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même présent à son ennemi d’un fusil pour le consoler
de la mort de son père
Koro-Koro, si violent de son naturel, si passionné
pour les combats, afin de célébrer le retour de son frère
Touai dans sa patrie, suspend sa vengeance contre
deux chefs du Shouraki qui avaient tué un de ses parens
2.
Le féroce Taara, altéré de sang et de carnage, et
consommant la ruine du Boyd et de son équipage,
se souvient néanmoins des bons procédés d’un jeune
mousse à son égard ; il l’accueille et lui conserve la
vie 3,
Un chef du Shouraki avait fait prisonniers deux fils
de Pomare et deux autres personnages importans de
leur trib u , dont il avait eu beaucoup à se plaindre.
Peu de temps après, il leur rendit la liberté, et leur
fournit même une pirogue pour retourner chez eux 4.
La paix cependant ne fut point une condition de cette
faveur, ce chef savait en outre que par cette action il
allait renforcer le nombre de ses ennemis.
Touai me montra un jour un prisonnier qu’il avait
ramené d’une de ses expéditions vers les contrées méridionales
, c’était un personnage de distinction dans
sa tribu. Au lieu de le tu e r , comme il eu avait le
d ro it, Touai lui avait donné une femme et une maison
, et cet homme était en quelque sorte devenu l’agent
de Touai dans ses affaires de commerce avec les
Européens.
1 Marsden, dÜ rv ., I I I , p. 428. — 2 Marsden, d’Urv., I I I , p. 278. —
3 Nicholas, d’U rv., I I I , p. S g i. — 4 Dillon, d’ü r v ., I I I , p. 70 3 , 709.
D E L ’ASTROLABE. 401
La confiance des Zélandais dans la parole de leurs
ennemis a quelque chose de noble, et prouve qu’ils
ont une idée positive du droit des gens '. Kahoura,
chef des guerriers qui avaient tué les marins de Furneaux
, n’hésite pas à se mettre à la discrétion de
Cook , et se repose sur le pardon que ce navigateur
lui accorde 2. On voit Temarangai marcher seul,
sans crainte et sans défiance à la suite de M. Marsden,
au milieu de peuplades où il venait de porter le fer et
le feu , et qui avaient toutes sortes de motifs pour se
venger de lui 3. Les chefs de Wangaroa, coupables
du meurtre des Anglais du Boyd, osent se rendre à
l’invitation de M. Marsden et l’accompagner sur son
navire 4.
Ces insulaires aiment souvent à rire; leur esprit est
porté à la plaisanterie , et l’un de leurs plus grands
amusemens est de copier dans leurs gestes la tournure
et les manières des Européens , ce qu’ils font d’une
façon très-comique et avec un véritable talent 5.
Toutefois leur extérieur est habituellement sérieux,
grave et réfléchi ; on ne retrouve pas chez eux cette
mobilité, cette légèreté qui semblent caractériser la
plupart des sauvages des iles de l’Océanie, particulièrement
ceux de Taïti. Les Zélandais sont actifs, industrieux
6, susceptibles de constance et d’application
7. On les voit quelquefois poursuivre leurs pro-
* Cook, deux. V o y ., III, p. 35o. — 2 Cook, Irois. V o y ., I , p. 169 et
suiv, — 3 Marsden, d’Urv ., III, p. 420 et suiv. — 4 Marsden, d’ü r v .,
III, p. 154. — 5 Savage, d’U r v ., II I , p. 784. Cruise, p. i 3. ~ C Nicholas,
I I , p. 5o. — 7 Marsden, d’U rv., III, p. i 3 r.
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