
 
        
         
		274 NOT ES. 
 PAGE  17,3. 
 Je  renverrai au récit de M. Lottin. 
 Le  calme  nous  ayant  forcé  de  laisser  retomber  l’anc re   peu  
 après  notre  appareillage  ,  le  commandant  v o u lu t  u tilise r  le  
 temps  que  nous  allions  passer dans  ces  parages  inconnus.  Les  
 n a tu re ls,  dans leurs p iro g u e s,  paraissaient avoir des intentions  
 pacifiques ;  leu r c h e f,  qui  était  sur  le  p o n t,  nous raco n ta it scs  
 exploits,  sa  victoire  récente  su r  le  malheureux  P om a re ,  et  
 p eignait  avec  une  énergie  féroce  sa  joie  en  dévorant  le  cadavre  
 de  ce  redoutable  ennemi.  Il  consentit volontiers  à  passer  
 la journée  sur  la  co rv e tte ,  assurant  ainsi  la  tran q u illité   des  
 canots envoyés  hors  de  vue  du  navire. 
 A  n eu f  heures  et  demie,  je  partis  dans  la  b a le in iè re ,  avec  
 MM.  G u ilb e rt,  Gaimard  et F araguet ;  nous  devions  remonter  
 le W a ï-M o g o ïa ,  et  vérifier l’assertion  des indigènes  qui  affirmaient  
 q u ’en  cet en d ro it  la  terre  de  la Nouvelle-Zélande p o u v 
 ait  se  traverser  en  peu  d’in s ta n s ,  et  qu’on  a rriv a it  ainsi  à  la  
 mer qui  baigne ses  côtes  occidentales. 
 A  onze heures,  nous  entrions  dans la  rivière ;  après son  embou 
 ch u re  ,  rétréc ic  p a r  une  langue  de  s a b le ,  elle  formait  un  
 vaste bassin  d’un mille et demi de largeur su r deux de lon g u eu r,  
 où  l’eau  était sa um â tre ,  et  a u -d e là   duquel la mer, basse  alors,  
 laissait  voir les bancs de  vase  qui  obstruent  son  lit et le réd u i sent  
 à  un  canal  sinueux  do n t  la  la rg eu r  varie  de  5o  à  200  to ises, 
   et navigable  seulement p o u r les petites embarcations. 
 A  m id i,  nous  avions  traversé  le  premier  bassin ;  l’eau  était  
 p o ta b le ;  les  sinuosités  de  la  rivière  nous  firent  passer au  pied  
 d’u n   village  ou  lieu  de  repos  (moe-moe) ,  situé  su r  la  rive  
 gauche  et  nommé  O u ro u ro a ;  une  immense  quantité  de p o isr  
 sons  séchait  à  l’a ir  ,  étendue  sur des  pe rch e s,  et  exhalait une  
 odeur  insupportable.  Les  naturels a c co u ru ren t su r  le  sommet 
 1 1 - ,  f; i'ii 
 NOT ES. 275 
 de la falaise, attirés par la  curiosité  ;  ils causèrent bruyamment  
 avec notre   guide  ta n t que  le  p e rm it  la  vitesse  de notre   rou te  ,  
 e t plusieurs  enfans nous suivirent  en  co u ran t sur le  rivage. 
 E n   a v a n ç a n t,  le  terrain  devint bas ,  couvert  de  hautes h e rbes  
 ,  et  coupé  de  petits  ruisseaux  d’une  eau presque stagnante ;  
 plusieurs monticules isolés et peu  élevés dominaient la  p la in e ,  
 rap p e lan t les tum u lu s  de la  Grèce. 
 A midi cinquante minutes,  la rivière sc te rm in a it subitement  
 par un  bassin  de  200  toises  de  la rg e u r,  n’offrant plus au -d e là   
 qu’un  simple  filet d’eau.  Nous  débarquâmes  su r  la vase ,  et  la  
 garde  du  can o t  fut  confiée  à M.  F a rag u e t ;  nous  étions  alors  
 à  sept  milles de la  corvette  et  à environ  trois milles et demi en  
 droite  ligne  de  l’cmboucburc  du  Mo g o ïa ,  do n t  la  direction  
 générale  est  du  S,  i;4  S.  0 .   au N.  i;4   N.  E . 
 A  midi  c in q u an te -c in q   m in u te s ,  nous  prîmes  un  sentier  
 frayé  à  travers  les  hautes  herbes  et  qui  paraissait  une  route  
 fréquentée  p a r   les  n a tu re ls;  la  disposition  du  terrain  nous  
 empêchait  de vo ir  au  loin  devant  nous  ,  et  à  une  heu re   cinquante  
 m in u te s,  nous  nous  trouvâmes  sur le b o rd   de  la mer,  
 de  l’autre  côté ;  nous  avions  donc  mis  c in q u an te -c in q   m in u tes  
 à traverser la Nouvelle-Zélande qui  p eu t avoir à cet en d ro it  
 deux milles  de  la rg eu r. Nous  avions sous  les yeux  l’apparence  
 d’un lac immense ;  nous goûtâmes l’eau qui était salée,  et apercevant  
 une  colline  dans les env iro n s,  nous nous dirigeâmes  de  
 ce  côté  dans  l’inten tio n   de  p ren d re   une  idée  plus  exacte  des  
 localités.  Une  p irogue  était  à  la  pêche ;  les yeux perçans des  
 naturels  nous  eu ren t b ien tô t  déco u v e rts,  ils  ramèrent su r-le -  
 champ vers la   c ô te ,  et aussitôt une tro u p e  nombreuse  et armée  
 nous environna ;  après quelques momens d’entretien avec notre  
 g u id e ,  cette b ru y an te  escorte nous accompagna devant le chef  
 du pays. 
 Nous  passâmes  près  de  quelques  butte s  d’ou  s’exhalait  l o -   
 deur  infecte  de poisson  en  p u tréfac tion ;  aucune  palissade  ne  
 les  p ro té g e a it,  c’était  une  espèce  de  camp  volant  p rê t  à  être  
 quitté   à  la  première  annonce  de  l’ennemi.  Plusieurs  jeunes