l’in térieur de Célèbes, nommés Alfourous. Ce dernier mot
avait à l’instant réveillé dans mon imagination l’idée d’hommes
au te in t n o ir, aux cheveux c ré p u s , au nez é p a té , en un
mot de véritables Mélanésiens. Q u ’on juge donc de mon é to n n
em en t, en voyant des individus dont le te in t, les formes et
les traits de la physionomie, me rappelèrent involontairement
les figures que j’avais observées à T a ï ti , à Tonga et à la N o u velle
Zélande. Ces rapports me p a ru re n t si frap p a n s, si complets
, que j ’engageai vivement le go u v e rn eu r Merkus qui
m’a ccompagna it, à faire des recherches suivies sur les co u tu mes
, les idées religieuses et la langue de ces peuples, car ils
p a rla ien t un idiôme to u t différent du malais. Si la langue des
Alfourous de Célèbes présentait plus de rap p o rts avec le
polynésien que le malais lui-même , je ne balancerais pas à
croire que Célèbes fu t un des berceaux de la race p o ly n é sienne
, ou du moins l’une de ses stations p rincipales dans sa
marche de l’ouest vers Test.
Sous ce rap p o rt, l’étude approfondie des Daya k s ou E ïd a -
hans de Bornéo et des B u tta s de Sumatra ne se rait pas moins
importante. Déjà le voyageur Nicholas a signalé les rap p o rts
nombreux qui existaient entre les coutumes des Battas et des
Nouveaux-Zélandais '.
Il y a to u t lieu de croire que les Micronésiens o n t dû p rin cipalement
leu r origine aux îles de L u çon et de Mindanao; des
colonies chinoises ou japonaises ont pu accidentellement arriver
sur quelques-unes de ces île s , et leu r postérité se sera
confondue avec celle des Tagales.
Qu an t aux P a p o u s , bien q u ’ils ne soient p e u t-ê tre encore
qu’une belle variété de la race mélanésienne, certaines observations
feraient soupçonner qu’ils seraient venus plus récemment
' Déjà les vocabulaires donnés par M. Marsden indiquent que les dialectes
des Batías et des Lampoons ont beaucoup plus de rapports avec la
langue des Polynésiens que le malais proprement dit.
des régions occiden ta le s, peut-être des îles Andaman , de Cey-
lan ou même de Madagascar. Une des plus fortes raisons p o u r
la croire étrangère aux réglons q u ’elle occupe aujourd’h u i , c’est
q u ’on la trouve toujours confinée aux rivages de ces te rre s , et
qu’avec les Papous, ou du moins to u t près d’e u x , on trouve
de véritables Mélanésiens qui p o rten t le nom S A r fa k is , A l fo
urous ou Endamènes. Du mélange des P ap o u s, des Alfourous
et des Malais, il résulte une foule de nuances diverses qui déroutent
à chaque instant les calculs de l’observateur. Mais on
p eu t remarque r que les Papous prop remen t dits n’occupent
q u ’une très-petite partie des côtes de la Nouvelle-Guinée, et je
pense q u ’ils ne s’étendent guère à l’est de la grande baie du
Geehvinck. Plus loin ce sont de véritables Mélanésiens comme
ceux q u i hab iten t la Nouvelle-Bretagne , la N o u v e lle -Ir-
lan d e , etc.
D ’après cet exposé, il est facile de voir que je n’admets p o in t
cette multiplic ation de racesadoptée par quelques auteurs m o dernes.
Revenant au système simple et lucide de l’immortel
F o rste r, si bien continué p a r mon savant ami Chamisso, je ne
reconnais que deux races v raiment distinctes dans l’Océanie ,
savoir ; la race mélanésienne c[ui n ’est elle-même q u ’un emb
ranchement de la race noire d’A friq u e , et la race polynésienne
basanée ou c u iv ré e , qui n ’est qu’un rameau de la race
jaune originaire d’Asie.
E t qu’on me permette de rem a rq u e r, en p a s san t, que je ne
vois sur toute la surface du globe dans l’espèce humaine que trois
types ou divisions qui me paraissent mérite r le titre de races
vraiment distinctes : la première est la blanche plus ou moins
colorée en in c a rn a t, q u ’on suppose originaire des environs du
Caucase, et qui occupa b ien tô t presque to u te l’E u ro p e , d’où
elle s’est ensuite répandue sur les diverses parties du globe. La
seconde est la ja u n e , susceptible de prendre diverses teintes
cuivrées ou bronzées ; on la suppose originaire du plateau centra
l de l’Asie, et elle se rép an d it de proche en p roche sur toutes
les terres de ce contin en t, sur les îles voisines, sur celles de