taine de livres p o u r uii mauvais couteau de deux ou trois
sous.
Un objet de commerce non moins imp o rtan t p eu t-ê tre , ce
sont leurs jeunes filles, et quelquefois même leurs femmes,
qu ils offrent aux étrangers p o u r des colliers, des mouchoirs et
de la poudre. Plusieurs Zélandaises passèrent la n u it à b o rd
où elles trafiquèrent de leurs charmes'. Ce qui les caractérisait
spécialement, c est qu’elles dérobaient avec u n singulier plaisir-
to u t ce qui leu r tombait sous la main, su rto u t lorsque le hasard
les conduisait dans q u e lq u ’une des chambres de l’é ta t-m a jo r.
Montres, draps de lit, oreillers, e tc ., elles faisaient main basse
su r to u t. I l est bon de dire que ce q u ’on leu r donne et ce
qu’elles peuvent dérober devient b ien tô t la propriété du ch e f,
heui-euscs lorsque celui-ci se borne à les dépou ille r sans les
maltraiter.
Le dessin que M. de Sainson a fait de l’aiguade de Cook en
donne une excellente idée.
{ E x tr a it du J o u rn a l de M. Gaimard.')
Cette petite baie est trop ouverte p o u r être bien peuplée.
Nous firmes entourés d’un assez g ran d nombre de p iro g u e s ,
parmi lesquelles il y en avait de fo rt belles p o rtan t environ
ti-entc rameurs. La manière do n t ils n agent étan t assis donne
a ces embarcations au tan t d’élégance que de majesté ; elles
n ’o n t p o in t de balanciers et leu r fond est fait d’un seul tronc
d’a rb re . Nous achetâmes p o u r des haches et des hameçons
des pommes de terre et plus de cochons que nous ne pouvions
en n o u rrir. On en o b tin t même p o u r des couteaux. Les
femmes de leu r coté échangeaient leurs faveurs contre des
colliers et des m o u ch o irs, mais jamais a u trem e n t, et toutes
étaient portées à ce commerce p a r le seul désir d’o b ten ir ce
qu on leu r offrait, et de plus ce q u ’elles pouvaient a ttra p e r; car
elles sont très-voleuses. C’est a in s i, p a r c.xemple, que dans des
mstans où l’on fait peu d’a ttention à ce qui se passe au to u r de
s o i, elles au contraire s’occupaient à désenfilcr les boucles dos
rideaux qui sc trou v a ien t au-dessus de leu r tête p o u r les emp
o r te r , à p rendre to u t ce qui se tro u v a it à leu r p o rté e , serviettes,
bonnets , draps de l i t , jusq u ’à un énorme oreille r en
plume que l’une d’elles cherchait à dissimuler sous son bras.
Un de nos Messieurs eut sa montre , qui était de p r ix , enlevée;
il la retrouva heureusement dans les mains d’un ch e f, car c’est
à eux que finissent p a r revenir les choses qu’on donne à ces
malheureuses , ou qu’elles volent.
{E x tr a it du Journal de M . Quoy.')
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J ’expédiai les deux petites embarcations sous les
ordres de MM. Lottin et Dudemaine.
Le calme q u i rég n a it p e rm it aux deux canots de s’avancer
rapidement vers la baie. Nos passagers considéraient avec cu riosité
chacun des objets de la b a le in iè re , s’en expliquaient
l’usage, et se com m uniquaient vivement leurs réflexions; nos
longs avirons a ttirè ren t d’abord leu r attention : ils suivaient
avec la tête leu r mouvement c ad en c é , poussant des exclamations
p o u r exciter l’a rd eu r des m a te lo ts, et b ie n tô t, mettant la
main à l’oeuvre avec une gaieté b ru y a n te , ils firent tellement
p lier les rames, q u e , dans la crainte de les voir en morceaux,
je pria i les naturels de rester tran q u ille s spectateurs de la manoeuvre.
Un d’eux, avec une pantomime expressive, en trep rit alors
de nous d émo n tre r la supé riorité des pagaies sur les avirons ; ces
derniers lu i paraissaient d’une lo n g u eu r incommode, et exiger
plusicurs hommes p o u r conduire u n c an o t, tandis q u ’une seule
pagaie fait voler une p iro g u e , en la passant alternativement
d’un côté à l’autre . U n second n a tu re l fit observer que chaque
matelot to u rn a it le dos à l’endroit où il voulait alle r, ce qui
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