Enfin la quatrième division sera l’Océanie a u s tra le , formée
p a r la grande île de la Nouvelle-Hollande et toutes les terres
qui rc n v iro n n c n t, ju sq u ’aux limites de la Micronésie et d e là
Polynésie. Comme elle est la patrie de la race noire océan
ie n n e , elle recevra le nom de Mélanésie. Déjà M. Bory
de Saint-V inc ent avait proposé de désigner une variété des
noirs de l’Occanie p a r le nom de M e laniens, et nous avons
conservé volontiers cette désignation en lui d o n n an t une acception
beaucoup plus étendue. Les Mélaniens ou Mélanésiens
o c cu p en t, sans c o n tre d it, la partie la plus considérable des
terres océaniennes, mais la popula tio n de ces grandes îles est
loin d ’être en rap p o rt avec leurs vastes dimensions.
Nous allons aetuellemcnl revenir sur cbacune des divisions
de rO c é a n ie , tracer leurs limites re spec tives, et faire connaître
leurs subdivisions en in d iq u an t rapidement les traits
caractéristiques des peuplades qui les composent.
Une ligne in c lin é e , p a r ra p p o rt à la m éridienne, p a rtan t
de l’extrémité N. 0 . des îles H aw a ii, passant entre les île sV iti
et les îles T o n g a , et se p rolongeant dans l’ouest de la partie la
plu s australe de la Nouvelle-Zélande, sera la limite occidentale
de la P o ly n é sie ; et toutes les îles situées à l’e s t, ju sq u ’à
l ’île de P âq u e inclusivement, fero n t partie de cette grande
division.
Ainsi la Polynésie compren d ra l’arcbipel de Hawaii ou des
îles S an dw ich ; celui de N o u k a -H iv a , ou des Ma rq u ise s; les
île sP om o to u , ou l’a rch ip e l Dangereux; celui de T a ïti, ou de la
Société ; celui de Hamoa, ou des Navigateurs ; celui de T o n g a ,
ou des Amis; enfin les grandes îles de la Nouvelle-Zélande .
E n o u tre , on devra y jo in d re une foule d’iles semées en
dehors de ces a rc h ip e ls, comme les îles habitées de F a n n in g ,
Roggewein,Mangia, Savage, Rotouma, Niouha, W a ï-H o u ou
P â q u e , C h a tam , e tc ., et plusieurs îles désertes comme P a lmyras,
Christmas, P y ls ta r t, Sunday, Macauley, Curtis , et les
îlots situés au sud de la Nouvelle-Zélande. Comme nous l’avons
déjà d it, toutes ces îles sont habitées p a r des hommes
do n t l’origine est évidemment commune, attendu qu’ils ont
entre eux les plus grands r a p p o rts , tan t au physique q u ’au
m o ra l, que leu r langue est la même, et qu’ils sont tous assujettis
aux réglemens mystérieux et inviolables du tapou.
Il est certain que les peuples de H aw a ii, de T a ïti et de
T o n g a étaient ceux qui avaient fait le plus de progrès vers la
civilisation ; des monarchies régulièrement co nstituée s, et qui
paraissaient avoir un certain degré d’an c ien n e té , des castes séparées
les unes des autres p a r des privilèges distincts , des coutumes
invariables et des cérémonies religieuses célébrées avec
a p p a re il, sans que leu r prin c ip e en soit bien c o n n u , attestaien
t que ces hommes avaient depuis long-temps quitté l’é ta t
de n a tu re p o u r former des sociétés étendues. D’ailleurs les récits
des anciens v o y ag eu rs, tels que Men d an a , Schouten et
Tasman, sont là p o u r démo n tre r que leurs coutumes, leur in du
strie , leurs rap p o rts sociaux et leu r langue n ’o n t p o in t varié
depuis deux siècles et même davantage.
Les Nouveaux-Zélandais, au c o n tra ire , placés su r une terre
bien plus étendue , e t doués p a r la nature d’un tempérament
plus ro b u s te , d’un caractère plus énergique et d’une plus
grande aptitude p o u r les a rts et les métiers de la civilisation ,
é ta ien t restés plus voisins de leu r état primitif. Réunis seulement
en peuplades peu considérables, ils n ’accordaient à leurs
chefs q u ’une autorité incertaine et souvent précaire ; chez eux
tous les arts étaient encore dans l’en fan c e , et la g u e rre seule
occupait presque exclusivement tous les instans de le u r existence.
L ’âpreté du c lim a t, la pénurie de ressources alimentaires
dans le règne v ég é ta l, l’étendue même de leur sol ont
dû c o n trib u e r à re ta rd e r les progès des Nouveaux-Zélandais
vers la civilisation ; mais to u t donne lieu de penser q u ’aussitô
t qu’ils s’en o ccuperont sérieusement ils p re n d ro n t un essor
plus rapide que tous les autres peuples de la Polynésie. Ainsi
I 011 a vu les habitans de l’E u ro p e septentrionale , comme les
F ra n ç a is , les Anglais et les Allemands, à peu près sauvages il
y a vin g t siè cles, sortir promptement de leu r état de b a rb a r ie ,