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Décembre.
I
très-chargée s’élevait plus difficilement qu’auparavant
au-dessus de la lame.
La bnse mollit beaucoup dans la soirée, et resta
an S. S. E., au S. E., et même à l’E. S. E ., durant
les deux jours suivans, avec une forte houle du sud
qui retardait beaucoup notre marche.
Noos profitâmes de ce temps pour mettre notre
artillerie en état de servir, pour réparer les filets
d’abordage et les placer, enfin pour exercer de nouveau
nos marins au maniement des armes à feu.
Les accidens survenus à presque tous les Européens
qui avaient eu des rapports avec les peuples de la Nouvelle
Zélande nous commandaient ces précautions.
Hier à midi, les observations nous avaient déjà fait
découvrir un courant de vingt-quatre milles au S. E.
dans les vingt-quatre heures précédentes ; et de hier à
aujonrdhui midi, il n’a pas été de moins de soixante
nulles au S. S. E.; quantité énorme, et dont il paraît
difficile d’expliquer la cause, eu égard à la houle du
sud et aux vents de la même partie qui régnent depuis
la veille de notre départ : à moins qu’on ne suppose
que ces courans ne soient encore le résultat des vents
violens du nord qui avaient si long-temps soufflé avant
eeux-ci. Ce qu’il y a de non moins singulier, c’est què
l’action de courans aussi violens ne se fasse nullement
remarquer à la surface des eaux de la mer; aucun
clapotis, aucun mouvement sensible dans les ondes
n’accompagne en apparence un déplacement aussi
rapide de leur masse entière. Du reste, leur effet sur
notre route en nous transportant an S. E. atténuait
d’autant l’immobilité à laquelle les calmes ou les brises
contraires semblaient condamner notre navire.
Ces vents restèrent les mêmes jusqu’au 25, le plus
souvent nous permettant à peine de gouverner, accompagnés
d’ailleurs d’un temps superbe et d’une
température délicieuse. Combienje déplorais la fatalité
qui me forçait à passer dans l’inactivité d’aussi belles
journées en pleine mer, au lieu de pouvoir les employer
fructueusement au mouillage ou le long des
côtes !
Le courant avait encore été de quarante milles à
l’E. S. E. du 21 au 22 ; de douze milles le jour suivant
dans la meme direction., puis il varia en divers sens.
Bien que les eaux de f Océan-Pacifique, resserrées dans
ces parages en une espèce de canal qui sépare la Nouvelle
Zélande de la Nouvelle-Hollande, semblent promettre
au natui'aliste une scène plus animée qu’à de
grandes distances des côtes, ceux de l’Astrolabe y
trouvèrent peu de chose à moissonner. Quelques pétrels
bruns et des albatros chlororynques venaient
seulement troubler à de longs intervalles les solitudes
de l’a ir, et celles de l’Océan ne l’étaient guère que
par les baleines qui venaient rarement apparaître à sa
surface.
Le beau temps cessa ; le soir, il vint de la pluie, et à
la nuit le vent fraîchit considérablement au S. E. Il
força encore lejour suivant en variant au S. ; à la nuit
ce fut un vrai coup de vent avec de fortes rafales et
un ciel très-chargé.
Cette tempête dura quarante-huit heures, sans in-
1826.
Décemlfre.