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 1827, 
 Mars. 
 plus  qu’un  jeune  lionnne  qui  avait  résisté  à  tous  les  
 clibrts  tentés  pour  le  renvoyer,  en  déclarant  qu’il  
 voulait nous suivre partout. 
 Alors  les  maîtres  s’avancèrent  pour  m’apprendre  
 qu’en  effet,  dès  le  moment  où  la  corvette  avait  
 mouillé,  ce jeune  insulaire  s’était  établi à  bord,  tra-  
 vadlant comme  un  véritable matelot  et  se  contentant  
 du reste des plats.  Soumis,  actif et intelligent, ¡1 avait  
 annoncé  la  détermination  de  rester  sur  {Astrolabe  
 jusqu’au  moment  où  on  le  jetterait  hors  du  bord.  
 Dtjà ,  par  ses  manières  et  son  heureux  caractère,  il  
 avait  su  captiver  l’amitié  et  l’intérêt de tous les matelots. 
  Je le fis appeler,  et je vis un petit homme  tra p u ,  
 alerte  et  dégourdi,  qui,  à  cela près  de deux  ou  trois  
 légers  traits de tatouage sur les lèvres ,  aurait pu aisément  
 passer  pour  un  Provençal  ou un Sicilien très-  
 brun. Je le questionnai dans son langage moitié zélan-  
 dais,  moitié  anglais  corrompu.  J ’appris  qu’il  n’était  
 point né a  la baie des  lies.  Dès son  enfance,  il  avait  
 été  esclave  dans  la  tribu  de  Korora-Reka.  Après  
 avoir  vu  sacrifier  ses  compagnons  aux  obsèques  des  
 derniers  rangatiras,  il  redoutait  de voir  arriver  son  
 tour  qui  devait  être  le  premier.  Il  avait  déjà  servi  
 sur  deux  navires  baleiniers  et  ne  se  plaignait point  
 de  ce  métier.  Toutes  les  prières,  les  promesses  et  
 les  supplications  qu’il  put  imaginer,  il  les  employa  
 pour me déterminer  à l’emmener  avec moi.  Attendri  
 par ses instances et touché du sort qui le menaçait, j ’ai  
 pensé que ce serait un acte d’humanité que de le prendre  
 avec nous ,  sauf à le laisser ailleurs,  si cela lui plaisait. 
  Dès qu’il a eu l’autorisation de rester avec nous, ce  
 pauvre  garçon s’est  livré  d’abord aux démonstrations  
 de  la  joie la plus  extravagante;  puis  il  s’est  remis,  a  
 pris  un  maintien  plus  assuré,  et  a  déclaré  d’un  ton  
 fort  résolu  aux  naturels  qui  l’attendaient  dans  leur  
 pirogue ,  qu’à présent il était Youroupi  ( Européen ) ,  
 en  conséquence tapou-tapou,  et que personne n’avait  
 droit  sur  lui  que  le  rangatira  rahi  du Kaïpouke.  Les  
 autres ont paru faire peu d’attention  à cette nouvelle ;  
 au moment de prendre définitivement congé de nous,  
 une femme  esclave seule  s’est approchée  de Kokako,  
 lui  a  fait  ses  adieux  par le  salut  shongui  en  versant  
 quelques  larmes,  et tout a  été fini.  Je  l’ai fait inscrire  
 sur le rôle comme domestique, et lui ai fait donner des  
 bardes  qu’il  a tout  de  suite  portées  avec  la même aisance  
 que  s’il  les  eût mises  toute  sa  vie. 
 MM.  Jacquinot et Lottin sont encore allés prendre  
 ce matin des  angles horaires pour  conclure la marche  
 des montres,  tandis que tout se préparait pour l’appareillage. 
   A  dix  heures vingt minutes,  nous avons  dérapé  
 et  fait  route pour  sortir de la baie ;  il  était alors  
 pleine  mer,  et  nous  avons  ti'ouvé vingt pieds  sur  le  
 banc qui nous avait  arrêtés  en  entrant.  La brise soufflait  
 au N .  E.,  il a fallu courir des bordées pour sortir  
 de la baie,  et ce n’est qu’à la troisième  que nous avons  
 pu  atteindre  le  large  en  passant à trois encâblures du  
 singulier rocher Wiwia. Nous avons revu très-distinctement  
 l’écueil de Cook,  au N. O. de l’îlot Okahon,  et  
 M.  Lottin  a pris  dessus de nouveaux relèvemens. 
 Enfin,  l’Astrolabe  quille  les  eûtes orageuses de  la 
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