
 
        
         
		1847. 
 Février. 
 dées,  ce  qui  endommagea  considérablement  mes  livres, 
   mes effets et les cartes de la mission. 
 Sans doute en arrivant vent arrière et fuyant devant  
 la lame,  nous eussions évité une  grande  partie de ces  
 tourmens.  Mais je tenais à ne pas abandonner l’exploration  
 que j’avais  entamée ;  pour cela il fallait tenir le  
 travers  au  v en t,  et m’écarter le moins  possible de la  
 cote. Nous ne portions que le petit foc sous cette allure,  
 et  la  fureur  de  la  tempête  fut  telle  qu’en  certaines  
 bourrasques le navire  naturellement mou devenait ardent  
 sous  cette  unique voile,  et  fda  quelquefois  jusqu’à  
 cinq  noeuds. 
 Les tourmentes  et  les  averses  furent  continuelles  
 jusqu’à trois heures après midi. Alors  le  ciel se dégagea  
 un p e u ,  et  le  coup de vent s’apaisa vers la fin  du  
 jour. La mer  resta  cependant  excessivement  grosse. 
 Au jour le vent avait bien diminué,  et à huit heures  
 il ne soufflait plus que modérément de la partie du sud,  
 avec un très-beau  temps.  Malheureusement une mer  
 énorme  et  irrégulièrement  tourmentée  nous  prenait  
 droit de l’avant, amortissant notre aire,  et nous  permettait  
 à peine de filer deux noeuds. A midi,  nos  observations  
 nous ont fait connaître que, malgré tous nos  
 soins, les courans et la dérive, depuis soixante et douze  
 heures, nous avaient entraînés de plus  de  cent  milles  
 auN .N . E. 
 La brise qui avait repris à l’ouest dans la soirée, dès  
 minuit,  soufflait  fortement  de  celte  partie  avec  des  
 houles croisées très-pénibles. Cependanlje manoeuvrai  
 de  manière à me mètli’e  en  position de doubler le  cap 
 Wanga-Parawa,  pour peu que le vent variât au nord.  
 Au  contraire à trois  heures el demie  du  soir, il se remit  
 à  souffler  tempête  de  l’O.  N.  O .,  avec  des  rafales  
 el  une  mer  excessivement  creuse  et  pesante.  
 Nous nous vîmes contraints de reprendre la cape  sous  
 le petit foc  et  la voile d’étai de  cape.  Durant  toute  la  
 n u it,  la  mer  se  souleva  de  plus  en  p lu s ,  et  parfois  
 des lames d’une hauteur énorme inqu'imaient à la  corvette  
 des  bandes  effrayantes.  Aujourd’hui  j ’admire  
 comment  nos  petites  embarcations  suspendues  aux  
 flancs du navire ne furent point emportées par ces  immenses  
 nappes  d’eau. 
 Ce  ne  fut  que dans  la matinée du jour suivant  que  
 ce coup de vent  s’apaisa. Un moment vers  cinq heures  
 nous  revîmes très-distinctement  la  cime  d’Ikou-Ran-  
 giii,  distante alors  de  soixante  à  soixante-dix milles  
 pour le moins. 
 A sept heures  quarante minutes ,  le vent  qui  soufflait  
 encore  avec  force  tomba  subitement  pour  faire  
 place à une brise du S. E.  qui s’annonça  de manière à  
 nous faire redouter une nouvelle tempête de cette partie. 
  Cette fois  nous  en  fûmes  quittes pour la peur ;  la  
 brise même faiblit  au  point  de ne pouvoir  nous  faire  
 gouverner  au travers des houles (¡ui nous ballottaient  
 horriblement.  Du  reste  le  ciel  s’éclaircit  complètement, 
   et nous jouîmes  du  temps  le plus délicieux. 
 Nous avions encore  perdu plus de trente-six milles  
 à l’E. S. E. dans les vingt-quatre heures dernières, el  
 je reconnus  avec douleur qu’avec des vents continuellement  
 opposés  et  forcés,  des  courans  coniraires  et 
 1827. 
 Février. 
 i3. 
 i 
 ri 
 AI tl  ,  i * 
 MI 
  rii 
 .':a( 
 V;| ]j\ 
 .  '-f 
 i! Îii  ■" 
 i-'U 
 : dî ii 
 ;,ii  I