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 Ce  qui  rapproche  beaucoup  leur  idiome  de  celui  
 des Taïtiens. 
 Quoique mouillés  non  loin  de la  baie  du Massacre,  où  Tasman  
 p e rd it plusieurs  de ses  compagnons,  nos  communications  
 avec  les Zélandais de  la baie  Tasman  furen t  très-fréquentes et  
 constamment  amicales.  Nous  le u r  témoignâmes  beaucoup  de  
 confiance;  e t,  ce  q u i  est toujours fo rt h e u re u x ,  nous  n ’eûmes  
 p o in t à  nous  en  rep en tir.  MM.  de  Sainson  et  Farag u e t ay an t  
 accepté  la  proposition  que  je  leu r  fis  d’alle r  passer  la n u it au  
 milieu  de  la  nombreuse  tr ib u   q u i  h ab ita it  momentanément 
 1 anse de l’A s tro lab e ,  nous  descendîmes à te r r e ,  sans a rm e s ,  le 
 2 0 janvier, à sept heures du soir. C’éta it nous mettre .à leu r discrétion  
 , mais c’é ta it avoir aussi  le moyen de les étu d ie r.  11  est vrai  
 que  que lq u e s-u n s  des  leurs restèrent su r n o tre  navire.  Ils nous  
 ac cu e illiren t avec une  gaieté  extrêmement b ru y a n te ,  en  poussant  
 de grands c r is ,  en  faisant des contorsions,  et en  exécutant  
 des  danses e t  des chants  de  guerre  do n t  plusieurs  respirent la 
 férocité.  Nous leu r répondîmes p a r quelques-uns  de nos grands 
 airs patrio tiq u e s  q u ’ils ap p lau d iren t vivement.  L e s  E n fa n s   de  
 la France  et  le Choeur des  Chasseurs  de Robin  des Bois  o b tin re 
 n t aussi  leurs suffrages d’une manière n o n  équivoque. 
 Nous fûmes  bientôt-parfaitement  bons amis,  et quelques  cad 
 e aux, faits aux chefs des pirogues et aux jeunes filles, augmentè 
 ren t singulièrement la satisfaction générale.  Nous couchâmes  
 su r la g rèv e ,  au milieu  d’eux,  auprès d’un  g ran d   feu  q u ’ils eure 
 n t soin  d’entre ten ir  p en d an t  presque  tou te   la  n u it.  Ils  nous  
 d o n n è ren t u n   assez gran d  nombre de mots de le u r vocabulaire ;  
 et  le  lendemain  matin  nous  quittâmes nos  h ô te s ,  très-contens  
 de l hospitalité q u ’ils nous avaient accordée. 
 Nous punies en  cette circonstance nous convaincre de la pas- 
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 sion  que  les hommes,  les femmes etle s enfans o n t p o u r la danse  
 et p o u r  le  chant.  Si  parfois qu e lq u e s-u n s  d’eux  n ’y  p ren n en t  
 p o in t  une  p a r t  a c tiv e ,  on  voit  toujours  que  ce  spectacle  les  
 ém e u t,  et  q u ’ils suivent  d’un  oeil  a rd en t  les divers mouvemens  
 des  acteurs.  Une  na tte   faite  avec  le lin  de la Nouvelle-Zélande  
 forme  leu r vêtement  ordin a ire .  Des  cheveux rougis  p a r  l’ocre,  
 souvent noués p a r derrière et ornés de quelques plumes noires,  
 composent  leu r toilette  de  cérémonie.  Leurs  armes  ordinaires  
 sont  des  casse-têtes  d’un  bois trè s -d u r  dans  lequel  sont  implantées  
 des  dents  humaines.  Ils o n t aussi desbaches d’un beau  
 jade v e rt que  la  rare té de la matière  et son extrême dureté re n den 
 t à  leurs yeux  d’un  prix  inestimable.  Ils  ne  connaissent  rii  
 l’arc  ni  les flèches,  et ils n’o n t p o in t encore re çu  le funeste p ré sent  
 des  armes  à  feu.  L eu r  n o u rritu re   la plus  commune  est  la  
 racine de  fougère  en  a r b r e ,  à  laquelle il faut joindre le poisson  
 e t la patate douce.  Leurs c a b an e s, grossièrement faites avec  des  
 branches  d’a rb re s ,  o n t à  peine  trois à  quatre pieds d’élévation. 
 Les p rin c ip au x   Oiseaux  que  nous  ayons  recueillis,  p en d an t  
 notre   sé jour  à  l’anse  de  l’A s tro lab e ,  sont  les  suivans  :  le  
 Glaucope  c en d ré ,  le  T ro u p a le   à  c a ro n c u le s ,  l’H u îtrie r  no ir  
 et  celui  à  m a n te a u ,  le  Spbénisque  n a in ,  ainsi  que  plusieurs  
 espèces  nouvelles  des  genres  Chevêche,  T a n g a ra ,  F au v e tte ,  
 Mé sange,  S itte lle ,  Synallaxe  et Grimpereau.  Les M ollusques,  
 beaucoup  p lu s  n om b re u x ,  qui  fu ren t tous peints sur le  vivant  
 p a r   M.  Q uoy,  ap p a rten a ien t  su rto u t  aux  genres  Onch id ie ,  
 T u r r itc lle ,  A m p u lla ire ,  A n c llla irc ,  M u rex ,  F u s e a u ,  S tru -  
 tb io la ire ,  Oscabrion, Modlole, Moule ,  T c llin e , Vénus,  etc. 
 [E x tr a it du J o u rn a l de M .  G a im a rd .) 
 Depuis  que  les  na tu re ls  attiré s  p a r   n o tre   présence  avaient  
 élevé u n e   espèce  de village sur la  longue  plage de  sable  la plus  
 voisine, nos communications avec eux étaient très-actives, mais  
 elles cessaient toujours aux derniers rayons du soleil. Renfermés  
 à  b o rd   chaque  so ir,  nous  pouvions  apercevoir  à  terre b e a u - 
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