
 
        
         
		■1(1 
 =il 
 h 
 .If 
 I*  î'i.  '  ri 
 I I- 1 
 ïü?! 
 i|\ .i t 
 ¡iii; 
 AYaitlüuas. 
 Un jour, dans le canal de la Reine-Charlotte,  Cook  
 observa  une fdle occupée à faire  chauffer des pierres.  
 Curieux  de savoir  l’usage auquel  elle  les destinait, il  
 resta près d’elle.  Dès  que  les  pierres furent suffisamment  
 chaudes,  elle  les  retira  du  feu  et  les  donna  à  
 une  vieille  femme  assise  dans  la  cabane.  Celle-ci en  
 fit un monceau  qu’elle recouvrit  d’une poignée de céleri  
 , puis d’une natte grossière ; ensuite elle se tint accroupie  
 sur ce  tas  de pierres comme sur une chaufferette  
 ,  et  ramassée  comme  un  lièvre  dans  son  gîte.  
 Cook  pensa  que c’était un  remède  pour  guérir quelque  
 maladie,  contre  laquelle la vapeur du céleri  pouvait  
 être  un  spécifique,  d’autant  plus  que  la  vieille  
 femme lui  parut indisposée  '. 
 Tout  ce qui a trait  à  l’art  de guérir  se nomme rongea  
 ,  et  les  médecins  sont  en  conséquence  nommés  
 tangata-rongoa.  Ils  ont  quelque  idée  des  opérations  
 chirurgicales,  et savent extraire adroitement les pointes  
 des  lances  qui ont  pénétré dans les chairs ,  en  faisant  
 de  profondes  incisions  avec  des  coquilles  tranchantes. 
 Les  Zélandais  ont  des  idées  bien  plus  positives  
 touchant l’immortalité de l’ame et son existence future  
 qu’on ne l’attendrait de leur état de civilisation. L’ame  
 ou esprit qu’ils  nomment  waidoua est un souffle intérieur, 
  parfaitement  distinct  de  la  substance  ou enveloppe  
 matérielle  qui forme le corps. Au moment de la  
 mort,  ces  deux  substances,  jusqu’alors  étroitement 
 unies,  se  séparent  par  un  déchirement  violent.  Le  
 waidoua reste  encore trois jours  après la mort à planer  
 autour du corps  puis il se rend directement vers  
 une route fictive qui s’étend d’un bout à l’autre de l’île  
 Ika-Na-Mawi,  et qui  aboutit au rocher Reinga  (Dép 
 a rt),  vrai Ténare  de  ces  peuples 2. 
 Là, un Atoua  emporte dans les régions supérieures  
 du  ciel  ou le  séjour de  la gloire,  rangui,  la partie  la  
 plus pure du waidoua, tandis que la partie  impure est  
 précipitée dans les ténèbres,  Po-nouïou Po-kino. Du  
 re s te ,  il ne faut  pas  croire  qu’aux mots de pur et impu 
 r ,  ces  hommes  attachent  aucune  idée  positive  de  
 crime et de vertu ,  ou de bien  et  de  mal.  Pour eux ,  
 ces distinctions morales sont vides de sens, ils  ne connaissent  
 que l’honneur et le déshonneur,  la gloire  ou  
 la  honte.  L’un  est  pour  le vainqueur,  l’autre pour le  
 vaincu 3;  superstition  terrible,  et  dont  il est facile  de  
 saisir tout de suite toutes les conséquences. C’est bien  
 là  le  cas  de s’écrier  :  V oe   victisL. 
 En effet,  ils  sont  intimement  convaincus  qu’en  dévorant  
 le  corps  de  leur  ennemi,  non-seulement  ils  
 détruisent  sa  substance matérielle,  mais qu’en  outre  
 ils  absorbent,  ils  assimilent à leur ame,  à leur esprit,  
 la  partie  immatérielle ,  le waidoua  de  ce  même  ennemi. 
   Leur propre waidoua  reçoit  un nouveau degré  
 de gloire et  d’honneur  par cette  aggrégation ,  et  plus  
 un chef  aura  dévoré  d’ennemis  d’un  rang  distingué