
 
        
         
		i 
 i 
 I  I 
 (le  son peuple,  et  avec  un courage  bien  remarquable  
 dans  un  sauvage,  Shongui  s’embarqua  avec Waï-  
 Kato,  l’un  de  ses  guerriers,  et  M.  Kendall,  sur  le  
 New-Zealander  pour  se  rendre  en  Angleterre.  Il  
 voulait,  disait-il, visiter le roi Georges,  mais dans le  
 fond son  unique  but était de se  procurer des  fusils  et  
 de la poudre k Shongui arriva à Londres dans le mois  
 d août  suivant  :  le  climat  de  l’Angleterre  éprouva  
 cruellement  sa  santé;  cependant il se  rétablit,  et  le  
 16  décembre  de  la meme  année  il  se  rembarqua  sur  
 le  Speke  pour  s’en  retourner  chez  lui.  Durant  son  
 séjour à Londres ,  il fut présenté au roi  : M. Kendall  
 m’a  assuré  qu’en  cette  occasion  Shongui  ne  parut  
 nullement  ébloui de tout  le faste qui l’environnait ;  il  
 conserva devant  le puissant souverain de l’Angleterre  
 la  même  dignité ,  le même  sang-froid que devant ses  
 compatriotes.  Le  roi  Georges  lui  fit  de  riches  présens  
 , mais il  ne  fut vraiment  sensible qu’aux armes  ,  
 a  la  cuirasse  et  à  l’uniforme qui  en  faisaient  partie.  
 On  assure  même  qu’à son  arrivée  à  Port-Jackson  il  
 échangea  contre  des  fusils  et  de  la  poudre  tous  les  
 autres objets de prix qu’il avait reçus  du roi  et des diverses  
 personnes auxquelles il avait été présenté 2. 
 Pendant son absence ,  les missionnaires  avaient eu  
 quelquefois à  souffrir de  l’esprit turbulent  et de l’avidité  
 des sauvages ; cependant leurs propriétés avaient  
 été  généralement  respectées.  Plusieurs  naturels 
 ■  Misnommry  liegisier,  d’U r v ., I I I ,  p.  4 5 8 .  -   2 Missionnna,y Register,  
 d’Ü r v .,  I I I ,  p.  4 5 8 . 
 avaient  consenti  à  leur prêter  leurs  services moyennant  
 une  mince  rétribution;  leurs  cultures  avaient  
 pris  un  développement  considérable  ,  et  toutes  les  
 productions  d’Europe  avaient  réussi  à  merveille  sur  
 ce sol vierge et fécond.  En un m o t,  les établissemens  
 de  la  mission  donnaient  les  plus  flatteuses  espérances  
 '. 
 Au retour de Shongui à la baie des lies, qui eut lieu  
 le 11 juillet  1821  ,  tout  changea  rapidement de  face.  
 Ce  chef,  irrité  de  voir  que les missionnaires  persistaient  
 dans  leur  refus  de  lui vendre de  la poudre et  
 des  armes  à  feu ,  défendit  à  ses  sujets  de  travailler  
 pour  les  colons  à  moins  d’être  payés  en  objets  de  
 cette  espèce ou  en argent  pour  en  acheter;  en  outre  
 il affecta de traiter ces étrangers  avec plus  de rigueur  
 et  même  de  dédain  qu’il  ne  l’avait  fait  auparavant.  
 Il  en  résulta  pour  les  colons  une  foule  de  désagré-  
 mens  el  de  persécutions.  Cependant  Shongui  sentit  
 c[u’il  y  aurait  de  l’imprudence  et peu de politique de  
 sa part à les forcer de quitter son territoire,  et  il  finit  
 par  tenir  une  soi’te  de  conduite  mixte à l’égard des  
 missionnaires,  c’est-à-dire  par  les  tolérer,  et même  
 les  protéger jusqu’à  un  certain  point  contre  les violences  
 de  ses  sujets,  sans  toutefois  leur  accorder  
 aucune  sorte  d’influence  ni  d’autorité  positive  2.  H  
 aimait  leur thé, leur café,  leur cuisine, et  leur faisait  
 souvent  l’honneur  d’être  leur  convive. 
 Du  reste  il  reprit  avec  ardeur  ses  anciens projets 
 I  Reports,  d’Urv.,  I II,  p.  453  et  suiv.  —   2  Repo/is,  idem.  Mhsio?i-  
 nary  Register,  d’Ü rv.,  III,  p.  457  et  suiv.  Id ew ,  p.  490. 
 i '   1  
 I 
 i:  •!