¡■i, 'I)
mère devant être reléguée dans les derniers jours de
sa grossesse loin de son habitation, sous un simple
abri de branchages et de feuilles presque entièrement
exposé a la pluie j au vent et aux ardeurs du soleil ;
c ’est là naturellement que le nouveau-né vient au
monde ; c’est là qu’il doit rester encore plusieurs jours
après sa naissance exposé à toutes les intempéries de
la saison
Suivant M. Nicholas, les femmes accouchent en
plein air, devant une assemblée de personnes des deux
sexes et sans pousser un seul cri. Les assistans épient
avec attention l’instant où l’enfant arrive au monde,
et s écrient a sa vue ; Tane Tane. La mère elle-même
coupe le cordon ombilical, se lève ensuite , et reprend
ses travaux ordinaires, comme si de rien n’était 2.
Si d’une part des épreuves aussi rigoureuses doivent
emporter au moment de leur naissance plusieurs
de ces enfans, il faut convenir , d’un autre cô té ,
qu’elles doivent affermir la constitution de ceux qui
peuvent y résister, et leur donner de bonne heure
cette force de corps, cette vigueur de tempérament
et cette aptitude à endurer toutes sortes de privations,
qui leur deviendront si nécessaires par la suite dans
1 existence active et pénible à laquelle ils sont destinés.
Crozet, en voyant tous ces insulaires grands , robustes
et bien faits , soupçonnait presque que l’on ne
conservait point les enfans qui venaient au monde
■ Marsden, d ü lT . , I I I , p. i g 5. — s Nicholas, I I , p. 17 2 . Marsden,
d ü r v . , I I I , p. ig 6 .
faibles ou difformes >. Celte conjecture ne s’est point
vérifiée, et les missionnaires n’ont rien découvert qui
annonçât quelque chose de semblable dans les coutumes
du pays. Sans doute il est certaines occasions où
l’on ne se fait aucun scrupule de détruire les enfans,
surtout quand le nombre des filles dépasse le désir des
parens 2. Alors c’est la mère elle-même qui fait périr
son enfant aussitôt qu’il est né, eu appuyant fortement
son doigt sur la partie supérieure du crâne 3, à l’endroit
nomméfonlanelle. Mais cela est indépendant
de la conformation de l’enfant. Quoiqu’il en soit, les
personnes difformes et contrefaites sont fort rares à
la Nouvelle-Zélande; dans le grand nombre de ceux
que nous vîmes pendant tout le voyage de {Astrolabe,
qui peut bien se monter à deux ou trois mille,
nous n’observâmes qu’un bossu que M. Sainson a
dessiné.
Les missionnaires avaient déjà remarqué que ces Baptême,
insulaires avaient une espèce de baptême 4, et la formule
en avait même été rapportée dans le vocabulaire
dressé sur les matériaux fournis par M. Kendall.
Touai, que j ’interrogeai à ce sujet, me dit que, cinq ou
six jours après lanaissance de son fils, cette cérémonie
avait été accomplie par la mère, assistée de ses amies.
Toutes ces femmes aspergent l’enfant au front avec
une branche trempée dans de l’eau, et c’est en ce mo-
I Crozet, d ü r v . , I I I , p. 5 3 . — 2 Cndse, d ü r v . , I I I , p. 664. —
3 Revue Britannique, d’U rv ., I I I , p. 723. — 4 Nicholas, d Ü r v . , I I I ,
p. 583. D’Urviile, Ï I I , p. 682 et suiv.