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 494 VOYAGE 
 le  long  de  la  côte  sur  ces  frêles  embarcations 
 Les  pirogues  de  guerre  sont  ordinairement'surchargées  
 de bas-reliefs, très-adroitement exécutés sur  
 l’avant  et  sur l’arrière  et  quelquefois  tout  le  long  de  
 leurs  plats-bords  2. Les  ornemens  de la poupe  et  de  
 la  proue  sont  particulièrement  remarquables  par la  
 forme  et la main-d’oeuvre 3.  Celui de l’avant  saille en  
 forme d’éperon en dehors de l’embarcation, et se relève  
 de quatre ou cinq pieds.  Celui de l’arrière a de douze  
 à quinze pieds de hauteur, deux de large, et un pouce  
 ou  deux  d’épaisseur.  Ils  sont l’un  et  l’autre  chargés  
 de bas-reliefs  du  goût le plus bizarre, et  entièrement  
 découpés  à jour 4. 
 Ces  pirogues  sont  en  outre  ornées  de  touffes  de  
 plumes,  de  poils  et  de  feuillages de diverses  sortes.  
 Quelquefois  elles  sont  réunies  deux  à  deux,  et  une  
 douzaine  de  ces  doubles  pirogues  peut  former  une  
 puissante  escadre. 
 Souvent deux familles se réunissent ensemble pour  
 armer une pirogue ordinaire. Dans  ce  cas, un treillis  
 sépare l’intérieur en deux parties,  pour empêcher que  
 les  effets  et les  marchandises des deux  familles ne se  
 confondent  ensemble 5. 
 Aussitôt que ces naturels mettent  pied  à  te rre ,  ils  
 ont soin de tirer aussi leurs pirogues  sur  le rivage, et  
 quelquefois  ils  les traînent à  une distance  considéra- 
 ■  Rutherford,  d Ü r v .,  I I I ,   p  760. —   2  Cook,  prem.  V o y .,  III,  p.  a 83.  
 D’Urville,  I I ,  p.  i 5 i . _   3  Cook,  trois.  V o y .,  I ,   p.  2o3.  —   4  Cook,  prem.  
 V o y.,  I I I ,  p.  283.  Rutherford,  d’ü r v .,  III,  p.  -:6o. —  S  Savitge,  p.  6 3 . 
 DE  L ’A S T R O IA B E . 495 
 ble de la mer, pour éviter qu’elles ne soient volées par  
 leurs  ennemis. 
 Pour construire ces pirogues, ainsi  que  leurs maisons, 
   les naturels  ne pouvaient employer, avant l’arrivée  
 des Européens,  que  des  instrumens  en  pierres  
 de jad e , granit ou  basalte, taillées et emmanchées en  
 forme  de  haches,  ciseaux  et  herminettes  Il  leur  
 fallait  un  temps  et  une  patience  infinie  pour venir à  
 bout de ces  ouvrages 2. Aujourd’hui, grâce  à l’acquisition  
 du  fer,  ces  travaux  sont  devenus  bien  moins  
 pénibles  pour  eux. 
 Pour  peindre  leurs  pirogues  et  leurs  maisons  à  
 l’huile et à l’ocre, les naturels se servent d’une espèce  
 de pinceau fait  avec une touffe  de plumes 3. 
 Leurs armes principales  sont les  lances, les casse-  
 tètes  et les haches d’armes 4. Les lances  sont de toutes  
 sortes  de  formes  et  de  longueurs.  11  en  est  qui  
 ont jusqu’à  trente  pieds  de  long,  en  bois  très-dur,  
 pointues  à  une  extrémité,  avec  un  bouton  arrondi  
 à  l’autre  bout.  Quelquefois  elles  sont  garnies  d’os  
 acérés,  d’autres  fois  la  pointe  est  munie  de  fortes  
 barbes  qui  rendent  très-dangereuses  les  blessures  
 qu’elles font 5. Quelques-unes de ces lances n’ont que  
 cinq  ou  six  pieds  de  long,  et  le  bout  le plus  pesant  
 est alors  garni  d’une  espèce de masse 6.  Enfin,  il  en  
 est  de  plus  légères  que  l’on  lance  au  moyen  d’une 
 I  Crozel,  d ü r v . ,   I I I ,  p.  66.  Savage,  p.  70. —   2  Marsden,  dÜ rv .,  III,  
 p.  3 i7 ,   3 i 8 .  —   3  Nicholas,  I ,   p.  SSy. —   4  Cruise,  d Ü r v .,  I I I ,  p.  668,  
 —   5 CooÉ,  prem. V o y .,  UI,  p.  287.  Savage,  \i.  66, —  G Nicholas,  d’Urv.,  
 III,  p .   5S7. 
 .iVnnes.