicindèle sabulicole, aucun papillon diurne, ne vient
animer la scène. Il y a cependant bon nombre d’oiseaux
: j’en tirai de sept à huit espèces, el j’en vis
plusieurs autres que je ne pus atteindre. Il est digne
de remarque qu’ils sont tous farouches, à l’exception
d’un moucherolle qui est d’une familiarité
excessive.
Dès qu’on s’arrête dans quelque partie d’un bois,
on est sûr de voir paraître au moins un ou deux
de ces oiseaux autour de soi. Ils vous considèrent
en silence et comme avec curiosité; si vous restez
vous-même immobile, ils poussent la confiancejusqu’à
venir se percher sur votre canne ou sur le canon de
votre fusil. Le beau merle à cravate ( Certhia circin-
nata de Forster) est commun dans ces bois. Un rat
fut l’unique quadrupède q u e j’aperçus.
Le cîel s’est couvert sur les quatre heures après-
midi ; bientôt la pluie est tombée et a été continuelle
jusqu’à minuit. Le temps est resté chargé, et la pluie a
recommencé au jour pour durer jusqu’à midi.
Une nouvelle pirogue est arrivée, et ceux qui la
montaient se sont réunis aux autres. Ils viennent de
temps en temps à bord pour continuer leurs marchés
aussi paisiblement qu’à l’ordinaire, et s’en retournent
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