1S26. veau nom Astrolabe. Siddins avait beaucoup navi-
Dccembre. l’Océan-Pacifique, et avait fait notamment
deux ou trois voyages aux îles Fidji, pour le commerce
du bois de sandal. J ’obtins de lui quelques ren-
seignemens utiles touchant la navigation à faire au
travers de cet archipel si dangereux sous toute espèce
de rapports ; mais il ne put me procurer aucun plan,
ni même aucune esquisse propre à éclairer ma route
dans ce labyrinthe. Siddins m’assura qu’il n’existait
aucun document de ce genre, qu’il n’avait d’autres
guides dans ses voyages que les hommes qui y
étaient déjà allés, et il me déclara en outre que
lAstrolabe était un trop grand navire pour tenter
de pareilles reconnaissances avec quelque chance de
succès.
Toutefois, je quittai les côtes de la Nouvelle-Hollande,
et me dirigeai vers celles de la Nouvelle-Zélande
, livré aux espérances les plus flatteuses. La
campagne de VAstrolabe allait enfin véritablement
commencer, car les travaux importans déjà exécutés
et les collections considérables déjà recueillies n’étaient
à nos yeux que le prélude de notre vaste entreprise.
En effet, si 1 on se rappelle les instructions qui m'étaient
données, aucun des points de la Nouvelle-Hollande
déjà visités, à l’exception de Port-Jackson, n ’en faisait
partie. Une carrière immense se déployait à nos
regards , et nous offrait pour objets de nos efforts les
lieux les moins connus, les côtes les plus vaguement
tracées dans tout l’Océan-Pacifique. Une pareille
perspective était bien capable d’enflammer notre zèle
et de tenir sans cesse notre enthousiasme en haleine. 1826.
Toutes les personnes de l’état-major, sans exception, Dé^mbre.
partageaient ces nobles sentimens. Les maîtres et les
officiers-mariniers y participaient plus ou moins.
Enfin, il n’y avait pas jusqu’aux gens de l’équipage
qui, séduits sans doute par la douceur du service
qu’ils avaient à remplir, par les soins continuels dont
ils étaient l’objet, et surtout par le bonheur qui avait
présidé à nos premières opérations, ne parussent
s’attacher à leur navire, et montrer d’assez bonnes
dispositions.
C’était sous d’aussi heureux auspices que nous reprenions
la mer. Fondant mon opinion sur ce que
j ’avais lu dans les divers voyages des navigateurs
qui m’avaient précédé, et surtout sur l’expérience que
j ’avais acquise dans l’heureuse et facile campagne de
la Coquille, je pensais, tout en faisant la part des
chances malheureuses, que nous aurions à éprouver
plus de jouissances que de rev e rs, et qu’avec
un peu de persévérance il serait facile de surmonter
tous les obstacles que la fortune pourrait nous
susciter. Espoir trompeur!.... vaines illusions!....
il était écrit qu’elle s’acharnerait à nous poursuivre
en tous lieux, qu’elle nous persécuterait de
toutes les manières , et que nous ne verrions la fin
de notre tâche qu’après avoir été soumis aux plus
cruelles épreuves.
Hors du port, nous trouvâmes la brise du sud très-
fraîche et la houle grosse et courte, ce qui nous fit
embarquer quelques paquets de mer ; car la corvette