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 toute  prête  à  être  attirée à  la surface  au  moyen  d’un  
 liamcçon  qui la tenait  attachée à un  immense  rocher.  
 Mawi-Potiki la  reçut ainsi  préparée des mains  de  son  
 frère,  l’entraîna  à  la  surface  de  l’eau  et  lui  donna  la  
 forme  qu’elle  a  aujourd’hui  ;  il  préside  en outre  aux  
 maladies  humaines,  et le plus  important de ses  privilèges  
 est  de  pouvoir  donner  la  vie  que  Tipoko  seul  
 peut  retirer  '.  Connu  sous  le  nom  seulement  de  
 Matiit,  ce dieu joue  un  très-grand  rôle  dans  les opinions  
 superstitieuses  de  ces  peuples ;  car  on  conçoit  
 facilement que  les  fonctions  des  trois Mawi  peuvent  
 se  confondre  et  se  réunir  sur  un  seul  et  même  être  
 dans  leurs  idées.  Suivant  Forster 2, Mawi  était aussi  
 adoré aux  îles de  la Société;  suivant M.  Ellis ,  Mawi  
 n’aurait  été  qu’un  prophète  très-célèbre  dans  ces  
 mêmes  îles  3.  Enfin,  selon  Mariner ,  Mawi,  nouvel  
 Atlas,  supportait  la  te rre,  et  ses  mouvemens  occa-  
 sionaient les  tremblemens  de terre 4. 
 Heko-Toro,  dieu  des  charmes  et  des  encbante-  
 mens,  perdit jadis  sa  femme;  il  alla  la  chercher  en  
 plusieurs  endroits  inutilement,  et ne la trouva  enfin  
 qu’à  la  Nouvelle-Zélande.  Au  moyen  d’une  pirogue  
 suspendue au ciel par les deux bouts,  ces deux époux  
 rejoignirent leur  demeure  céleste ,  on  ils  brillent encore  
 sons la forme d’une constellation 3. 
 Serait-il vrai que les Zélandais  croient  que  le  pre- 
 I  Nicholas,  d ü rv .,  III,  p.  5 8 i .  —  2  Cook,  deux.  Voy., V ,  p.  143. —  
 3  IV.  Ellis,  Polynes. Research.,  II ,  p.  53  et  suiv.  — 4 Mariner,  Account  
 of Tonga,  I I ,  p.  iio .  —  5 Nicholas,  d’Urv.,  III,  p.  58 a. 
 DE  L’ASTROLABE. 615 
 mier homme fut créé par le concours  des  trois Mawi,  
 que  le premier eut  la plus grande  part à cette oeuvre,  
 et qu’enfin  la  première  femme  fut  formée  d’une  des  
 côtes  de  l’homme?...  Ce  serait  un  rapprochement  
 bien singulier avec les traditions  de la Genèse.  Ce qui  
 rendrait cette  analogie  plus  remarquable encore,  serait  
 le nom à’Iw i ,  que  ces  insulaires  donnent  aux  os  
 en général, et qui pourrait bien n’être qu’une corruption  
 du nom de  la mère du genre humain,  suivant les  
 écrits de Moïse  '. 
 L’histoire de Rona qui  tomba  dans un puits ,  s’accrocha  
 à  un  arbre  et  fut  ensuite  transporté  dans  la  
 lune, où on le volt  encore  aujourd’hui,  est moins  re marquable. 
   Elle  rappelle  cependant  les  contes  de  
 bonne  femme  accrédités  en  certains  pays  touchant  
 l’homme  dans  la  lune  2,  man  in  the moon  3,  et  démontre  
 qu’aux  deux  bouts  du  diamètre  de  la  te r r e ,  
 l’esprit  humain  a  le  même  penchant  aux  fables  les  
 plus  ridicules,  aux  croyances les plus  absurdes.  Ce  
 serait peut-être le meilleur argument à opposer au système  
 de ceux  qui veulent  que  la race  humaine  ait eu  
 autant de berceaux distincts que de nuances marquées  
 dans  sa  constitution  et  dans  son  organisation  physique. 
 Les  naturels  ont  des  dieux  qui  président  à  certaines  
 localités,  comme  celui  qui  habite  la  caverne  
 des îles Manawa-Tawi 4,  celui  qui  préside  aux  deux 
 ï  Nicholas,  d ü r v . ,   I I I ,  p.  582. —   2  Savage,  p.  2 1 . Blosseville,  d’ü r v .,  
 I I I ,  p.  699.  —   3  Nicholas,  d’U rv .,  III,.  p.  583.  —   4  Kendall,  dÜ r v .,  
 I I I ,   p.  2 36.