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 22  janvier, 
 CHAPITRE  XIII. 
 TRA V ER SÉ E   D E   1, ’a n S E   DE  l ’a .STROLABE  A  LA  BAIE  1 
 Une  bonne  partie  de  la  nuit,  le  vent souffla  avec  
 force;  il y eut aussi  des grains  de pluie abondante. A  
 deux heures du matin,  le vent cessa tout-à-coup, mais  
 l’eau continua de tomber jusqu’à cinq heures où la brise  
 s établit au  sud. Aussitôt  la  dernière  ancre  fut levée,  
 et  la  corvette  appareilla.  En  voyant  nos  dispositions  
 de départ, les naturels s’embarquèrent en masse dans  
 une  de  leurs  pirogues  avec  leurs femmes et leurs  en-  
 fans au nombi-e de trente pour nous faire une dernière  
 visite  et  obtenir  encore  quelques  bagatelles  de  notre  
 part.  Leurs cris perpétuels nous assourdissaient, tandis  
 qu’en  se jetant élourdiment sous les pas des matelots  
 ,  ils  nous  genaient  beaucoup  pour la manoeuvre.  
 J endurai cependant leur présence importune jusqu’au  
 bout,  afin  de  leur  laisser  une  opinion  favorable  du  
 caractère  de  leurs  hôtes.  Heureusement la pluie finit  
 par nous en débari'asser,  cl nous  restâmes en calme à 
 deux milles au plus de terre. Les sauvages profitèrent  
 encore  de  cette  circonstance  pour  faire  une  courte  
 apparition  le  long  du  bord  vers  onze  heures.  Enfin,  
 au moyen d’une  faible brise du nord  au N. N. O . ,  je  
 m’acheminai  lentement  vers  la  coupée  que  j ’avais  
 remarquée  sur  la  côte  orientale.  A trois  heures  quarante 
 cinq minutes  du soir,  et à la  distance de  quinze  
 milles environ, cette coupée ne se dessinant plus  pour  
 moi  que  comme  une  baie  peu  profonde,  je  m’étais  
 déterminé à serrer  le  vent jusqu’au N.  E.  E.,  vers  
 une antre ouverture bien plus prononcée.  Cependant,  
 une heure après ,  le premier enfoncement prenant un  
 nouvel  aspect,  et  M.  Cuilbert  croyant  y  découvrir  
 l’existence  d’un canal,  je  laissai  porter  dessus  pour  
 m’en rapprocher et m’épargner par la suite des regrets  
 tardifs. 
 A sept heures quarante minutes du soir, nous étions  
 par le travers de cette baie  et  à moins  d’une  lieue  des  
 deux  pointes.  De  là  nous  pûmes  nous  convaincre  
 qu’elle  ne  contenait  aucun  canal  praticable  à  notre  
 navire. Du reste cette baie à laquelle j ’ai laissé le nom  
 de  baie  de  Croisilles,  doit  offrir  un  vaste  et  bon  
 mouillage  pour  tous  les  vents  du  S .,  de  l’E.  et  
 même du N. O .,  à cause de quelques îles situées près  
 de  la pointe du nord  et  qui doivent  l’abriter  parfaitement  
 de  ce  côté.  Près  de  nous,  la  côte  était  très-  
 raide de toutes parts et le fond se soutenait à vingt-cinq  
 brasses.  11  était trop tard pour chercher un mouillage  
 convenable ;  en  conséquence, je remis !e cap au large  
 ]30iir y passer la nuit ; mais à peine eûmes-nous changé 
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