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le long de la côte sur ces frêles embarcations
Les pirogues de guerre sont ordinairement'surchargées
de bas-reliefs, très-adroitement exécutés sur
l’avant et sur l’arrière et quelquefois tout le long de
leurs plats-bords 2. Les ornemens de la poupe et de
la proue sont particulièrement remarquables par la
forme et la main-d’oeuvre 3. Celui de l’avant saille en
forme d’éperon en dehors de l’embarcation, et se relève
de quatre ou cinq pieds. Celui de l’arrière a de douze
à quinze pieds de hauteur, deux de large, et un pouce
ou deux d’épaisseur. Ils sont l’un et l’autre chargés
de bas-reliefs du goût le plus bizarre, et entièrement
découpés à jour 4.
Ces pirogues sont en outre ornées de touffes de
plumes, de poils et de feuillages de diverses sortes.
Quelquefois elles sont réunies deux à deux, et une
douzaine de ces doubles pirogues peut former une
puissante escadre.
Souvent deux familles se réunissent ensemble pour
armer une pirogue ordinaire. Dans ce cas, un treillis
sépare l’intérieur en deux parties, pour empêcher que
les effets et les marchandises des deux familles ne se
confondent ensemble 5.
Aussitôt que ces naturels mettent pied à te rre , ils
ont soin de tirer aussi leurs pirogues sur le rivage, et
quelquefois ils les traînent à une distance considéra-
■ Rutherford, d Ü r v ., I I I , p 760. — 2 Cook, prem. V o y ., III, p. a 83.
D’Urville, I I , p. i 5 i . _ 3 Cook, trois. V o y ., I , p. 2o3. — 4 Cook, prem.
V o y., I I I , p. 283. Rutherford, d’ü r v ., III, p. -:6o. — S Savitge, p. 6 3 .
DE L ’A S T R O IA B E . 495
ble de la mer, pour éviter qu’elles ne soient volées par
leurs ennemis.
Pour construire ces pirogues, ainsi que leurs maisons,
les naturels ne pouvaient employer, avant l’arrivée
des Européens, que des instrumens en pierres
de jad e , granit ou basalte, taillées et emmanchées en
forme de haches, ciseaux et herminettes Il leur
fallait un temps et une patience infinie pour venir à
bout de ces ouvrages 2. Aujourd’hui, grâce à l’acquisition
du fer, ces travaux sont devenus bien moins
pénibles pour eux.
Pour peindre leurs pirogues et leurs maisons à
l’huile et à l’ocre, les naturels se servent d’une espèce
de pinceau fait avec une touffe de plumes 3.
Leurs armes principales sont les lances, les casse-
tètes et les haches d’armes 4. Les lances sont de toutes
sortes de formes et de longueurs. 11 en est qui
ont jusqu’à trente pieds de long, en bois très-dur,
pointues à une extrémité, avec un bouton arrondi
à l’autre bout. Quelquefois elles sont garnies d’os
acérés, d’autres fois la pointe est munie de fortes
barbes qui rendent très-dangereuses les blessures
qu’elles font 5. Quelques-unes de ces lances n’ont que
cinq ou six pieds de long, et le bout le plus pesant
est alors garni d’une espèce de masse 6. Enfin, il en
est de plus légères que l’on lance au moyen d’une
I Crozel, d ü r v . , I I I , p. 66. Savage, p. 70. — 2 Marsden, dÜ rv ., III,
p. 3 i7 , 3 i 8 . — 3 Nicholas, I , p. SSy. — 4 Cruise, d Ü r v ., I I I , p. 668,
— 5 CooÉ, prem. V o y ., UI, p. 287. Savage, \i. 66, — G Nicholas, d’Urv.,
III, p . 5S7.
.iVnnes.