
 
        
         
		I 4, . 
 parao, convenant du reste que c’était un guerrier très-  
 brave. J ’en conclus  que, comme en tant d’autres pays  
 du globe,  Inaki,  quoique  inférieur  à  Rangui pour  la  
 naissance, avait peut-être acquis par sa bravoure et ses  
 exploits  le  droit de commander aux  guerriers de Manoukao. 
   II me fit hommage de son bâton de  commandement, 
  sculpté h son extrémité,  incrusté en nacre et  
 enrichi de plumes précieuses. 
 Te Rangui,  étant devenu tout-à-fait mon hôte,  coucha  
 dans  ma  chambre,  tandis  que  Inaki  et  Tawiti  
 étaient traités sur le même pied par les officiers. Rangui  
 s’était étendu fort tranquillement sur son matelas et se  
 préparait  à  dormir  honnêtement,  quand  il  entendit  
 dans  la  chambre  voisine  (le  carré  des  officiers)  ses  
 deux  compagnons  occupés  à  négocier  l’introduction  
 de quelques  femmes  qui  leur  avaient été demandées.  
 Mon rangatira me demanda alors  avec  empressement  
 si je n’en désirais point; sur ma réponse négative, il se  
 tut en poussant un  soupir ; puis  saisissant le moment  
 où  il  me  supposa  endormi,  il  s’esquiva  tout  doucement  
 de ma chambre,  et  alla  prendre  une part très-  
 active aux négociations  galantes  de  ses  deux  compagnons  
 ,  afin  sans doute de  participer  aux  profits  qui  
 devaient leur en revenir. 
 Dès cinq heures  un quart du matin,  désirant profiter  
 d’une  petite  brise  de S.  S.  O .,  pour  reprendre  
 notre  travail,  je  fis  hisser  les  huniers,  et une  demi-  
 heure  après  nous  faisions  roule  à  l’E.  S.  E.  vers  
 Pakii. 
 Nos nobles amis Rangui, Tawiti et In ak i,  avant de 
 nous quitter,  nous promirent positivement de revenir  
 nous voir à Shouraki. Au moyen d’un  petit  ru b an , je  
 suspendis  au  cou  de Rangui et  d’Inaki  des médailles  
 de l’expédition  en  signe de protection et d’amitié,  témoignage  
 auquel ils parurent très-sensibles.  Rangui,  
 m’ayant prévenu que le passage de Pakii n’était pas sain  
 et qu’il fallait en prendre un autre entre les îles ,  m’offrit  
 un de ses esclaves [kouki) pour me servir de pilote,  
 assurant que cet homme connaissait parfaitementtoutes  
 les localités. Tout en témoignant au chef ma reconnaissance  
 pour cette marque d’attention,  on sent bien que  
 j ’étais peu disposé à placer une grande confiance dans  
 les connaissances  nautiques  d’un pareil  individu,  qui  
 après tout ne pouvait avoir piloté que des pirogues tirant  
 deux ou trois pieds d’eau. 
 A  l’instant  même  où  les  chefs  s’embarquaient  
 dans  leurs  pirogues,  il  arriva  une  petite  aventure  
 propre à  faire  connaître  le  caractère  de  ces  peuples.  
 J ’ai  déjà dit que  durant tout  le temps que  la corvette  
 était  restée  mouillée  devant  la  rivière  Mogoïa,  non-  
 seulement  Rangui  et  les  autres  rangatiras  s’étaient  
 comportés  avec  beaucoup  de  décence,  mais  encore  
 leurs  sujets  avaient  commercé  le  long  du  bord  avec  
 une bonne  foi digne  d’éloges.  Comme je mettais  à  la  
 voile,  on  vint  m’avertir  qu’un  des  naturels  venait  
 d’enlever un plomb de sonde laissé négligemment à la  
 traîne  dans  les  porte-haubans.  Pris  sur  le  fait,  il  le  
 rendit sans aucune résistance et se hâta de s’esquiver.  
 Alors,  m’adressant  à  Rangui,  je  lui  dis  à  haute  
 voix  et  d’un  ton  sévère  qu’il était indigne  d’honnétes 
 Â im