1827.
22 janvier,
CHAPITRE XIII.
TRA V ER SÉ E D E 1, ’a n S E DE l ’a .STROLABE A LA BAIE 1
Une bonne partie de la nuit, le vent souffla avec
force; il y eut aussi des grains de pluie abondante. A
deux heures du matin, le vent cessa tout-à-coup, mais
l’eau continua de tomber jusqu’à cinq heures où la brise
s établit au sud. Aussitôt la dernière ancre fut levée,
et la corvette appareilla. En voyant nos dispositions
de départ, les naturels s’embarquèrent en masse dans
une de leurs pirogues avec leurs femmes et leurs en-
fans au nombi-e de trente pour nous faire une dernière
visite et obtenir encore quelques bagatelles de notre
part. Leurs cris perpétuels nous assourdissaient, tandis
qu’en se jetant élourdiment sous les pas des matelots
, ils nous genaient beaucoup pour la manoeuvre.
J endurai cependant leur présence importune jusqu’au
bout, afin de leur laisser une opinion favorable du
caractère de leurs hôtes. Heureusement la pluie finit
par nous en débari'asser, cl nous restâmes en calme à
deux milles au plus de terre. Les sauvages profitèrent
encore de cette circonstance pour faire une courte
apparition le long du bord vers onze heures. Enfin,
au moyen d’une faible brise du nord au N. N. O . , je
m’acheminai lentement vers la coupée que j ’avais
remarquée sur la côte orientale. A trois heures quarante
cinq minutes du soir, et à la distance de quinze
milles environ, cette coupée ne se dessinant plus pour
moi que comme une baie peu profonde, je m’étais
déterminé à serrer le vent jusqu’au N. E. E., vers
une antre ouverture bien plus prononcée. Cependant,
une heure après , le premier enfoncement prenant un
nouvel aspect, et M. Cuilbert croyant y découvrir
l’existence d’un canal, je laissai porter dessus pour
m’en rapprocher et m’épargner par la suite des regrets
tardifs.
A sept heures quarante minutes du soir, nous étions
par le travers de cette baie et à moins d’une lieue des
deux pointes. De là nous pûmes nous convaincre
qu’elle ne contenait aucun canal praticable à notre
navire. Du reste cette baie à laquelle j ’ai laissé le nom
de baie de Croisilles, doit offrir un vaste et bon
mouillage pour tous les vents du S ., de l’E. et
même du N. O ., à cause de quelques îles situées près
de la pointe du nord et qui doivent l’abriter parfaitement
de ce côté. Près de nous, la côte était très-
raide de toutes parts et le fond se soutenait à vingt-cinq
brasses. 11 était trop tard pour chercher un mouillage
convenable ; en conséquence, je remis !e cap au large
]30iir y passer la nuit ; mais à peine eûmes-nous changé
4L.