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 542 VOYAGE 
 que les hommes,  les femmes  sont assujetties à ces de  
 monstrations cruelles de  sensibilité.  Malheur à celles  
 qui viennent à perdre consécutivement plusieurs proches  
 parens  ;  leur figure  et  leur  gorge ne  seront durant  
 long-temps  qu’une  plaie  sanglante,  car  ces  démonstrations  
 se  renouvellent plusieurs fois pour chaque  
 personne. 
 Au lieu  de  laisser  le  cadavre  étendu  tout  de  son  
 long, comme  en  Europe,  les  membres sont  oï dinai-  
 renient  ployés  contre  le ventre  et  ramassés  en paquet  
 I.  Le  corps  est  ensuite  porté  et  inhumé  dans  
 quelque  endroit  isolé,  entouré  de  palissades  et  taboué. 
   Des  pieux,  des  croix  2  ou  des  figures  sculptées  
 et rougies à l’ocre, annoncent la tombe d’un cbef :  
 celle d’un  homme  du commun  n'est indiquée que pat-  
 un  tas  de  pierres  3. Ces  tombes  portent  le  nom  de  
 oudou p a ,  maison de gloire. 
 On  dépose  sur la  tombe  du mort  des  vivres  pour  
 nourrir  son waidoua ;  car  bien  qu’immatériel,  il  est  
 encore,  dans  la croyance de ces peuples,  susceptible  
 de  prendre  des  alimens.  Un jeune  homme  à  toute  
 extrémité  ne  pouvait  plus consommer  le  pain  qu’un  
 missionnaire  lui  offrait,  mais il  le  réserva  pour  son  
 esprit qui reviendrait s’en nourrir, disait le moribond,  
 après  avoir quitté son  corps et avant de  se mettre  en  
 route pour le cap Nord 4. 
 >  Kendall,  dÜ r v .,  II I,  p.  i i g .   Omise,  d’Urv.,  III,  p,  6 4 3 .  —   2  Cook,  
 prem. V o y .,  III,  p.  19 4. —   3  Savage,  p.  9,4. Nicholas,  I ,   p.  3 9 7 ,  d’ürv-,  
 m ,   p.  5g 3.  Cruise,  d’Urv.,  III,  p.  645. Blosseville,  d’ü r v .,  III,  p.  69«.  
 —   4  Leigh,  d 'U rv .,  III,  p.  4 7 1 . 
 DE  L ’A S l'R O l.A B E . 543 
 Un  festin  général  de  toute  la  tribu  termine  ordinairement  
 la  cérémonie ;  on  s’y  régale  de  p o rc ,  de  
 poisson et  de patates,  suivant les moyens  du défunt.  
 Les  parens  et  les  amis  des  tribus  voisines  y  sont  
 conviés  '. 
 Le corps  ne  reste en terre que le temps  nécessaire  
 pour que la corruption des  chairs leur permette de se  
 détacher facilement des  os.  Il n’y  a pas  d’époque fixe  
 pour  celle opération;  car  cet  intervalle  paraît varier  
 depuis  trois mois  jusqu’à  six mois,  et  même un  au.  
 Quoi  qu’il  en  soit,  au  temps  désigné,  les  personnes  
 chargées  de  cette  cérémonie  se  rendent à la tombe,  
 en retirent  les  os,  et  ont  soin  de  les  nettoyer  avec  
 soin :  un  nouveau  deuil  a lieu  sur  ces  dépouilles  sacrées  
 ,  certaines  cérémonies  religieuses  sont  accomplies  
 2 ;  enfin les  os sont  portés  et solennellement déposés  
 dans  le sépulcre  de  la  famille.  Dans  ces  sépulcres  
 qui sont des caveaux ou des  grottes  formées par  
 la nature,  les  ossemens  sont  communément  étendus  
 sur  de petites  plates-formes  élevées  à  deux  ou  trois  
 pieds au-dessus du sol 3. 
 Il paraît qu’il y a des circonstances où les  cadavres  
 ne seraient point-inhumés, et où ils seraient conservés  
 dans  des coffres hermétiquement fermés, ou déposés  
 immédiatement sur des plates-formes, comme cela eut  
 lieu  pour  le  père  de Wiwia 4,  pour  cet  enfant  que 
 I  Kendall,  d’Urv.,  III,  p.  1 1 9 ,  —   2  Kendall,  d’ü r v .,  I I I,  p.  228.  
 Cruise,  d’U rv.,  III,  p.  6 /(5 .  D’Urville,  II ,  p.  23 o,  —   3  Marsden,  d’Urv.,  
 III,  p.  32.4 .  —   4  Marsden,  d’U rv.,  I l l ,   p.  197. 
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