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VOYAGE
supposerons volontiers avec Banks qu’ils n’en venaient
à bout qu’en les frottant avec de la poussière de la
même matière
Outre les javelots dont nous avons parlé, les seuls
projectiles de ces naturels étaient les pierres, dont
leurs pâs , leurs retranchemens et leurs pirogues
étaient toujours abondamment pourvus 2.
Il est digne de remarque que ces insulaires ne connaissaient
l’usage ni de l’arc 3, ni du bouclier 4, ni de
la fronde 3.
Aujourd’hui que ces peuples ont reconnu l’immense
supériorité des armes à feu , ces deux objets, la poudre
el des fusils, poudra et pou , sont devenus le but
constant el presque unique des voeux du Zélandais et
de ses demandes aux Européens. Ce sont les premiers
mots qui sortent de sa bouche, quand on lui demande
le prix d’un objet quel qu’il soit. Si vous le
refusez, sa figure s’attriste; si vous lui donnez quelque
espoir, l’inquiétude, le désir et l’avidité se peignent
sur ses traits. Je ne sais vraiment pas ce qu'il serait
capable de faire pour se procurer ces articles si ardemment
désirés 6. Il ne faut pas perdre de vue que
ces sentimens tiennent à l’idée de pouvoir, au moyen
de ces armes, détruire et dévorer plus facilement son
ennemi.
Les fusils à deux coups surtout sont devenus pour
I Cook, prem. V o y . , II I , p. 286. — 2 Cook, prem. V o y ., II I , p. 287.
— 3 Crozet, d ü r v . , I I I , 67. Quoy, d Ü r v ., I I , p. 285. Ncw-Zealan-
d o rs, d ü r v . , I I I , p, 773. — 4 Savage, p. 67. — 5 Cook, prem. V o y .,
I I I , p. 12 7. — 6 D’Urville, I I , p. i o 5 .
D E L ’ASTROLABE. 49 9
eux les objets les plus désirables du monde • ; car ils
peuvent tuer deux hommes à la fois : aussi ces armes
ont reçu pour ce motif le nom de pou doua tangala,
fusil à deux hommes.
Nous avons déjà dit que les belles nattes se fabriquaient
avec le chanvre extrait du phormium. Les naturels
coupent les feuilles de cette plante et les apportent
chez eux par paquets ; à cet état les feuilles portent
le nom de koradi. On les râcle fortement avec
de grandes coquilles de moules, et on achève de séparer
le chanvre de la paille avec les ongles des orteils que
l’on laisse croître exprès pour cel objet. Les sauvages
ont imaginé des peignes qui ressemblent plus ou moins
à ceux dont se servent les tisserands pour achever de
nettoyer le chanvre. Une fois préparé, il prend le
nom de mouka, et c’est en le laissant exposé plusieurs
jours à la rosée qu’il acquiert enfin cette blancheur
éclatante que les Européens ont souvent admirée 2.
Avec le mouka, les Zélandais fabriquent leurs nattes.
Pour cela ils emploient un métier fort simple qui
consiste en un châssis rectangulaire de la dimension
de la natte. Les fils de la chaîne sont attachés aux
deux extrémités du châssis , à des distances plus ou
moins rapprochées les uns des autres; puis la trame
est alternativement conduite à la main au travers de
ces fils au moyen d’une espèce d’aiguille qui leur sert
de navette 3.
N a l le s .