et de tohounga ; encore, cela n’eût peut-être pas suffi
s’il n’eût menacé les naturels de canonner Rangui-
Hou dans le cas où ils eussent persisté dans leurs
refus
L’Atoua, disaient-ils, était occupé à dévorer les entrailles
de Doua-Tara , et ce chef périrait, mate moe,
dès qu’elles seraient toutes dévorées s. Pour mieux le
soustraire à tout rapport avec les étrangers, ses amis
voulaient d’avance le transporter sur l’île isolée où il
devait être inhumé : mais Doua-Tara les en empêcha
au moyen d’un pistolet dont il était armé et dont il les
menaçait quand ils voulaient s’approcher de lui. Quelque
temps avant sa m o rt, ses femmes et ses parens
veillaient autour de lui et attendaient en silence le moment
où il allait expirer. Le prêtre ne le quittait point
non plus ; il veillait à l’accomplissement de toutes les
cérémonies réquises en pareille circonstance, et ne
permettait pas que rien se fit sans son entremise 5.
Ils croyaient en général que la mort de Doua-Tara
avait été causée par les prières de W are qui s’était
ainsi vengé de ce chef pour les coups de fouet qu’il en
avait reçus 4.
Tous les ustensiles qui ont servi à une personne durant
sa maladie sont taboués et ne peuvent plus servir
à nul autre au monde; ils sont brisés ou déposés près
du corps du défunt. A la mort de Doua-Tara, les missionnaires
furent obligés de renoncer aux vases dans
lesquels ils lui avaient apporté des vivres ou des potions
'.
Tout homme qui travaille à construire une pirogue,
une maison, est soumis au tapou ; mais en ce cas l’interdiction
se réduit à lui défendre de se servir de ses
propres mains pour manger ; il n’est pas exclu de la
société de ses concitoyens 2.
Les plantations de patates douces ou koumaras sont
essentiellement tapou, et l’accès en est soigneusement
interdit à qui que ce soit durant une certaine période
de leur crue. Des hommes sont préposés à leur garde
et en éloignent tous les étrangers. De grandes cérémonies
accompagnent toujours la plantation et la récolte
de ces précieuses racines 3.
Pour les planter, les chefs se revêtent de leurs plus
beaux atours, et procèdent à cette importante opération
avec toute la gravité possible. Un de ces chefs
voyant un jour le ciel sillonné de nuages blancs, disposés
d’une façon particulière, fit observer à M. Kendall
que l’Atoua plantait ses patates dans le ciel, et
qu’en sa qualité d’Atoua sur la terre il devait imiter
l’Atoua du ciel en ces occasions 4.
Lorsque je visitai le village et les forêts de Kawa-
Kawa , toutes les instances, tout le crédit du missionnaire
qui m’accompagnait ne purent obtenir des naturels
la permission de nous laisser passer en vue de
ces cultures sacrées 3.
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