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1826.
Janvier.
(l’eau à niarce basse. Au-delà le l'ond rcpi'cnait subitement
vingt-deux et vingt-quatre brasses et formait
un canal étroit le long de l’île. La présence de ce
banc me prouva que la passe était encore plus dangereuse
([uc je ne pensais, à approcher avec un navire
d’un aussi fort tirant d’eau qu’était le màtrc; mais
d’un autre côté je fus ravi de la découverte, en ce
que le haut - fond m’offrait un point d’appui assuré
pour les ancres à jet que je voudrais y porter.
Dès que je fus de retour à bord, j ’envoyai en effet
le grand canot mouiller une ancre à jet vers ce banc,
et il rapportait vers le bord le bout de trois aussières
dont il était muni. J ’expédiais en même temps de la
corvette la baleinière avec deux autres aussières pour
joindre à celles du canot, tandis que nous virions sur
notre ancre. Mais, par une nouvelle fatalité, au moment
même où les embarcations s’approchaient l’une
de l’au tre , le courant qui jusqu’alors avait été modéré
et nous avait permis d’exécuter les premières opérations
, le courant rentra avec violence dans la baie
Tasman, et entraîna rapidement les canots chacun
de leur coté. Toute tentative ultérieure devenait inutile
pour le moment ; ainsi nous restâmes à pic sur
notre ancre ; du bord on hala la baleinière avec ses
aussières, et je iis donner l’ordre au grand canot de
rembarquer les siennes pour se tenir à pic sur son
ancre.
A onze heures et demie, le courant régnant encore
avec la même force, et craignant que le temps de
l’étale né fût trop court pour exécuter notre mouvement,
j ’expédiai M. Lottin vers le grand canot avec
l’ordre de relever l’ancre à jet, et de mouiller plus près
de la corvette, de manière à pouvoir rapporter à bord
le bout des trois aussières. Cette manoeuvre fut exécutée
avec succès. A une heure et demie nous eûmes
le bout des aussières : la grosse ancre fut relevée, et
nous virâmes sur l’ancre à jet.
A trois heures, nous laissâmes retomber l’ancre de
poste par cinq brasses et demie, gravier et coquilles,
sur les acores du banc, et à cinq cents toises de chacune
des rives du chenal. Nous conservâmes le bout
du grelin à b o rd , et nous nous trouvâmes enfin en
position d’appareiller au premier vent favorable.
Le soir, accompagné de plusieurs officiers, j ’allai de
nouveau visiter la cote de l’île. Je voulus pénétrer dans
l’intérieur, mais les fourrés et la pente trop rapide du
terrain m’eurent bientôt rebuté. De la pointe des
Récifs, j’examinai encore attentivement la passe, et
me promis de la franchir le jour suivant, si le temps
, le permettait. En revenant à b o rd , notre canot fut
inopinément enveloppé par les tourbillons écumans
de la passe, et nous eûmes quelque peine à nous en
dégager. Toutefois, en celte occasion nous éprouvâmes
que leur aspect était encore plus effrayant que
leur effet n’était dangereux, du moins en manoeuvrant
convenablement.
Dans la journée, quelques naturels venant de la
baie de l’Amirauté s’avancèrent jusqu’aux récifs de la
passe, et communiquèrent avec nos gens, mais ils
ne voulurent point venir à bord. Lorsque nous enl
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