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 Feviier.  poursuivFe notre reconnaissance. Malgré  le  cruel re gret  
 que j ’en éprouvais, je fus vivement tenté de cesser  
 notre  travail  au  cap  E s t,  et  de  profiter  du  premier  
 souffle favorable pour nous rendre à la baie des Iles. 
 Déjà  mes  compagnons  et  moi  nous  venions d’apprendre  
 par une pénible  expérience quelle  différence  
 immense  il  y  avait  à  exécuter  de  faciles  campagnes  
 comme celles de l’Uranie et de la Coquiiie, au travers  
 de mers ouvertes,  sans exploration suivie,  sans même  
 une  seule  station  hydrographique;  ou  bien  à poursuivre  
 avec constance un travail géographique sur des  
 côtes  périlleuses  et  souvent  inconnues,  et  à lutter,  
 pour remplir le but de ses instructions,  contre les élé-  
 mens  conjurés.  Malheureusement  c’est  un  genre  de  
 mérite obscur  et en  général peu  apprécié ;  mais  il est  
 du  moins  à  l’épreuve  du  temps  et  des  caprices  de  
 l’homme,  comme  celui qui rend à la  navigation  et  à  
 la géographie les plus éminens  services. 
 La nuit  fut belle, et je serrai le vent tribord  autant  
 que me le permirent les éternelles houles d’ouest, auxquelles  
 venait se joindre  insensiblement une lame immense  
 du  n o rd ,  dont  l’apparition  m’étonna  autant  
 ‘4.  qu’elle m’inquiétait. A trois heures et demie du matin,  
 ne  m’estimant  plus  qu’à  dix  à  douze milles  du  cap  
 Wanga-Parawa, je mis en panne pour attendre lejour. 
 Quand  il  parut, je ne fus pas médiocrement désappointé  
 de me  voir  encore  à une  distance considérable  
 dans l’est  du  cap Waï-Apou.  Le  courant  avait  à  peu  
 près  détruit  toute notre  route  de  la  nuit;  comme  la 
 brise resta toute  la  matinée faible  et variable  de l’O.  ,827. 
 a u   S.  0 .  et  au S .,  loin de gagner,  nous  ne  fimes  que  révrici.  
 perdre de plus en plus. 
 Lasse enfin de nous être contraire,  à onze heures la  
 brise s’établit au S. E .,  et ne  tarda  pas à fraîchir et  à  
 nous faire filer huit à neuf milles. Bientôt nous eômes  
 rejoint le cap Waï-Apou;  nous  prolongeâmes  ensuite  
 toute la partie de côte comprise entre ce point et le cap  
 Runaway  à deux ou trois milles  de distance.  La  baie  
 d’Hicks qui est profonde doit offrir un bon abri contre  
 tous  les  vents,  ceux  du  N. E.  exceptés;  sa  pointe  
 du N.  O.  est bordée de  rochers  à fleur  d’eau. A trois  
 heures  vingt  minutes  du soir,  nous fîmes une  station  
 à deux milles au nord de celte pointe, et nous ne trouvâmes  
 point de fond à quatre-vingts brasses. 
 Toute cette étendue de côte est généralement élevée,  
 montueuse  et  couverte  de  bois ;  cependant  elle offre  
 au rivage une lisière  habitable  et  sans doute habitée,  
 bien que nous n’ayons observé que un ou deux feux. 
 Immédiatement  an  sud  du  cap  Runaway,  la  côte  
 offre un enfoncement assez profond, mais qui ne pourrait  
 être  utile que  dans  un  cas de nécessité contre les  
 vents du nord au  sud par l’est. Le cap Runaway n’est  
 lui-même  qu’un morne arrondi,  bien  tranché,  et qui  
 ne  tient à la terre  que  par  un  isthme  très-étroit.  La  
 terre  fuit ensuite directement au S.  O .,  pour  former  
 une des  côtes de la vaste baie d’Abondance de Cook. 
 A sept heures du soir, nous venions de  reconnaître  
 à l’ouest l’île Blanche qui n’apparaissait  que par intervalles  
 au travers  des  torrens de fumée  dont  elle  était